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Samedi 24 juin 2024 – Tampa - Floride

Aucun signe de vie. Une semaine de plus s'écoule, et Alec continue d'éviter la demeure comme si elle était infestée d'une épidémie de peste. Pour être plus précise, il me fuit, et cette fois, il n'y a aucun doute à ce sujet. Pas besoin d'être devin pour le comprendre, surtout quand on sait qu'il a choisi précisément les deux soirs où je n'étais pas présente pour faire acte de présence. Je ne m'attendais pas à moins de sa part après ses dernières paroles.

Même mes frères ont remarqué la tension entre nous. Malgré les tentatives d'Eden pour obtenir des explications, je n'avais rien de concret à lui offrir, préférant jouer la carte de l'ignorance. Dans un sens, c'était vrai. Je n'avais rien entrepris pour provoquer cette situation, si ce n'est vivre ma vie comme je l'entendais. La soirée traditionnelle du vendredi avec les jumeaux était passée sans la présence habituelle d'Alec, laissant un vide étrange dans l'air.

La semaine s'est écoulée entre les rires complices de June et les virées shopping avec Marco, ponctuée par des après-midis ensoleillées sur la plage. Quelques verres partagés avec des amis ont apporté une note légère à ces journées. Une agréable surprise s'est glissée parmi les péripéties lorsque Caleb, avec une sincérité inattendue, s'est excusé. Il avait déserté la soirée après l'intervention tumultueuse d'Eden et d'Alec en boîte de nuit, même si notre relation était jusque-là harmonieuse. Difficile de lui en vouloir ; face à ces deux tempêtes déchaînées, j'aurais peut-être fait de même à sa place.

Ce soir-là, une promesse d'aventure flotte dans l'air, tandis que June, Marco, Caleb, Luis, et quelques amis de June se joignent à moi pour une fête sur la plage. Mes cheveux retombent soigneusement en cascades, un dernier ajustement pour être à la hauteur de l'occasion. Mon short en jean, drapé sur mes hanches, laisse entrevoir la naissance du bas de mon body blanc. Des sandales plates glissent sur mes pieds, complétant ma tenue soigneusement choisie.

Eden m'appelle depuis le bas de l'escalier pour annoncer l'arrivée de June. Je m'y hâte, descendant avec une grâce feinte, et je retrouve ma meilleure amie qui, hasard ou complicité, a opté pour une tenue presque identique à la mienne, seuls les jeux de couleurs différant. Un baiser léger sur sa joue, un regard complice échangé, et je signale aux garçons notre départ imminent.

Cependant, nous nous stoppons dans le hall lorsqu'Eden annonce qu'ils se joignent à nous pour la soirée. Ma tête se tord légèrement en une grimace. L'ombre d'Alec plane à l'horizon, un rappel implicite que la présence d'Hadès signifie une surveillance renforcée.

— Aller ne déprime pas bichette, on arrivera bien à les semer !

Je n'ai aucun doute sur le fait que je vais pouvoir semer Eden et Ezra et même si je n'y arrive pas je sais pertinemment que ce dernier fera en sorte que son jumeau ne me pourrisse pas la soirée. Celui qui m'inquiète c'est Hadès. Son attitude de ces derniers jours m'a largement prouvé qu'il était pire que mon frère et que rien de l'arrêtait. La présence de Caleb et Marco va forcément ajouter de l'huile sur le feu.

Nous empruntons le chemin qui longe la plage, les guirlandes lumineuses suspendues à des poteaux en bois créent une atmosphère féerique. La foule s'anime déjà et l'effervescence est palpable. La musique latine, émanant des enceintes, se répand comme une onde sonore sur le sable, incitant les plus téméraires à se laisser emporter par une danse endiablée.

Un sourire de soulagement éclaire mon visage en constatant qu'Alec n'a pas encore fait son apparition. Peut-être aurai-je le répit nécessaire pour m'éclipser avant qu'il ne fasse son entrée remarquée. Cependant, mon espoir est rapidement balayé lorsque l'odeur saline de l'océan caresse mes narines, signalant son arrivée. Un frisson, à la fois familier et déstabilisant, parcourt mon échine. Incapable de résister, je jette un coup d'œil furtif par-dessus mon épaule.

Sa chemise de lin blanc met parfaitement en valeur ses bras musclés, et les boutons délibérément ouverts dévoilent la naissance de son torse orné de tatouages. Mon esprit, en dépit de mes ordres de rester impassible, refuse de détacher mes yeux du spectacle magnifique qu'il offre.

Je n'avais pas conscience que sa présence m'avait manqué. Cependant, je dois admettre, à contrecœur, que l'organe dans ma poitrine semble reprendre vie en le voyant devant moi, plus captivant que jamais. L'effet qu'il exerce sur moi suscite une appréhension, une attraction que je n'ai jamais ressentie, même pas pour Hayden, malgré l'amour et le désir que j'éprouvais pour lui.

— Tu vas finir par baver, ma biche, murmure June avec une taquinerie nonchalante, captant mon regard fasciné.

Je m'arrache à ma contemplation pour replonger mon regard dans celui de ma meilleure amie. Un sourire en coin éclaire son visage, un sourire complice qui semble dire clairement : « Tu es foutue, ma vieille. » Comme si je n'en étais pas déjà consciente. Je ne peux plus nier l'attraction magnétique que le brun exerce sur moi, ni les émotions envoûtantes et les sensations électrisantes qu'il suscite au plus profond de mon cœur et de mon corps.

Enfin, le moment de passer commande arrive, et comme une sœur attentionnée, je me tourne vers les jumeaux pour connaître leurs préférences. Mes yeux plongent alors dans deux émeraudes captivantes, déstabilisantes. Il me scrute un bref instant, sa lèvre inférieure coincée entre ses dents, provoquant en moi une onde tumultueuse de désir, avant de détourner son regard. OK, la colère est toujours présente. Tout comme la mienne, mais contrairement à lui, je ne peux réfréner mes élans de passion malgré la colère qui nous anime.

Il finit par passer commande sans m'accorder la moindre attention. Ambiance électrique. Après tout, s'il préfère m'ignorer, grand bien lui fasse. Peut-être que cela me permettra de profiter de ma soirée sans son intervention.

Nous nous installons à une table libre avec June, et je constate, à mon grand désarroi, que les garçons n'ont pas l'intention de s'isoler pour leur propre soirée. J'adore mes frères, mais passer du temps avec Eden, signifie inévitablement être assaillie par des recommandations incessantes du type « Swan, ne bois pas trop », « Swan, remonte ton haut », « Tu ne vas quand même pas danser avec ce type », et ainsi de suite tout au long de la soirée. Du moins, c'était comme ça à une époque, et quelque chose me dit que les choses n'ont pas beaucoup changé. Ajoutez à cela le fait qu'Alec se retrouve pile en face de moi, et ma chance s'annonce absente.

Je pressens que les jumeaux ont délibérément orchestré cette mise en scène, nous plaçant face à face. Ils sont conscients du nuage qui obscurcit notre relation, et leur esprit retors espère que cette configuration nous poussera à entamer une conversation. Eh bien, ils se trompent lourdement s'ils pensent que je vais prendre l'initiative. Je ne porte aucune responsabilité dans cette histoire, c'est lui qui entretient un problème à mon égard, non l'inverse.

Liens interdits : entre cœurs et amitiéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant