Liens interdits : entre cœurs et amitié

79.

Jeudi 27 juillet 2023 - Tampa

Un rire inconnu parvient à mes oreilles, mes muscles se crispent et la tension dans mon corps atteint des sommets. La bouche d'Eden se déforme dans un rictus moqueur tandis qu'il fixe l'entrée avec attention.

— Vous devriez apprendre à fermer votre... la voix d'Alec se meurt sans terminer sa phrase quand il pénètre dans le hall.

Toujours dos à lui, je l'entends jurer dans sa barbe tandis qu'une voix, que je peux maintenant qualifier de féminine lui demande ce qu'il se passe. Mes mains se mettent à trembler dangereusement, mon cerveau essayant par tous les moyens de repousser la douleur qui me vrille de l'intérieur. D'un geste lent, je pivote pour faire face à celui qui joue avec mon cœur depuis bien trop longtemps.

Mes yeux se fixent dans les siens, choqués et remplis d'appréhension. La culpabilité prend possession de ses traits alors que mon cœur commence à pulser fort dans ma poitrine. Je me prends toute notre histoire en pleine face, toutes nos soirées passées ensemble depuis mon enfance, tous ces mots doux et rires partagés pas plus tard qu'avant-hier, toutes ces caresses prodiguées, ses baisers passionnés échangés... La bande défile devant mes yeux sans s'arrêter, chaque image poignardant mon cœur avec vivacité, et faisant remonter le chagrin à une vitesse surhumaine.

Puis, c'est la douche froide. Mon regard glisse le long de son corps, avant de se figer sur sa main. Cette putain de main manucurée qui lui enserre le bras, à laquelle je n'ai encore prêté aucune attention.

— Je suis Lina, l'amie d'Alec, enchantée.

Incapable de détourner le regard de cette image fracassante, mon cerveau refuse d'assimiler la réalité de ce qui se dessine devant moi. Je n'entends plus rien autour de moi, mes oreilles bourdonnent et la chaleur dans mon corps est comparable à celle d'un brasier. La tête me tourne et je sens que je commence à perdre pied. Seule la voix de cette femme raisonne dans ma tête comme l'annonce de la fin du monde.

Mes iris se plantent sur son visage sans défaut. Un visage que je ne pourrais pas oublier, même si je le voulais. De longs cheveux bruns qui tombent en cascade sur ses épaules, des yeux, parfaitement maquillés, aussi noirs que l'obscurité, un corps se rapprochant de la perfection. Mon exact opposé et la même femme qui était présente sur cette photo qu'il m'a envoyée. La fameuse Lina, son plan cul, du moins tout m'indique cela.

J'aperçois du coin de l'œil Ezra qui fait son retour, mais mon esprit n'arrive pas à comprendre ce qu'il dit ni même ce qu'il se passe autour de moi. J'ai l'impression que tous se sont figés. 

Sans que je ne le contrôle, mes nerfs lâchent et mon rire emplit la pièce. On dirait une hystérique. Je n'arrive tout bonnement pas à m'arrêter. Ana me regarde avec inquiétude. Finalement le jugement dernier est peut-être bel et bien arrivé pour tous ces connards.

Je suis pliée de rire, au point que des larmes commencent à se former au coin de mes yeux. Peu à peu, je me calme, remarquant les regards perplexes autour de moi.

— Quoi ? Vous n'allez pas me faire croire que ce qu'elle vient de dire vous paraît normal ? Personne ne va relever cette absurdité ? je dis, essayant de maîtriser mon fou rire.

—Ça suffit, Swan, gronde Alec en me lançant un regard noir qui me paraît surjoué.

Oh, non mon chou, rien n'est réglé.

La fureur et la colère remplacent maintenant le chagrin et la tristesse. Mes membres tremblent de rage. L'idée de sauter à la gueule de cette conne me traverse l'esprit, mais ça serait puéril de ma part. Elle n'y est pour rien dans cette histoire, et vu le regard interloqué qu'elle me lance, elle ne sait clairement pas qui je suis. Me reconcentrant sur Alec, je lève un doigt à son attention pour l'empêcher de parler davantage.

— Tu permets, bébé, je dois me présenter à ton amie. Je reviens à toi dans deux minutes, soit patient, j'ajoute en lui lançant un clin d'œil faussement séducteur.

— Swan...

— Tut tut tut, non, Ed, toi aussi tu vas attendre ton tour ! je le coupe d'un claquement de langue.

Et pour une fois, il ne bronche pas. Je me tourne vers la petite brunette, visiblement perplexe. Mais je ne rate pas l'éclat d'incompréhension qui passe dans son regard.

— Swan, la petite sœur des jumeaux et la fille qui avait la tête de ton ami entre ses cuisses mardi soir, enchantée, je souris en lui tendant ma main.

Cette fois, elle n'a plus rien de perplexe. Son regard oscille entre Alec et moi, cherchant la vérité dans tout ça tandis qu'elle ignore ma main.

Tant pis, moi qui voulais être polie.

Ma mère s'étrangle avec son champagne tandis que mon père trouve une excuse pour quitter la pièce.

— Swan ! s'offusque Cathy.

— Quoi ? Faut bien qu'elle sache avec quel genre de type elle sort ! je rétorque mesquine.

Je peux voir la stupeur éclater dans les iris de cette fameuse Lina.

— Putain je vais le buter ! rugit Eden en s'élançant vers Alec. Tu m'as dit que tu l'avais pas touché, que tu voulais juste mettre les choses aux clairs ! Enfoiré de menteur.

Je m'interpose entre les deux hommes. Ce n'est clairement pas le moment et rien que de le voir agir de la sorte me fait sortir de mes gonds.

— Toi tu ne bouges pas, sinon c'est moi qui t'en fous une, Eden. Toute cette histoire, tout ça, tout ce qui se passe c'est uniquement à cause de toi ! je l'accuse en le repoussant. Ô, grand Eden, protecteur de mon innocence et de mon honneur ! Le plus grand égoïste que la terre ait jamais connu ! dis-je avec emphase. Tu serais prêt à sacrifier mon propre bonheur juste par obstination ! Tu ne supportes tellement pas qu'on te désobéisse que tu es allé jusqu'à poser un ultimatum à Alec ! « Vous ou moi ? » Bravo, Eden, tu dois être fier, n'est-ce pas ? Tu as réussi à me montrer, encore une fois, que face à toi, je ne suis rien !

— Il se foutait de ta gueule Swan, encore une fois ! Regarde-le, merde, il a une copine. Il s'en fout de toi ! il s'époumone en désignant le brun.

Je tourne les yeux vers Hadès, qui fixe mon frère. La peine et la rage se disputent son visage tandis que ses poings se serrent.

J'étais convaincue, cette fois, qu'il aurait choisi de se battre pour moi, pour nous, mais encore une fois je me suis trompée. Non à la place, il débarque chez mes frères avec son plan cul, histoire de bien leur prouver qu'ils ont raison ! Ah pour baiser y a du monde hein, mais pour le reste il a plus de couilles le bonhomme !

Holà, voici l'avant dernier chapitre... Je vous vois déjà en train de préparer une mise à mort pour Alec. Je sais, tout est contre lui 😶