45.

8K 339 115
                                    

Lundi 10 juillet 2023 – Tampa – Floride

Accablée par une tristesse sans fond, les yeux embués de larmes, je me précipite dans la maison. En pilote automatique, mes pieds montent les marches à une vitesse ahurissante. À peine arrivée dans ma chambre, je m'effondre contre la porte que je referme avec empressement. Mon corps est secoué de sanglot, ma poitrine me fait mal, comme si mon cœur était en train de se désagréger dans ma cage thoracique.

Je ne pensais pas pouvoir, un jour, avoir aussi mal. Même l'ignorance de mes parents et la rupture avec Hayden combinés ne pourraient me détruire à ce point.

Je ne sais combien de temps je reste au sol, avec l'incapacité totale de me relever. La seule certitude pour l'heure est que le silence est revenu dans la maison, seul le bruit de mes sanglots perdure encore.

Dans un brouillard de larme, je me relève et jette des habits dans un sac sans même regarder ce que j'emporte. J'enfile un legging quelconque et tel un robot, je descends prête à fuir ce lieu qui m'inspire tant de peine. Ezra se trouve sur le canapé, le visage seulement éclairé par le clair de lune.

Quand il m'entend, il se lève d'un bond, ses yeux empreints de pitié et de culpabilité.

— Princesse...

— Princesse ? Je suis plus une pauvre conne naïve ? je crache blessée.

— Swan, je suis désolé, je n'aurais pas dû...

— Non tu n'aurais pas dû, Ezra. Juste, laisse-moi tranquille, je le repousse.

Je ne lui donne pas le temps de rajouter quoi que ce soit, et file vers la sortie. Je suis en tong, le vent, bien que doux, me fait frissonner à travers mon tee-shirt à manche courte, et mes yeux me brûlent tellement je pleure, mais je ne m'arrête pas.

— Swan ! Attends, tu ne vas pas conduire dans cet état ! crie mon frère en se hâtant derrière moi.

— Tu crois ça ? Eh bah, regarde-moi bien alors !

Il tente de m'arrêter, mais j'ai déjà verrouillé les portières. Je démarre en trombe et pars le plus loin possible d'eux.

----

La nuit est déjà bien entamée quand j'arrive chez June, le cœur en miette avec la tête d'une folle sortie d'asile. Je débarque sans même l'avoir prévenue que je venais chez elle. C'est donc tout naturellement qu'elle m'ouvre la porte avec un visage endormi et une batte de baseball à la main. Cette vision m'aurait d'ordinaire fait exploser de rire, mais ce soir, je n'arrive qu'à esquisser un faible sourire qui doit très certainement ressembler plus à une grimace.

— Swan ? Qu'est-ce que...

Elle n'a pas le temps de terminer sa phrase que je fonds à nouveau en larme, incapable de soutenir mon propre corps.

— Oh, ma bichette, viens par là, dit-elle en m'enlaçant avec force.

Son étreinte se resserre à mesure que mes sanglots s'intensifient. June me tire vers son canapé, me laissant déverser ma peine sur elle sans m'interrompre. Sa main me caresse le dos, dans un geste de réconfort.

— Shhh, ça va aller, Swan, m'apaise-t-elle. Dis-moi qui je dois enterrer. Juste un nom et je te jure que ça sera fait.

Mon rire se mêle à mes pleurs, me faisant ressembler à un cheval à l'agonie. Mon regard croise mon reflet dans le miroir du salon me faisant réaliser l'état pathétique dans lequel je suis. La morve au nez, les yeux bouffis, les cheveux en pagaille, voilà à quoi je ressemble. Même un cadavre aurait plus de charme.

Liens interdits : entre cœurs et amitiéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant