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Mardi 25 juillet 2023 - Paris

Lorsque je retourne dans le salon, Alec est assis à la table. Deux verres de vin sont remplis et posés devant lui, il ne manque plus que la rose dans un vase et je pourrais penser que c'est un dîner aux chandelles. Je me racle la gorge, clairement mal à l'aise, tandis qu'il relève la tête vers moi.

Je m'assois en face de lui, ne sachant manifestement pas quoi dire. Il semble être dans la même situation de son côté, et le silence devient rapidement pesant.

— Les deux sont pour toi ? Le vin, je précise en souriant.

— Oh, euh, non ! Tiens, il me dit en me tendant le verre en question.

Je le remercie, intérieurement amusée de le voir si mal à l'aise. C'est la première fois que je le vois dans cet état, et malheureusement pour moi, cela me touche profondément, renforçant encore davantage mes sentiments pour lui. Il dépose nos assiettes et l'odeur qui s'en dégage me donne l'eau à la bouche.

Cependant, il est temps qu'on s'explique.

— Faut qu'on parle, Alec, sérieusement, je lâche sans préambule. Et surtout sans se hurler dessus parce que ça ne nous mène à rien.

Il s'apprête à parler, mais je le coupe.

— Pour commencer, si je suis venue en France, ce n'était pas pour ne plus te voir comme je l'ai dit. Enfin, un peu, mais pas que... J'ai reçu une offre de la part de L'Oréal et le poste se trouve ici, à Paris. Je suis venue pour passer un entretien, qui s'est très bien déroulé, d'où la visite d'appartement, j'explique doucement.

Son visage s'est crispé. Je peux déjà voir toutes les protestations se former dans sa tête.

— Donc tu vas accepter cette offre ? il finit par me demander après un moment.

— Je ne sais pas encore, surement, j'avoue tout bas.

— Mais tu ne peux pas faire ça ! C'est pour ton français, c'est ça ? il commence à élever la voix

Je le lui lance un regard sévère et son ton baisse aussitôt.

— Non, ça n'a rien à voir avec Noah, je crève l'abcès.

— Alors pourquoi tu veux partir ? Tes frères t'ont proposé un post !

— Parce que c'est une superbe opportunité, que je ne souhaite pas dépendre de mes frères et aussi parce que... ma voix se meurt dans ma gorge.

Je sais que c'est le moment d'aborder le sujet principal, mais l'appréhension me serre l'estomac. Je suis consciente qu'il y a de fortes chances que je finisse cette soirée complètement effondrée.

— Parce que quoi Swan ? il m'incite à parler avec une surprenante douceur, posant sa main sur la mienne.

— Parce que je ne peux pas rester près de toi Alec...ça fait trop mal, je confesse en baissant les yeux sur mon plat. Je ne supporterais pas de te voir vivre ta vie, sortir avec quelqu'un d'autre, alors que je t'aime à en crever, ça me détruirait totalement.

Voilà, c'est dit. Mon cœur menace de sortir ma poitrine et je n'ose pas lever les yeux vers les siens. J'ai trop peur de ce que je peux y voir.

— Pourquoi ? Pourquoi tu t'accroches à moi comme ça, Swan ? Comment tu peux encore dire que tu m'aimes avec tout ce qui s'est passé...il murmure si bas que j'ai du mal à l'entendre.

Cette fois mon regard se plonge dans le sien. La peur, l'appréhension et je ne sais quelle autre émotion se reflètent dans ses iris.

— Je n'en sais rien, Alec, tout ce que je peux te dire c'est que c'est toi, ça a toujours été toi, qu'importe ce que j'ai pu faire pour changer ça, je t'ai dans la peau.

Il déglutit difficilement. Aucun de nous deux n'a touché à son assiette. Cette fois c'est lui qui avale son verre d'une traite.

— Donc, tu ne ressens rien pour ce mec, Noah ?

— Non, je l'apprécie, mais ça n'a rien à voir avec ce que je ressens pour toi, je lui assure.

— Mais tu as couché avec, Swan ! il s'exclame retenant sa colère.

— Oui, c'est vrai, je l'avoue. J'ai couché avec lui après avoir reçu la photo de cette fille sur ton lit. J'étais en colère, blessée et j'ai voulu tenter de t'effacer de mes pensées avec lui.

Je vois bien qu'il bout à l'intérieur de lui et qu'il a du mal à se contenir.

— Tu peux m'en vouloir pour ça, mais ne rejette pas toute la faute sur moi, Alec ! Je n'aurais jamais fait ça si tu ne m'avais pas blessée en premier lieu. C'est bien toi qui m'as envoyé cette photo, pour me prouver que je n'étais rien pour toi, je me défends calmement.

— Mais tu sais que c'est faux ! Je n'ai pas couché avec elle, pour tout te dire, cette photo date d'avant ton retour et je n'ai touché aucune fille depuis toi ! Il n'y a rien entre Lina et moi ! Bien sûr que tu comptes pour moi, Swan, sinon qu'est-ce que je foutrais ici ? il s'énerve.

Cette fois il ne se retient pas de crier, laissant sortir sa colère et sa frustration. Je me suis promis que cette discussion ne finirait pas en dispute et je compte bien m'y tenir.

— Et comment je pourrais le savoir, Alec ? Tu souffles le chaud et le froid en permanence. Un jour tu me traites et le lendemain tu me dis que je compte pour toi. Tu as agi comme si j'étais qu'une simple conquête sans lendemain, tu as fui quand je t'ai dit que je t'aimais, et après tu me fais des crises de jalousie, allant jusqu'à venir ici pour... pour quoi d'ailleurs ? je m'indigne. Je te suis plus, Alec, je ne comprends pas tes réactions.

Il est maintenant debout à faire les cent pas dans la pièce.

— Je n'ai jamais dit que tu étais une simple conquête sans lendemain ! il réfute.

— Tu n'as pas eu besoin le dire, ton silence face aux accusations de mes frères, ton regard, l'ont dit pour toi. Oses me dire que, tu ne comptais pas m'éviter après cette soirée ?

Il ne dit rien, se contentant de fuir mon regard et de maltraiter ses cheveux. Au moins, il ne ment pas.

— C'est bien ce que je pensais. Tu m'en veux d'avoir couché avec lui, mais tu t'attendais à quoi en m'envoyant cette photo ? A ce que je rentre pour te récupérer ? Alors que tu m'as laissée comme une merde quand je t'ai avoué mes sentiments ! je m'écrie perdant ma sérénité.

Je me lève à mon tour et inspire fortement pour tenter de me calmer avant de m'approcher de lui. Mon regard ancré dans le sien, j'entoure son visage de mes mains.

— Je ne veux pas qu'on se dispute encore une fois. Je ne peux pas t'en vouloir de ne pas ressentir la même chose que moi. Mais s'il te plait, si tu tiens à moi comme tu le dis, arrête de me faire du mal. Cesse de t'immiscer dans ma vie si tu ne souhaites pas en faire partie, je souffle.

— Je veux faire partie de ta vie, Swan ! il s'empresse de dire.

— Oui, mais pas comme je le souhaiterais. Je ne peux pas être amie avec toi alors que mon cœur menace de sortir de ma poitrine dès que je te vois, que la seule chose que je veux faire quand tu es là, c'est me blottir dans tes bras et t'embrasser jusqu'à ne plus pouvoir respirer. Je te veux tout entier Alec, pas juste une partie, tu comprends ? je murmure son visage proche du mien.

Holà mes chicas, séquence émotion ! Alors que pensez-vous des réactions d'Alec ? A votre avis, va-t-il s'ouvrir enfin ?

Liens interdits : entre cœurs et amitiéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant