Liens interdits : entre cœurs et amitié

74.

Mardi 25 juillet 2023 - Paris

Malgré la colère qui gronde en moi et l'envie pressante d'appeler mes frères pour exprimer ma frustration, je mets de côté cette rage à leur égard et me concentre sur l'homme perdu devant moi.

Voir Alec si peu sûr de lui, craintif, effrayé par ses propres sentiments me bouleverse comme jamais auparavant. J'ai l'impression de découvrir une nouvelle facette de sa personnalité, et mon amour pour lui ne fait que croître.

Poussée par un besoin viscéral de le réconforter, j'approche du lit avec prudence. Ce n'est que lorsque mon corps se trouve près du sien qu'il relève la tête dans ma direction.

La douleur dans ses yeux me déchire de l'intérieur. Incapable de résister plus longtemps, je me faufile entre ses jambes et glisse mes mains dans ses cheveux, attirant sa tête contre mon ventre nu. Ses bras se resserrent automatiquement autour de ma taille, me tenant fermement contre lui pendant que mes doigts caressent son cuir chevelu de manière apaisante.

Sa respiration est saccadée, tout comme la mienne, trahissant ses tourments intérieurs. Les émotions se bousculent dans ma tête et sa proximité m'embrouille totalement l'esprit.

— Tu dis que tu serais incapable de me rendre heureuse, mais c'est faux, je murmure doucement tout en continuant mes caresses. Tu l'as déjà fait par le passé. Il te suffit juste d'accepter ce que tu ressens, Alec. Je n'attends pas de toi que tu sois parfait, au contraire, c'est de l'homme arrogant, colérique, protecteur et pénible à souhait dont je suis tombée amoureuse. Ne laisses pas le jugement de mes frères te faire croire que tu n'es pas digne de moi, parce que, de mon côté, je peux te promettre que mon cœur ne veut que toi.

Ma voix se brise sur mes derniers mots tellement ils me sont douloureusement libérateurs. Quand j'inspire pour essayer de déloger le poids qui pèse sur mes épaules, le souffle d'Alec réchauffe ma peau, faisant naître une trainée de frisson sur mon épiderme. Un temps passe avant que sa prise se relâche légèrement, et que sa tête s'appuie un peu plus contre moi, comme s'il se laissait enfin aller à la douceur de l'instant présent, abandonnant un peu de cette carapace qu'il a si longtemps portée.

— Je ne suis pas une pro des relations amoureuses non plus... Mais, si tu me laisses faire, on pourrait apprendre ensemble, je tente.

— Swan... murmure-t-il d'une voix à la fois tendre et chargée d'incertitude. J'aimerais pouvoir te dire ce que tu veux entendre, mais... j'ai besoin de temps pour ça.

J'entends ses peurs et les comprends d'une certaine manière. L'amour fait peur. L'amour nous fait douter de tout, mais je crois assez en nous pour savoir que nous surmonterons ses incertitudes ensemble. Doucement, ma main sur sa joue, le forçant à rencontrer mon regard.

— Alec, nous n'avons pas besoin de tout résoudre en une seule nuit, je dis tout en caressant sa joue.

Un léger sourire se dessine sur ses lèvres tandis qu'un soupçon d'espoir commence à remplacer les tourments qui étaient présents dans ses iris jusqu'alors. Revigorée par cette étincelle nouvelle, je décide de m'installer à califourchon sur ses cuisses, mes mains s'accrochant à sa nuque.

Connectés, je rapproche mon front du sien, appréciant la proximité de nos corps. Son odeur boisée enivre, mes sens alors que sa chaleur m'enveloppe, et sans même m'en rendre compte, mes lèvres effleurent les siennes dans un baiser empreint de douceur provoquant un tourbillon d'émotion dans ma tête.

Le contact de ses lèvres contre les miennes après deux semaines de doutes, de douleur et de chagrin déclenche un véritable feu d'artifice dans mon estomac. Notre baiser devient plus passionné alors que ses mains se serrent autour de mes hanches, m'attirant encore plus près de lui.