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Mardi 25 juillet 2023 - Paris

Mais avant même que je puisse la tirer, elle s'ouvre violemment, me heurtant de plein fouet et me faisant reculer en gémissant de douleur.

— PUTAIN, C'EST QUOI TON PROBLÈME, ESPÈCE DE PSYCHOPATHE ? hurlé-je en me tenant le nez endolori.

Hadès, dans toute sa splendeur et sa rage, pénètre dans l'appartement, m'ignorant complètement alors qu'il explore chaque pièce comme s'il était un homme tout juste sorti de l'asile qui chercherait à savoir où se cachent les voix qu'il entend dans sa tête.

— IL EST OÙ CE CONNARD ? rugit-il en se retournant vers moi.

— Je ne sais pas de qui tu parles, mais regarde-toi dans le miroir, tu en trouveras un à coup sûr ! je réplique venimeuse.

Il s'approche de moi d'un pas menaçant, et instantanément, mon corps réagit. Des frissons parcourent ma colonne vertébrale, une réaction totalement inappropriée face au regard noir de colère qu'il me lance. Normalement, je devrais être terrifiée, mais étrangement, tout ce à quoi je peux penser, c'est à quel point il est magnifique et à quel point il m'a manqué ces derniers jours. Tous mes sentiments pour lui remontent à la surface tel un raz-de-marée destructeur.

Si j'écoutais mon traître de cœur, je me jetterais littéralement dans ses bras, cherchant à sentir son corps contre le mien, à respirer son parfum enivrant qui éveille tous mes sens, à goûter une fois de plus au bonheur de ses lèvres contre les miennes. Mais je me retiens, sachant que céder à cette tentation serait une folie sans nom.

Et surtout une partie de moi (la raisonnable) a envie de le jeter par la fenêtre.

— Ne joue pas à ce jeu avec moi, Swan, parce que je te jure que je vais finir par exploser, et ça ne sera pas joli à voir, siffle-t-il entre ses dents.

— Et tu comptes faire quoi, Alec ? Tu m'as déjà brisé le cœur. Rien de ce que tu pourrais faire maintenant ne pourrait être pire que ça.

Effectuant deux pas en arrière, il s'éloigne en tirant sur ses cheveux avec frustration, un rugissement de colère s'échappant de ses lèvres. Il s'effondre rageusement sur le canapé, sa tête entre ses mains. Nerveuse, je commence à me ronger les ongles, incapable de contrôler ce geste que je n'avais pas fait depuis des années. June me réprimanderait si elle me voyait.

Alec marmonne dans sa barbe, émettant des grognements de frustration qui trahissent son incapacité à se calmer.

— Tu... Putain ! s'énerve-t-il en frappant la table basse, qui menace de céder sous la force de son coup.

Je sais que ce n'est pas le moment, mais je ne peux m'empêcher de l'observer. Ses cheveux sont en désordre, son visage montre des signes de fatigue évidents, avec des cernes bien plus marquées que d'habitude. Pourtant, malgré tout cela, il reste incroyablement beau, bien trop pour mon propre bien.

— Tu t'es bien foutu de ma gueule, crache-t-il avec dédain.

— Je te demande pardon ? je demande incrédule.

— Toutes tes foutues déclarations, c'était du vent ! Tes soi-disant « je t'aime », tu les as bien vite oubliés vu à la vitesse où tu m'as remplacé !

La colère monte en moi à la vitesse de l'éclair.

— Tu rigoles j'espère ? je réplique nerveusement.

Hadès me regarde avec deux iris flamboyants de colère et de ressentiment.

« Non, il est vraiment sérieux, ce crétin ! » Je murmure pour moi-même en me pinçant l'arête du nez, geste que je regrette presque immédiatement à cause de la douleur qui me traverse.

Ce con m'a pété le nez c'est pas possible !

— TU AS COUCHÉ AVEC LUI, AVOUE-LE, PUTAIN ! m'exhorte-t-il.

— MAIS C'EST TOI AUSSI AVEC TA PUTAIN DE PHOTO ! ESPÈCE DE GIGOLO ! je vocifère à présent, à bout. TU T'ATTENDAIS À QUOI, ALEC ? QUE JE PATIENTE INDÉFINIMENT COMME UNE PUTAIN DE FOUGÈRE ALORS QUE TU M'AS CLAIREMENT REPOUSSÉE ? QUE JE ME MORFONDE SUR MOI-MÊME PENDANT QUE TU TE TAPAIS TA SALOPE ?

Entraînée par ma colère, je marche vers lui d'un pas lourd alors qu'il se redresse brusquement sur ses pieds pour me faire face. On pourrait facilement croire que nous allons nous battre. Je ne suis pas assez naïve pour penser que je pourrais le combattre, mais lui casser une ou deux dents, ça, c'est dans mes cordes.

— ET BIEN, SCOOP, ALEC, ÇA NE MARCHE PAS COMME ÇA ! je lance, délibérément sarcastique. Oui, j'ai couché avec lui, sur ce foutu canapé où tu viens de poser ton cul, et putain, je mouille, rien que d'y repenser. Tu es content ?

Dans la seconde qui suit mon dernier mot, la lampe qui se trouvait sur le guéridon vole à travers la pièce qui se remplit d'une tension palpable, alors que nos paroles enflammées résonnent dans l'air. Les émotions bouillonnent, prêtes à éclater à tout moment.

— Mais t'es une vraie sa..., il commence à m'insulter.

— Une vraie salope, je sais ! Putain, mais tu t'entends ? m'insurgé-je. Tu m'as envoyé chier, moi et mes sentiments. Tu m'as envoyé cette foutue photo en me disant d'aller me faire foutre et de te laisser tranquille. Et maintenant, tu débarques ici pour me faire une scène parce que je t'ai écouté ?

Je rigole nerveusement, mes nerfs sont en train de lâcher, et déjà, des larmes me brouillent la vue.

— Mais va te faire foutre, Alec ! Qu'est-ce que tu fais là de toute façon ? Je t'ai demandé de sortir de ma vie ! C'est si difficile à comprendre pour ton cerveau atrophié ? Je me suis barrée à 4000 miles pour ne plus jamais te voir !

Ma dernière phrase résonne dans l'air, plus tranchante que jamais, et je la regrette dès qu'elle sort de mes lèvres. Cependant, je suis bien trop énervée et fière pour l'admettre.

— Tu sais quoi ? T'as raison, je me casse ! déclare-t-il en opérant un quart de tour vers l'entrée.

— Bah vas-y, casse-toi ! clamé-je d'une voix rauque de larmes. Fuis comme tu sais si bien le faire !

La porte claque derrière lui, et le silence retombe sur l'appartement comme une sentence malsaine. Mes épaules s'affaissent sous le poids de toutes ces émotions contradictoires qui m'assaillent. Je soupire, épuisée et totalement abattue.

La douleur lancinante dans mon nez me force à aller m'inspecter dans le miroir. Mon reflet pourrait faire peur à un cadavre, mais heureusement, je ne vois pas de bleu. J'essuie mes larmes et respire pour tenter de calmer ma respiration saccadée.

La gorge sèche, j'attrape une bouteille d'eau et me poste devant la fenêtre. Ce débile est devant l'immeuble, à faire les cent pas. Malgré ma tristesse, un sourire se glisse sur mes lèvres à la vue de cette scène. Mesquine, j'ouvre la fenêtre et m'y adosse, l'observant de haut. Alec finit par s'asseoir sur le banc se trouvant sur le trottoir d'en face.

— Bah alors, un souci peut-être ? je le hèle. Tu feras attention, t'as pris la place du clochard du coin, il ne va pas être content.

D'ici je peux sentir toute la haine qu'il m'envoie à travers son regard et le doigt d'honneur qu'il m'adresse ne fait que renforcer le message.

— Oh, et pour information, le chien de la voisine pisse sur ce banc tous les matins, mais bon entre clébards de la même espèce vous devriez vous comprendre. Allez, bonne nuit, Alec !

C'est fou de détester une personne autant qu'onl'aime.  

Liens interdits : entre cœurs et amitiéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant