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Mardi 25 juillet 2023 - Paris

Comme indiqué par Alec, mon téléphone sonne, la tête d'Ezra en gros plan.

— Salut, Ez, qu'est-ce qui se passe ? je demande, trouvant étrange qu'il insiste pour m'appeler à peine réveillé.

— T'as eu des nouvelles d'Alec ? il demande paniqué. On devait manger ensemble dimanche pour s'expliquer, mais il ne s'est pas pointé, il n'est pas chez lui, il ne répond pas à son téléphone et sa secrétaire m'a dit qu'il avait pris des vacances de dernière minute, il enchaîne sans me laisser parler.

— Oui, j'ai eu de ses nouvelles, ne t'inquiètes pas, il va bien, je dis en sortant de la chambre.

J'entends le soupir de soulagement de mon frère alors que je m'arrête net devant la scène lunaire qui se déroule devant moi. Alec, ciseaux en main, s'apprête à mettre en lambeaux le tee-shirt d'Hayden.

— Mais pas pour longtemps, j'ajoute à l'attention de mon frère.

Alec tourne la tête vers moi, alors que je le fusille du regard, prête à le tuer.

— Mais t'es complètement taré, ma parole ! On t'a vraiment bercé trop près du mur, mon pauvre garçon. Repose ce putain de ciseau avant que je t'apprenne à voler comme un pigeon à travers la fenêtre ! je hurle.

— Quoi, mais... il est avec toi à Paris ? tonne Ezra dans le téléphone totalement pris au dépourvu.

— Oh oui, et il va même mourir à Paris si tu veux tout savoir, je vais laisser son cadavre se faire dévorer par les rats, je déclare sérieusement en m'approchant rapidement du brun devant moi.

Voir que le diable rigole face à mes menaces me rend d'autant plus furieuse.

— Je te jure arrête de rire parce que je vais te faire avaler tes dents, Alec ! je le menace en lui arrachant le tee-shirt des mains.

— Mais qu'est-ce qu'il fait là ? me questionne Ezra à travers le combiné.

— Il me pourrit la vie, voilà ce qu'il fait là ! je réponds avec véhémence.

J'entends clairement le rire dans la voix de mon frère quand il me dit de me calmer. Il ne va pas s'y mettre lui aussi, il n'était pas censé être en colère contre lui ?

— C'est Ezra ? me demande le débile devant moi.

— Non, ta mère, je riposte.

— Ah, ça ne risque pas, elle est morte Swan, il me sort nonchalamment.

Mes yeux s'ouvrent de stupeur. Quand est-ce arrivé ? Comment ? Pourquoi ne suis-je pas au courant ? Je savais qu'ils ne se parlaient plus et qu'il ne l'avait pas vue depuis la condamnation de son frère, mais je ne savais pas qu'elle était décédée. J'entends mon frère éclater de rire au téléphone.

— C'est bon, je plaisante, détend toi. Elle est surement en train de faire la pute pour payer sa dose, il rit à son tour.

Ma stupeur se transforme à nouveau en colère. Je le frappe.

— Vachement drôle, bouffon ! je l'insulte.

— T'aurais vu ta tête, il se bidonne comme une baleine.

Mon frère ricane encore, en colère, je balance mon téléphone à la tronche d'Alec, qui, heureusement, le rattrape sans mal.

— Bidonnez-vous ensemble et lâchez-moi, bande d'idiots, je me renfrogne.

Je vais me parfumer et mettre mes boucles d'oreilles le temps que les deux hommes se parlent.

— Tu peux me rendre mon téléphone ? Je dois y aller, je tends la main vers Alec. Il n'a qu'à t'appeler sur le tien.

Hadès me fixe un instant avant de dire à Ezra qu'il le rappellera plus tard. J'attrape le téléphone qu'il me tend, mais il me retient lorsque j'essaie de partir.

— Tu vas où ? il m'interroge, tendu. C'est quoi ce rendez-vous si important ? sa voix devient plus froide.

Mon côté peste a très envie de confirmer ses craintes et de lui répondre que je vais me faire sauter par mon français, mais cela serait puéril et débile. Sans compter que je risquerais de me retrouver enfermée dans mon propre appartement avec le diable comme geôlier.

— J'ai une visite pour un appartement, j'annonce.

Ses sourcils se froncent d'incompréhension, n'étant pas au courant de l'offre de L'Oréal et de mon projet potentiel de déménager à Paris. Peu encline à répondre à ses interrogations silencieuses, j'arrache mon bras de sa poigne et fais volte-face.

Bien sûr, cela aurait été trop beau qu'il me laisse partir simplement.

— Comment ça, une visite d'appartement ?

— Une visite d'appartement, Alec, comme aller dans un logement inhabité pour voir si je pourrais potentiellement m'y plaire pour vivre, je réponds sarcastique évitant clairement le sujet.

J'ouvre la porte d'entrée, prête à partir, mais celle-ci se referme brutalement sous le poids d'Alec qui s'appuie désormais contre. Je lève les yeux au ciel. Étant vraiment en retard, je prends sur moi pour ne pas l'incendier.

— Je t'expliquerais tout quand je rentre, mais là, il faut vraiment que j'y aille, je suis déjà en retard, je l'informe calmement.

Surpris par la douceur de ma voix, et visiblement satisfait de ma réponse, il se décale.

— Et moi je fais quoi pendant ce temps ? il demande comme un enfant qu'on abandonne à son ennui.

— Je n'en sais rien, tu as qu'à réserver ton billet de retour ou chercher une chambre d'hôtel en attendant. Il y a un double des clés sur le meuble.

Il se renfrogne immédiatement. Mais, en même temps, il n'avait tout de même pas pensé à rester dormir ici indéfiniment, n'est-ce pas ?

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La visite a été rapide, seulement cinq minutes, l'appartement ne correspondant clairement pas aux photos de l'annonce. Déçue, et pas encore prête à affronter Alec en rentrant, j'ai décidé d'aller manger un petit truc tout en me promenant dans Paris et de faire un peu de shopping avant d'appeler June.

Je pense qu'elle a failli me percer les tympans avec le cri strident qu'elle a poussé quand je lui ai révélé qui avait débarqué en pleine nuit, soulevant une question légitime, comment a-t-il eu mon adresse ?

Après un échange prolongé sur la situation, nous avons convenu qu'il était grand temps pour Alec et moi d'avoir une conversation adulte. Une discussion exempte d'insultes, de cris et de larmes. Je ne sais pas si c'est réalisable, mais je suis déterminée à essayer. Je ne peux plus rester dans cette situation. Il est temps de mettre un terme à cette histoire pour que je puisse tourner définitivement la page et laisser derrière moi l'amour que je lui porte.

C'est avec cette intention en tête que je rentre chez moi vers dix-neuf heures. La surprise qui m'attend lorsque j'entre dans la pièce est si grande que j'en laisse tomber mes sacs.

La pièce est parfaitement rangée, et paraît plus propre qu'à mon départ. Un son d'Ed Sheeran résonne en fond tandis qu'une délicieuse odeur d'épices flotte dans l'air, faisant grogner mon estomac. La table est dressée pour deux et Alec se tient devant la plaque à induction, en train de remuer la mixture parfumée.

Depuis quand s'est-il transformé en fée du logis ?

— C'est quoi tout ça ? je demande perplexe.

Il semble enfin remarquer ma présence, se tournant vers moi.

— Fallait bien que je m'occupe, il se gratte la tête, gêné.

Je hoche la tête, ne sachant pas quoi répondre.

— Euh... je vais ranger tout ça, je l'informe en désignant mes sachets de shopping.

Il acquiesce tandis que je disparais dans la chambre. Je suis sur le cul. Il n'y a pas d'autre mot pour décrire mon état. 

Holà ! Alec en mode romantique ? On en pense quoi ?

Liens interdits : entre cœurs et amitiéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant