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Mardi 18 juillet 2023 - Paris

Alors que nous nous trouvons dans le métro, sur la ligne 10 en direction du Panthéon, j'engage la conversation avec Noah, lui demandant de me parler un peu de lui. Il me confie qu'il a 26 ans et qu'il est né à Paris. Il gagne sa vie en enseignant sa passion, la danse, aux enfants et aux adultes. Notre échange est fluide, ponctué de rires spontanés, et je dois avouer que sa compagnie est des plus agréables, au point que je ne remarque pas le temps passer.

À notre arrivée devant un pub irlandais au charme convivial, nous nous installons à une table et Noah commande deux bières avant de se rasseoir en face de moi, son sourire illuminant à nouveau son visage. Il prend alors l'initiative de me poser à son tour des questions.

— Et toi, Miss America, qui es-tu ? il me demande sérieusement.

Je souris et décide de lui livrer quelques éléments clés à mon sujet : ma ville natale, mon âge, mes études, mes passions et évidemment mes frères et June. Je choisis délibérément de ne pas mentionner Alec. Inutile de le faire fuir en parlant d'Hadès.

Noah semble intéressé par ce que je partage. Il pose quelques questions supplémentaires, curieux d'en savoir plus sur mes expériences en danse et sur mes projets à Paris. Nous poursuivons notre conversation dans une ambiance détendue, partageant nos anecdotes et nos aspirations.

— Tu danses souvent sur l'avenue des Champs-Élysées ? je demande curieuse.

— Oh, de temps en temps, surtout quand je sais qu'une belle demoiselle comme toi pourrait y être, il répond d'un ton enjôleur, un sourire charmeur aux lèvres.

Je ne peux m'empêcher de rire doucement devant sa tentative de drague peu subtile.

— Ah, je vois, tu tentes de les faire venir à toi en les éblouissants de ton talent, je réponds avec un sourire taquin. Et est-ce que ça fonctionne souvent ?

Noah rit, un brin de malice dans le regard.

— Disons que parfois, ça mène à des rencontres plutôt intéressantes, mais aucune n'a encore surpassé celle-ci, ajoute-t-il en me lançant un regard appréciateur.

Sa réplique me fait légèrement rougir, mais je garde mon assurance.

— Ah oui ? Eh bien, tu m'en vois ravie, je réplique avec un clin d'œil.

Il humidifie ses lèvres d'un léger coup de langue, et je me surprends à fixer sa bouche bien trop intensément, me demandant l'effet que cela ferait de l'embrasser. Depuis quand réagis-je ainsi avec un gars que je connais à peine ?

—Donc, si j'ai bien compris, tu repars en Floride dimanche prochain ? il demande.

Je me reconnecte avec la réalité, relevant mon regard vers ses yeux. Le sourire en coin qu'il me lance me laisse deviner qu'il a bien saisi où mes pensées avaient vagabondé.

— Exact, je tente de reprendre contenance.

— Donc, ça me laisse peu de temps pour te faire aimer Paris, souligne-t-il en buvant une gorgée de bière.

— Oh, et comment comptes-tu t'y prendre ? je l'interroge, curieuse.

Le regard séducteur qu'il me lance fait monter la pression en moi, me poussant à finir ma bière d'une traite dans l'espoir de calmer ce sentiment étrange qui se propage dans mon corps.

—Ça me semble évident, America, il commence de manière énigmatique, je vais devoir te rendre folle de moi, tu ne pourras plus te passer de ma présence et donc tu reviendras.

Il joue des sourcils, ce qui me fait éclater de rire. J'ai l'impression de n'avoir fait que ça depuis que nous sommes partis des Champs-Élysées.

— Hâte de voir ça alors, je réponds joueuse.

Nous convenons de nous retrouver demain pour une petite visite guidée de Paris. On continue de discuter un peu avant qu'il ne m'informe de son départ. Il a un court tôt demain matin, le forçant à rentrer pour se reposer. Il me propose de me commander un Uber, mais j'ai encore de la batterie donc je m'en charge.

Nous attendons mon chauffeur ensemble, échangeant des banalités de manière naturelle. Mon téléphone vibre à nouveau dans ma poche. Le visage d'Alec et le mien, souriant dans la piscine, s'affichent sur mon écran, faisant accélérer les battements de mon cœur.

Paralysée devant l'écran, je mets plusieurs secondes à décliner l'appel. À peine ai-je résisté à l'envie de répondre que l'appareil vibre à nouveau. Un mélange tumultueux d'émotions m'envahit, me plongeant dans un mutisme profond alors que Noah tente de m'adresser la parole.

—Tu devrais répondre, c'est peut-être urgent, me conseille-t-il.

Je tourne brièvement la tête vers lui, mais je suis incapable de lui répondre, perdue dans mes pensées tourbillonnantes.

— Swan ? Ça va ? On dirait que t'as vu un fantôme, s'inquiète-t-il en se rapprochant de moi.

— On peut dire ça, je murmure à moi-même.

Fort heureusement, une notification m'indiquant que mon chauffeur arrive me permet de mettre fin à l'agitation de mes pensées. Mon téléphone continue de vibrer incessamment, et finalement, je décroche rageusement, la colère réussissant enfin à prendre le dessus parmi toutes mes émotions contradictoires.

— Qu'est-ce que tu me veux Alec ? je me retiens de crier pour ne pas attirer l'attention sur moi.

—TU TE FOUS DE MA GUEULE ? il hurle à travers le téléphone, m'obligeant à l'éloigner de mon oreille.

—Je suis occupée là, Alec, je soupire.

Mon chauffeur se gare devant moi et Noah, tel un gentleman, se précipite pour m'ouvrir la porte. Hadès semble toujours s'égosiller. Je grimace face au danseur qui me sourit gentiment, malgré la situation.

— À demain, America, tiens-toi prête pour notre virée parisienne, me recommande Noah souriant.

Un léger rire m'échappe alors qu'il dépose un baiser sur ma joue, geste que j'attribue à une coutume française, si j'ai bien compris. Refermant la portière, je salue le chauffeur d'un signe de tête avant de récupérer à contrecœur mon téléphone.

— Arrête de crier, tu me fais saigner les tympans ! je lance à mon tour, exaspérée.

— C'est qui ce connard ? s'empresse-t-il de demander.

Je soupire avec évidence. Je ne comprends pas comment il a pu penser un seul instant qu'il avait le droit de m'appeler pour me hurler dessus.

— Premièrement, même si je te disais que c'est un ami, ce qui est la stricte vérité, je souligne, tu vas quand même t'exciter, donc cesses de poser des questions connes Alec. Deuxièmement, qu'est-ce que tu n'as pas compris dans « je veux que tu sortes de ma vie » ?

— Tu ne me répondais pas, parce que tu te tapais déjà un petit français de merde ? il me provoque consciemment.

— Je vais raccrocher Alec, je ne riposte pas bien que je bouillonne de l'intérieur.

Je l'entends jurer fortement, sa respiration est forte, signe qu'il est au bord de l'explosion. 

Le retour d'Hadès ! Certaines m'avaient dit qu'il leur manquait... Eh bien, vous êtes servies ! Il est de retour, toujours aussi exécrable et jaloux !

Liens interdits : entre cœurs et amitiéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant