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Mercredi 19 juillet 2023 - Paris

La photo de June apparaît sur mon écran, m'arrachant un sourire.

— Holà Bambina ! je lui lance joyeusement.

— Ouh, toi t'as bu, elle remarque tout de suite.

Je ne peux donc rien lui cacher, ma voix est-elle si évocatrice de mon état ?

— Un tout petit peu, le vin français est... divin ! Je te jure, il faut trop que je te fasse goûter ça, et le bournijon, c'est trop bon, je débite à une vitesse ahurissante.

— Oula doucement, t'as bu combien de verre de vin au juste ? Je comprends rien, c'est quoi du bournijon ? Non en fait, je m'en fous, dis-moi plutôt qui est le mec trop canon sur ta photo Instagram.

Je rigole seule tandis que je rentre dans mon appartement et m'affale sur le canapé.

— C'est Noah, un danseur que j'ai rencontré sur les Champs-Élysées, mais je t'en ai déjà parlé, non ?

— Possible, mais si c'est le cas, tu as oublié de me mentionner qu'il était ultra bandant ! Alors, vous avez...

— Non, je te vois venir petite perverse ! Il m'a simplement fait visiter Paris et ses monuments célèbres, je la coupe.

— Ah, parce que le sex-shop c'est un monument célèbre maintenant ? elle glousse comme une dinde.

Je la rejoins, et nous voilà dans une basse-cour.

— T'es conne, il ne s'est rien passé. Toute façon..., je commence en retrouvant mon sérieux.

— Quoi ? Il a une copine ? Je n'espère pas, parce que clairement moi à sa place je l'aurais déjà émasculé ! elle s'insurge.

— Hein ? Mais non, il n'a pas de copine, enfin, je crois.

Il est vrai que je ne lui ai pas vraiment posé la question, tout comme il ne m'a pas demandé non plus.

— Alors c'est quoi le souci ? Je te jure que si tu me parles de ce connard d'Hadès, je te fais enfermer Swan !

— Bien alors je ne t'en parlerais pas, je rétorque vexée.

Je l'entends clairement souffler d'agacement à l'autre bout de la terre.

— Sérieux Swan... elle soupire. Je comprends que tu sois amoureuse de lui et que les sentiments ça ne disparait en un claquement de doigt, je le sais. Mais, pour une fois tu ne veux pas essayer de l'oublier et de vivre ta vie ? Il t'a fait du mal, il ne te mérite pas ma biche ! elle tente de me raisonner.

Merci pour ces déclarations, j'étais déjà au courant, mais qu'est-ce que je peux y faire si dès qu'un mec s'approche de moi, mon cerveau ne peut s'empêcher de le comparer à lui ?

— Je te jure que j'essaie, mais Ezra m'a appelé pour me dire qu'Alec avait retourné son appartement après notre conversation, d'ailleurs je n'ai pas eu de nouvelle depuis.

— Pardon ? Il t'a appelé ?

— Oui il m'a appelé mardi soir..., j'avoue coupable.

— Pourquoi ?

Ma joie est retombée et je suis maintenant en train de maltraiter le coussin se trouvant à côté de moi. J'explique brièvement l'échange, enfin plutôt la dispute, que j'ai eue avec Alec. Évidemment elle ne se gêne pas pour le traiter de tous les noms, ce qui a au moins le mérite de me faire sourire.

—Tu veux que je te dise ? Ce type est toxique ! Il veut juste t'avoir sous la main pour s'assurer que tu resteras dingue de lui et que tu n'iras pas voir ailleurs, mais il ne te donnera jamais ce que tu veux. C'est un putain d'égoïste, et tu mérites beaucoup mieux que ça !

Je prends les paroles de June en pleine figure. Mes yeux me piquent. Parce que, au fond de moi, je sais qu'elle a raison. Il a beau avoir réduit mon cœur en miette, une partie de moi espère toujours qu'il se rende compte de son attachement pour moi, qu'il se décide enfin, mais la réalité est que s'il tenait vraiment à moi, il n'aurait pas permis que je m'en aille aussi facilement.

— Désolée ma biche, je sais que c'est dur à accepter, mais je ne veux pas que tu passes à côté de ta vie pour lui, elle me dit avec douceur. Tu vas déménager à Paris à la rentrée, tu n'as rien à perdre à tenter le coup avec ce Noah.

— Tu parles de mon déménagement alors que je n'ai même pas encore pris ma décision, je lui fais remarquer.

— Swan, on sait pertinemment que ce qui te retenait de partir jusque-là portait le nom d'Alec, elle souffle.

Une fois de plus, elle tape dans le mille. C'est agaçant à quel point elle peut avoir raison, cette fille ! Je laisse échapper un soupir, et elle, elle commence à glousser.

La conversation dérive ensuite sur un autre sujet, et elle commence à me parler de son nouveau boulot, celui pour lequel elle a tant bataillé pour obtenir le poste. Vous savez, le type arrogant qu'elle avait mentionné ? Bingo, c'est bien son patron. Selon June, il est grand, environ 1m90, bien bâti, avec une gueule d'ange et un sourire qui fait craquer, mais tout son charme s'envole dès qu'il prend la parole. Prétentieux, suffisant, colérique et capricieux, son caractère laisse franchement à désirer.

Je commence à penser que June le trouve malgré tout attirant, au moins sur le plan physique, c'est assez évident quand elle mentionne trois fois de suite à quel point il a un beau cul. Néanmoins, je la préviens que les flirts entre patron et employée ne finissent bien que dans les romances qu'elle affectionne tant.

Épuisée, je finis par raccrocher. Je me démaquille, enfile mon pyjama, puis me glisse sous la couette. Après plusieurs minutes d'hésitation, j'envoie finalement un message à Noah.

À : Noah
Encore merci pour aujourd'hui. J'espère que tout va bien pour ton frère et que ta fin de soirée se passe bien. Have a sweet dreams 😘.

Il ne répond pas immédiatement, et je finis par m'endormir, l'esprit encore un peu embrouillé par cette soirée.

Liens interdits : entre cœurs et amitiéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant