Liens interdits : entre cœurs et amitié

29.

Mercredi 5 juillet 2023 – Tampa – Floride

Cela fait maintenant une semaine qu'Alec et moi passons nos moments secrets, dissimulés derrière le dos de mes frères. Il semble que nous ayons exploré chaque recoin de la maison, sans parler de son bureau. Je dois bien avouer que le voir dans son costume d'avocat impitoyable me donne chaud. Nous nous comportons comme de véritables adolescents en proie aux ardeurs de la passion, mais je dois admettre que j'apprécie chaque instant de cette clandestinité. Le summum de notre complicité réside dans ces instants où il glisse discrètement dans mon lit le soir, alors que tout le monde dort. Nous faisons de notre mieux pour rester discrets, bien que parfois, nous soyons pris dans notre propre jeu.

Devant mes frères, nos taquineries sont légères, nos fous rires intenses, renforçant la certitude que notre complicité est devenue encore plus forte qu'avant.

En revanche, derrière leur dos, nos échanges sont un véritable feu d'artifice à chaque rencontre. Les nuits se transforment en un ballet passionné, me faisant découvrir mon ami et maintenant amant sous un nouvel angle. Alec repart toujours, comme si de rien n'était, tôt le matin, retrouvant le confort de sa chambre. C'est ainsi que notre histoire se déroule, une aventure clandestine, pleine d'émotions contradictoires, entre la complicité taquine et l'intensité de nos moments volés.

Bien que la dégustation de ce péché exquis qu'est Hadès m'apporte une joie indéniable, les mots échangés avec June résonnent en boucle dans ma tête après chaque rencontre avec lui. Je ne peux plus me voiler la face : je suis incontestablement en train de tomber amoureuse de cet homme au charme envoûtant. L'ampleur de cette révélation me terrifie, car, de manière évidente, Alec n'est pas réputé pour ses engagements sérieux. Le simple fait qu'il continue de partager des moments intimes avec moi sans lassitude est déjà un exploit en soi, et je redoute de le faire fuir avec mes sentiments naissants.

Pourtant, malgré cette angoisse, je ne peux ignorer le fait que nos étreintes passionnées sont accompagnées d'une tendresse grandissante dans les moments qui suivent. Et, j'aime ça, de plus en plus. L'idée de ne jamais me libérer de ses bras devient de plus en plus attirante. L'envie irrépressible de l'embrasser, de le serrer contre moi sans aucune arrière-pensée sexuelle, se fait de plus en plus prégnante. Il occupe mes pensées de manière constante, se manifestant comme une présence indélébile dans mon esprit. En d'autres termes, je suis irrémédiablement foutue.

Après une journée à me défouler à la salle de danse pour oublier mes questionnements à ce sujet, je regagne la chaleur familière de la maison. Une surprise m'attend alors que je découvre mes frères engagés dans une discussion animée au sujet d'une fille. Fait qui n'a rien d'anormal en soi, ils parlent très souvent de leurs conquêtes, mais cette fois, je suis surprise de voir Eden tout penaud, presque stressé. La surprise s'intensifie lorsque, au détour d'une phrase, j'apprends que la fameuse fille en question est la livreuse de pizza, une jolie brune avec laquelle j'avais sympathisé lors de sa dernière livraison.

Revivant mentalement tous les moments où Eden, Ezra et Alec se moquaient de moi dans ma jeunesse, observant mon stress avant un rendez-vous souvent saboté par leurs facéties, je ne résiste pas à l'occasion de taquiner Eden à mon tour.

— Toi, Eden Nelson, tu crush sur une fille ? Est-ce qu'elle sait que tu es un véritable queutard ? Non parce que, ça me semble être une information importante à lui donner. Surtout qu'elle a l'air vraiment d'une fille bien, et toi, les filles bien, ce n'est pas vraiment ton domaine de prédilection, je me moque.

— Fermes-là Swan.

— Oh... et me priver du plaisir de te rendre, enfin la monnaie de ta pièce ? Jamais. Alors, tu comptes lui dire avant de l'inviter ou tu vas attendre qu'elle tombe sous ton charme dévastateur de bad-boy entrepreneur ? je continue.

Ezra ne peut réprimer son rire alors que mon deuxième frère semble à peine se retenir de m'adresser des insultes.

— Allez, Ed, ce n'est qu'un rendez-vous, non ?

— Ils n'ont pas de rendez-vous, il n'ose même pas l'inviter, ce con, ricane Ezra.

— Tu ne vas pas t'y mettre toi aussi ?

Un bruit de sonnette retentit à la porte, et je remarque que mon frère devient soudainement pâle.

— Attends, c'est elle ? Tu as sérieusement commandé une pizza pour lui demander de sortir avec toi ? Mais quel genre de mec fait ça ? je m'exclame en me retenant de rire.

— Et tu voulais que je fasse comment, petite maligne ? Je n'ai pas son numéro !

— Mais tu sais comment elle s'appelle, non ?

— Bien sûr, Ana.

— Oh, et tu penses qu'il y a beaucoup d'Ana qui travaillent dans cette pizzeria ? Non, parce que sinon, il y a LinkedIn, Instagram, et même pour les vieux comme toi, il y a Facebook !

Il se gratte la nuque, réalisant qu'il aurait pu trouver d'autres moyens de l'approcher. La sonnette retentit à nouveau, cette fois mon frère est vraiment agité. Ezra, lui, rit, moins, conscient que cela pourrait bien lui arriver à lui aussi s'il s'intéresse sérieusement à une fille.

— Merde... Qu'est-ce que je fais maintenant ? il demande en proie à un stress.

— Commence par respirer, frérot. Je m'en charge, je récupère son numéro, mais tu m'en devras une.

Il hoche la tête plusieurs fois alors que je me dirige vers la porte.

— Salut Swan, et voilà les pizzas, me dit-elle en me tendant les boîtes avec un petit sourire.

Je ne peux m'empêcher de remarquer qu'elle jette un coup d'œil derrière mon épaule. Apparemment, elle aussi est intéressée, mais par lequel d'entre eux, c'est une autre question.

— Je te dois combien, ma belle ?

— 33,6 $

Je compte les billets dans ma main avant de les lui tendre.

— Merci, et bon appétit à toi et tes frères !

— Merci. Avant que tu partes, on organise une soirée à la maison samedi prochain, et je me suis dit que tu pourrais venir, en tant qu'invitée cette fois. Avec toutes les pizzas que tu livres ici, tu fais quasiment partie de la famille maintenant.

Elle rit franchement. Après tout, ce n'est pas complètement faux. Pendant mon absence, mes frères ont probablement assuré à eux seuls le chiffre d'affaires annuel de la pizzeria. Tony, le patron, est d'ailleurs un ami de mes frères.

— On ne sera pas nombreux, mais Tony sera là aussi. Et puis, on avait déjà parlé du fait de se faire un truc un jour, alors...

— Eh bien, euh... oui, pourquoi pas ?

— Tu possèdes déjà mon numéro pour assurer les livraisons. Il te suffit de m'envoyer un message pour me confirmer ta venue. Et si tu pouvais me redonner ton numéro, juste pour éviter les surprises, tu sais.

Elle acquiesce et me dicte son numéro avec une timidité touchante. Elle me remercie finalement. Elle est définitivement bien loin du genre de fille qu'Eden a l'habitude de fréquenter.

De retour à l'intérieur, je repère Eden adossé au mur qui sépare l'entrée du salon. Incroyable. Je dépose les pizzas sur la terrasse et lui envoie les informations sur la demoiselle.

— Fais-en bon usage, Eden ! Ah, au fait, on doit organiser une soirée samedi prochain.

— J'ai entendu le mot soirée ? Retentis une voix rauque dans l'entrée.

Il est de retour, et mon corps réagit instantanément.

— Une soirée pour qu'Eden puisse conquérir sa dulcinée.

Alec ouvre de grands yeux tandis que mon cher frère me frappe légèrement le bras pour avoir lâché le scoop.