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Jeudi 27 juillet 2023 - Tampa

— Qu'est-ce qui passe ? Swan ? Qu'est-ce que tu fais ici ? T'étais censée rentrer dimanche, demande Eden en s'avançant dans notre direction sa main dans celle de sa brune.

Mon regard le gèlerait sur place si j'en avais la capacité. Ezra est peut-être le premier à qui je vais faire sa fête, mais je n'ai pas oublié le rôle qu'a joué Eden dans le chao qu'est ma vie actuellement. Je finis par l'ignorer et me retourne vers ma première cible.

— Swan, laisse-nous au moins une chance de nous expliquer, c'est sérieux... commence June en arrivant derrière mon frère.

L'entente du mot « nous » et sa main qui se pose affectueusement sur l'épaule d'Ezra suffisent à me faire vriller et un ricanement mauvais sort de mes lèvres.

— Sérieux ? Alors quoi ? Tu vas me dire que t'es amoureuse de lui et que c'est réciproque ? je secoue la tête toujours en ricanant.

— Exactement, Swan ! affirme Ezra avec assurance. Tu devrais être heureuse pour...

Non, mais c'est une putain de blague?

— Heureuse pour vous ? glapis-je froidement en le coupant. Je rêve ! À mon tour de t'expliquer le fond de ma pensée, Ez !

Les poings crispés le long de mon corps, je m'avance d'un pas vers eux.

— T'es un putain d'hypocrite. Non seulement tu te tapes June dans mon dos, alors que jamais je ne me serais immiscée dans votre histoire si tu m'en avais parlé, mais en plus tu le fais après avoir osé t'interposer entre moi et ton meilleur pote ? Pour quelle raison déjà ? Ah oui, Alec est un énorme queutard incapable de se poser. Tu ne trouves pas ça ironique ? je l'interpelle.

Eden comprend rapidement la situation et je peux l'entendre jurer entre ses dents.

— Ce n'est pas le moment pour ça, papa et maman sont là, Swan, il me reproche.

Mon sang ne fait qu'un tour, et déjà, j'explose.

— Je n'en ai strictement rien à foutre qu'ils soient là ou pas, Eden ! Si encore une fois tu n'avais pas agi comme un putain d'égoïste, on n'en serait pas là ! je crie en le poussant. Quant à toi Ezra, tu te permets de juger ton meilleur ami, de nous empêcher d'être ensemble pendant je ne sais combien d'années, parce que selon toi, il n'est pas assez bien pour moi, mais, TOI, qui nique tout ce qui bouge tout autant que lui, tu me sors que t'es amoureux de June, et que c'est du sérieux ? je rigole d'un rire sardonique. Tu lui as dit que c'était une pauvre conne naïve si elle pensait pouvoir t'empêcher d'aller baiser ailleurs ?

— Swan, ça suffit maintenant ! intervient ma mère d'une voix haute perchée et qui daigne me parler pour la première fois.

Évidemment, comme dans n'importe quelle situation, elle défendra toujours ses précieux garçons, celle-là. Retournant ma haine contre elle, je la toise du regard, ignorant le pincement au cœur que je ressens à cette constatation.

— Regarde là, ta merveilleuse maman qui te défendra toujours alors qu'elle ne connaît même pas un centième de la vérité ! Vous voulez que j'arrête ? Bien ! Soyez heureux, Ez, penses simplement à l'informer que t'as fait un plan à trois avec ses cousines y a à peine un mois.

Mes mots sont acérés, et je constate, avec satisfaction, que j'ai touchée juste quand je vois le visage de June se décomposer et celui de mon frère se marquer de culpabilité et de colère. Bien que ça me blesse de causer de la peine à ma meilleure amie, dans l'instant, c'est le cadet de mes préoccupations.

— Oh non ! Vous étiez déjà en train de fricoter à ce moment-là ? Vraiment navrée, je ne savais pas, j'ajoute, mesquine.

Je ressens un bref sentiment de culpabilité quand je vois June se précipiter à l'extérieur de la maison.

— T'es vraiment une salope, m'insulte mon frère en se lançant à sa poursuite.

Je touche mon cœur feignant d'être vexée. Je pense qu'entre lui et Alec, j'ai bien compris.

— Swan ! Je viens de te dire de cesser tes enfantillages ! tonne de nouveau ma mère en m'attrapant le bras violemment tandis que mon père reste en retrait.

— Si tu savais comment je m'en tape de ce que tu peux me dire, maman ! je siffle entre mes dents en repoussant sa main. Je commencerais à t'écouter, le jour où tu seras une vraie mère pour moi. Oh ! Mais scoop, ça n'arrivera jamais ! je renchéris en reculant.

— C'est quoi ton problème ? Tu parles autrement à maman et vas t'excuser auprès d'Ezra et arranger les choses ! vocifère Eden en se rapprochant de moi, délaissant sa dulcinée qui me regarde les yeux écarquillés.

Bienvenue dans la famille, ma belle.

Il n'est pas sérieux ? Mon cœur bat tellement vite que je me demande s'il va tenir le coup. Il n'est qu'à quelques centimètres de moi, ses yeux sont noirs de colère.

— Elle m'a peut-être mise au monde, mais elle n'a jamais été ma mère ! lui grogné-je. Tout comme Rob n'a été que le sperme qui a permis ma naissance ! Si Ezra ou toi, vous les appelez, ils rappliquent tout de suite ! Mais moi ? Putain ! Ils ne voulaient pas de moi, et c'est toujours le cas ! Tu trouves ça normal que c'est la première fois que je les vois en trois putains d'années ?

Du coin de l'œil, j'aperçois ma mère ouvrir la bouche pour intervenir, mais je ne lui en laisse pas l'occasion. Je ne veux pas savoir ce qu'elle a à dire, ses explications ne m'intéressent pas. Tout ce qui pourrait sortir de sa bouche ne fera qu'empirer la situation, je le sais.

— Ah, si ! soufflé-je théâtralement en me frappant le front de la paume. Cathy m'a appelé pour me demander de lui envoyer une robe. J'avais oublié, MEA CULPA ! J'étais en pleure à cause de cette putain d'histoire avec Alec, et la seule chose dont elle m'a parlé c'est de son régime et de sa foutue robe rouge ! UNE PUTAIN DE ROBE EDEN ! je hurle cette fois. Ouvre les yeux, je n'ai jamais eu de parents et ce n'est pas près de changer, regarde-les à me dévisager sans même essayer de se défendre ? De me prouver que j'ai tort ? Non à la place de ça, c'est moi qui passe pour la salope de service alors que vous êtes tous des putains d'égoïstes hypocrites !

Je sens clairement les larmes me monter aux yeux. Ma respiration est saccadée après ma tirade, mais je ne suis pas prête à m'arrêter, tout comme je ne leur ferais pas le plaisir de pleurer. Dressée au milieu d'eux me dévisageant comme si j'étais devenue folle, je sature. Toute cette situation n'a que trop duré, et mon point de non-retour vient de s'enclencher.

— Quant à ton cher jumeau, je ne vais certainement pas aller m'excuser d'avoir dit la vérité ! C'est un putain d'hypocrite et il a bien baisé ses cousines, je ne vais pas le laisser briser ma meilleure amie ! Après tout, tu devrais comprendre ça plus que quiconque, Ed ! T'as empêché ton meilleur pote de m'approcher pendant plus de cinq ans pour me protéger, non ? je proteste les poings serrés.

— Arrête ça tout de suite, Swan. Tu n'es pas en colère contre nous, mais contre lui, alors cesse de faire ta pétasse, il m'ordonne tout bas.

Prêt à en découdre, mes pupilles se braquent sur lui, mais je me fige sur place quand la voix rauque, qui murmurait encore des mots séducteurs à mon oreille avant-hier, résonne depuis le devant de la maison.

Le début de la fin mes amis...

Liens interdits : entre cœurs et amitiéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant