Liens interdits : entre cœurs et amitié

52.

Mardi 18 juillet 2023 - Paris

Je m'apprête à mettre fin à la communication quand il reprend la parole.

— T'as couché avec ce mec ? il fulmine clairement.

Je pourrais presque voir son visage crispé devant moi.

— On a juste été boire un verre. On ne saute pas tous sur tout ce qui bouge, je réponds blasée.

— Bien sûr. Oh Swan la sainte, tu vas me faire croire que l'idée ne t'a pas traversé l'esprit ?

— Oh, mais je n'ai jamais dit ça Alec, je le provoque. Je peux même te confirmer que j'ai pensé à toutes les positions possibles dans lesquelles il pouvait me prendre.

Moi, qui m'étais promis de ne pas céder à ses provocations et de raccrocher, me voilà en train de délibérément chercher la merde. Un bruit assourdissant résonne à travers le téléphone, et je suis presque certaine qu'il a brisé quelque chose.

— T'es... t'es vraiment une salope !

Fort heureusement, mon cœur est déjà en lambeaux. La colère bouillonne dans mes veines.

— Venant de toi qui est pire qu'une pute ? Je vais le prendre comme un compliment, je riposte avec véhémence.

— Je te jure, Swan, tu n'as pas intérêt à revoir ce type. Sinon, non seulement, je viens lui péter la gueule, mais en plus, tu m'oublies.

Cette fois, j'éclate carrément de rire. Est-il devenu amnésique ? Le chauffeur Uber me regarde comme si j'étais une folle sortie d'asile. Heureusement, je ne pense pas qu'il comprenne ce que je dis.

—T'oublier ? Mais dans quelle dimension tu vis, Alec ? Je ne demande que ça, t'oublier. Je t'ai clairement demandé de sortir de ma vie ! Pourquoi je voudrais garder un lâche, handicapé des sentiments, phobique de l'engagement comme toi ? je m'indigne. Tu veux que je te dise ? Tomber amoureuse de toi a surement été ma pire erreur. Alors je t'en prie Alec, dégage de ma vie, je ne te retiendrai pas.

Je l'entends prononcer mon prénom une dernière fois avant de raccrocher. J'essuie la larme solitaire qui coule sur ma joue. Même à 4500 miles de moi, il arrive à m'atteindre. Le conducteur, probablement mal à l'aise, évite mon regard.

Mon téléphone ne cesse de vibrer durant les vingt minutes restantes de trajet. Ce n'est que quand je m'effondre sur le canapé qu'il redevient enfin silencieux. L'écran m'indique plusieurs messages vocaux et une dizaine de SMS. Je les ignore et me contente d'envoyer un bref message à Noah, pour lui indiquer que je suis bien rentrée.

Ma tête touche à peine l'oreiller du lit qu'Ezra m'appelle à son tour.

La soirée ne se terminera donc jamais ?

— Ezra, on s'est parlé il y a trois heures, je vais bien, je ris légèrement.

— Il s'est passé quoi avec Alec ? me demande-t-il sans préambule.

Je reste, un instant, abasourdi par sa question. Parle-t-il de notre brève relation ? Enfin, peut-on vraiment appeler ça une relation ?

— Je... je ne comprends pas ta question, Ezra, je commence.

— Son concierge vient de m'appeler, il a retourné tout son appartement, me coupe-t-il froidement.

— Quel rapport avec moi ? Et pourquoi son concierge t'appellerait toi ? tenté-je une diversion.

— Je suis son contact d'urgence, mais ne change pas de sujet ! Il n'y a que quand c'est en rapport avec toi qu'il pète autant les plombs. Alors, dis-moi ce qui s'est passé bordel ! il hausse le ton.

Je suis partagée entre le rire et les larmes face à l'absurdité de la situation. Est-ce qu'ils ont tous décidé de me mettre les nerfs à vif ce soir ? Remontée, je me lève et parcours la pièce de long en large.

— Il m'a appelé, on s'est engueulé, je lui ai demandé, à nouveau, de dégager de ma vie, fin de l'histoire, j'explique.

Ezra soupire bruyamment.

— T'as forcément dû lui dire autre chose pour qu'il pète les plombs à ce point ! il insiste encore.

— Non Ezra, ce n'est pas de ma faute si c'est un putain de psychopathe du contrôle incapable de gérer ses émotions ! je m'énerve contre mon frère.

— Fais chier ! Je te laisse, Eden arrive, on se rappelle, il me lance avant de raccrocher.

Je suis... Je n'ai même plus de mots pour décrire mon état émotionnel actuel. Ce type a la capacité de m'emplir d'amour, de joie, d'excitation, et j'en passe, mais il a aussi le pouvoir de me vider de toute émotion, ne laissant derrière lui qu'une coquille vide.

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Mercredi 19 juillet 2023 - Paris

Ce matin, mon visage fatigué témoigne clairement de la nuit agitée que j'ai passée. Heureusement, les messages de Noah parviennent à me redonner un léger sourire alors que je savoure deux expressos bien corsés.

De : Noah
Prête à tomber amoureuse de Paris ? 😃

À : Noah
Je croyais que ton objectif était que je sois dingue de toi pas de Paris 😉

De : Noah
Oh, mais l'un n'empêche pas l'autre Miss America 😜 je vais t'emmener dans les endroits les plus romantiques de Paris 😘.

À : Noah
Qui te dit que je suis du genre romantique ? 🧐

De : Noah
Et bien je pourrais toujours t'emmener à Pigalle visiter le plus grand Sex-shop d'Île-de-France si tu préfères 😏

Je laisse échapper un éclat de rire en lisant son message. Je lui réponds que j'ai hâte de découvrir cela, et il m'informe qu'il doit retourner au travail. Je me dépêche de me préparer, sachant que j'ai deux visites d'appartements prévues ce matin.

Le premier appartement, situé à Levallois, se trouve dans un immeuble typique de la région, avec sa façade haussmannienne. La pièce principale, bien éclairée par de grandes fenêtres, offre une vue sur la rue animée en contrebas. Cependant, il semble un peu exigu. De plus, il est situé au cinquième étage sans ascenseur, ce qui serait clairement un inconvénient pour moi. Je décline donc poliment l'offre.

Le second appartement est à Clichy, juste à côté de L'Oréal, ce qui est, avouons-le, un gros plus. En entrant dans l'immeuble, je suis immédiatement séduite par le hall lumineux et moderne. L'ascenseur fonctionnel me mène au quatrième étage. En ouvrant la porte, je suis accueillie par une atmosphère chaleureuse. La pièce est spacieuse et bien agencée, avec de grandes fenêtres laissant entrer la lumière naturelle. La cuisine est moderne, équipée de tous les appareils nécessaires, et le salon offre suffisamment d'espace pour se détendre confortablement. La chambre est également de bonne taille. Après une visite rapide, je suis convaincue que cet appartement pourrait être un chez-moi idéal. Je prends les papiers nécessaires pour la constitution du dossier et quitte les lieux.

Une fois dehors, je décide d'explorer un peu le quartier, désireuse de me faire une idée de ce que pourrait être ma vie ici. Absorbée par ma découverte, je perds la notion du temps, me mettant ainsi en retard pour rejoindre Noah.

Il m'attend assis dans un petit parc, se redressant immédiatement à ma vue. Il semble avoir troqué son jogging pour un jean qui met parfaitement en valeur son postérieur.

Oui, les femmes aussi apprécient ce genre de détail.

Il vient à ma rencontre et me fait la bise, comme on dit en France.

— Tu es resplendissante, America, comme à chaque fois, me complimente-t-il sincèrement.

— Tu n'es pas mal non plus, le Frenchie, je lui retourne avec un clin d'œil.

— Prête ?

Je hoche vivement la tête, et nous voilà partis à travers les rues animées de la capitale.