Lundi 10 juillet 2023 – Tampa – Floride
Il n'a pas osé. Pitié, dites-moi que je rêve !
Figée, j'essaie de repérer d'éventuelle caméra cachée, mais visiblement, je n'en trouve pas. Une bouffée de chaleur prend possession de mon corps et mes yeux s'enflamment quand je me tourne dans sa direction, les poings serrés.
— Moi je fuis ? Tu te fous de ma gueule ? C'est ta spécialité, ça, Alec, pas la mienne !
Cet idiot ne comprend pas la gravité de mon état alors qu'il ricane.
— Ma spécialité ? En attendant, là c'est toi qui te sauves comme une voleuse alors qu'on été bien.
Swan, non. Sa tête est plutôt belle... pense plus bas.
Je suis à deux doigts de taper du pied tellement il semble incapable de décoder la situation. J'ai l'impression de parler à un mur. Il ne voit rien et n'entend que ce qu'il veut. Trop préoccupé par ses désirs, il ne fait même pas attention à ce que je peux ressentir. Je crois que c'est ça qui fait le plus mal dans tout ça, il ne se rend même pas compte du mal qu'il me fait.
— Je ne me sauve pas. Je me protège c'est différent ! je réfute alors que mon amertume continue d'enfler.
— Mais de quoi à la fin ! grogne-t-il d'exaspération. De moi ? On a déjà couché ensemble, je te rappelle ! Ça va changer quoi de nous mettre une étiquette ? J'ai envie de toi, t'as envie de moi, la fin sera là même qu'on se mette une étiquette ou non, alors pourquoi tu me repousses ?
Est-il si aveugle ? Ou juste totalement con ?
Je sens ma bonne volonté se fissurer doucement...
— Parce que tu ne peux pas juste prendre ce que tu veux et ignorer le reste, Alec ! clamé-je. Enfin, si peut-être que toi tu ne peux, mais pas moi ! Si tu n'avais pas remarqué, t'es le champion pour coucher avec des filles et les jeter du jour au lendemain. Tu m'as déjà ignoré pendant des semaines entières. Je ne peux pas prendre le risque !
Ses yeux font un aller-retour entre le plafond et moi, avant de qu'il ne s'approche d'un pas. D'ici, je peux voir des sillons qui creusent son front. Le pire c'est qu'il cherche, hein !
— Arrête de crier ! Je ne comprends rien à ce que tu racontes, Swan. J'étais énervé et... merde, comment tu veux que je te jette alors que je vis pratiquement ici ? Je pensais que c'était cool entre nous.
Cool ? Je vais le frapper. Et cela, peu importe que ce soit en haut ou en bas, il repartira avec quelque chose en moins.
J'ai envie de hurler. C'est clair, il ne comprend rien. Un crétin qui a une couille à la place du cerveau.
— Par tous les bébés Oompa Loompa, je suis amoureuse de toi espèce de crétin ! j'admets dans un cri, le cœur au bord des lèvres. Merde ! Depuis des années, Alec ! C'est plus clair maintenant ? Quand je suis rentrée de la fac, j'ai compris que tu n'étais pas qu'un béguin d'adolescente pour moi, alors que crois-moi, j'aurai préféré, ricané-je faussement. Sauf que toi, Monsieur, je suis partout où je pose un pied, il a fallu que tu te ramènes à cette foutue fête !
J'arrête ma tirade le temps de reprendre mon souffle, sauf que je n'en ai pas fini. Maintenant que tout sort, j'ai besoin de vider mon cœur. Son teint livide m'importe peu. Je vais surement le faire fuir pour de bon, mais au moins, je serais fixée.
— Alors tu vois, Alec, oui j'ai besoin de nous mettre une étiquette, repris-je plus calmement. Je ne peux pas continuer comme ça, à espérer qu'un jour tu m'offres plus qu'une simple partie de jambe en l'air derrière le dos de mes frères. Quoi que, je suis tellement pathétique, que j'étais prête à l'accepter si au moins tu m'avais dit clairement que c'était ce que tu voulais. Mais même ça, c'était trop demander, à la place t'as préféré m'ignorer, je termine la voix éraillée à cause des larmes qui envahissent mes yeux.
J'étouffe un sanglot en soupirant, accablée par une vague de fatigue monumentale. Il semble que révéler mes sentiments soit bien plus épuisant que je ne l'avais imaginé. Voyant que le brun refuse toujours de prendre la parole ou de faire le moindre geste, je décide de monter dans ma chambre. Il est inutile que je reste plantée là, comme une plante verte en pleine détresse.
Un seul de mes pieds est engagé dans l'escalier que je me pétrifie en levant les yeux vers l'étage. Ezra est sur le palier, et sa simple vue me fait comprendre qu'il vient d'entendre toute ma discussion avec Alec.
Décidément, j'aurais vraiment dû rester planquée dans ma chambre ce matin.
Ses yeux sont noirs de colère, et ses poings serrés sont prêts à broyer la rambarde, prouvant qu'il est au bord de l'implosion. Pourtant ses traits se radoucissent légèrement à la vue de mes yeux larmoyants. J'entrouvre la bouche sans réellement savoir quoi lui dire, mais d'un signe, il me réduit au silence.
— Tais-toi, Swan, siffle-t-il entre ses lèvres crispées, juste fermes là.
La tension qui nous entoure sature l'air de mauvaises énergies. Le regard furieux d'Ezra me glace le sang. Je m'efforce de garder le silence, mais mon esprit est en ébullition. La situation est devenue plus complexe qu'elle ne l'était déjà, et je ne peux m'empêcher de me demander comment tout cela va évoluer.
Je sursaute soudainement sous le claquement de la porte d'entrée. Alec est visiblement parti, me laissant affronter mon frère, seule. Après, je ne peux affirmer qu'il est entendu quoi que ce soit. Mais même si c'était le cas, sa lâcheté ne me surprendrait pas.
Mon frère me bouscule sans ménagement, me faisant vaciller contre le mur, alors qu'il dévale les escaliers à la vitesse de l'éclair. J'ai à peine le temps de retrouver mon équilibre que la porte claque à nouveau.
Bien décidée à ne pas laisser mon frère tuer Alec, j'abandonne ma canette qui s'est écrasée au sol et fonce à sa suite. La vision qui s'offre à moi est inédite. Ezra est en train de coller le brun à sa voiture, la rage déformant ses traits.
— Tu te fous de ma gueule ? clame Ezra d'une voix aussi froide que le vent du nord. Je t'ai demandé clairement la semaine dernière, si y avait quelque chose entre ma sœur et toi, tu m'as répondu, droit dans les yeux qu'il n'y avait rien. Et là, j'entends quoi ? Que tu te la tapes dans mon dos ?
— Ez, tente le brun.
— Fermes ta gueule, Alec ! le coupe mon frère en lui hurlant dessus. Je te jure, fermes là parce que je suis à deux doigts de t'exploser la tête contre cette bagnole !
Je n'ai jamais vu Ezra aussi en colère. D'ordinaire, c'est lui le plus calme des jumeaux, celui qui apaise les tensions plutôt que celui qui envisage de régler ses différends à coups de poing. En parlant de jumeau, l'arrivée d'Eden me terrifie, sachant qu'il n'aura pas la décence de s'exprimer avant de passer à l'action. Je suis reconnaissante envers les habitudes de mon frère, qui s'endort systématiquement avec ses écouteurs. Je m'approche d'eux dans l'espoir de les séparer.
— Ezra, lâche-le s'il te plait ! je le supplie, ne souhaitant pas que cela dégénère encore plus.
Maintenant toujours le brun qui ne se défend pas, il tourne rapidement sa tête vers moi. Je recule d'un pas surprise par l'éclat de rage qui brille dans ses yeux devenus rouge.
— Il te baise, te jette et tu le défends quand même ? T'es vraiment conne ma pauvre, Swan.
Il me crache cela avec tellement de dédain que mon cœur s'arrête un instant.
— Ce connard n'en a rien à foutre de ta gueule ! De tous les types sur terre, il fallait que ce soit lui, hein ? Il baise tout ce qui bouge, tu le sais au moins ? Tu crois que parce que tu lui as donné ton cul il a arrêté d'aller voir ailleurs ? T'es bien naïve, ma pauvre fille ! continue-t-il, ses paroles transperçant mon cœur à chaque réplique.
— Ezra, arrête, intervient Alec. Tu n'as aucune idée de quoi tu parles.
Si les paroles d'Hadès avaient pour but de calmer monfrère, il n'en est rien, je dirais même que c'est pire.
Holà Chicas, le moment tant redouté est arrivé ! Je préviens, vous allez avoir envie de tuer du bonhomme dans le prochain chapitre...
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Liens interdits : entre cœurs et amitié
RomanceDepuis son enfance, Swan baigne dans l'étreinte chaleureuse de ses deux frères, un duo qui, telle une forteresse, l'a longtemps préservée des blessures que peuvent infliger les relations amoureuses et charnelles. Cependant, ils n'avaient pas prévu q...