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Jeudi 20 juillet 2023 - Paris

Je suis tirée du sommeil au milieu de la nuit par les incessantes vibrations de mon téléphone. Avec un grognement, je saisis l'appareil pour découvrir qu'il est trois heures du matin. Quel con peut bien m'appeler à cette heure-ci ? Une photo d'Alec s'affiche à l'écran, et je soupire. Malheureusement, il n'est pas du genre à lâcher l'affaire. Je n'ai répondu à aucun de ses messages depuis hier soir, et je compte bien continuer sur cette lancée.

J'aperçois un message de Noah, mais je n'ai pas le temps de l'ouvrir que mon téléphone s'anime de nouveau. Vu l'heure et ma fatigue, je décide d'éteindre l'appareil.

Bien sûr, je suis incapable de retrouver le sommeil. Je me retourne inlassablement dans mon lit. Je rallume mon téléphone une heure plus tard, toujours aussi éveillée. Comme je pouvais l'imaginer, plusieurs messages m'attendent, dont un vocal. Je commence par lire les SMS où je découvre un langage particulièrement coloré à mon égard. Apparemment, il a vu ma photo avec Noah. Je ne prends pas la peine d'écouter le vocal lorsque j'entends des cris. J'essaie d'ignorer la pointe de tristesse dans ma poitrine et me concentre sur le message de Noah, envoyé à une heure du matin.

De : Noah
J'aurais largement préféré passer la soirée avec toi. Il est trop tard pour que je revienne ? 😅

De : Noah
Tu dois être en train de dormir... J'espère que je ne t'ai pas dérangé. Enfin, en réalité, j'espère que je t'ai bel et bien réveillée, car j'ai envie de te parler. Bonne nuit, Miss America. Il est évident que je vais rêver de toi et de cette tenue 😈.

À : Noah
Est-ce que je rêve ou tu viens clairement de suggérer que tu vas faire des rêves coquins à mon sujet ? 😅 Eh oui, j'étais en train de dormir, mais ce n'est plus le cas maintenant. C'est toi qui dois être en train de dormir, désormais. Je te laisse à tes rêves à mon sujet 😉.

Je mets bien une heure supplémentaire pour me rendormir.

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Je me réveille le matin avec une évidente privation de sommeil. Les effets de ma légère insomnie de la nuit précédente se font ressentir. Mon téléphone affiche plusieurs appels manqués d'Ezra. Je soupire, mais finit par regarder l'heure, il est huit heures du matin, soit une heure chez eux. Je ne pense pas qu'il dort vu que son dernier appel date d'il y a trente minutes. Je presse le bouton et le rappelle.

— Hey, ça va ? je marmonne d'une voix ensommeillée quand il répond.

— Désolé de t'avoir réveillé, je n'ai pas fait attention à l'heure, princesse, il m'informe.

Je me frotte les yeux et m'étire légèrement.

— Pas de problème, dis-moi plutôt pourquoi tu m'appelles à une heure du matin, je change de sujet.

— Je n'ai pas le droit d'appeler ma petite sœur maintenant ? il rétorque de mauvaise foi.

— Bien sûr que si, mais je te connais trop bien pour croire qu'il n'y a que ça. Aller crache le morceau Ez, je lui ordonne gentiment.

J'entends un soupir au bout du fil qui ne me rassure pas. Je ne sais pas ce qu'il s'apprête à me dire, mais je commence à m'inquiéter.

— Qu'est-ce qui se passe, Ezra ? je le questionne plus sérieusement.

— C'est Alec, commence-t-il avant de marquer un temps d'arrêt.

— Alec, quoi ? je commence à paniquer. Il va bien ? Merde ! Tu vas parler, oui ? je le presse, totalement réveillée, faisant les cents pas devant le lit.

— Oui, il va bien, enfin je n'en sais rien. Je crois qu'il s'est remis à prendre de la coke.

Mon souffle se coupe et je me laisse tomber sur les draps. Dans un sens je suis soulagée, je m'imaginais déjà le pire, qu'il soit à l'hôpital ou pire.

— Qu'est-ce qui te fait dire ça ? je demande.

— Quand le gardien m'a appelé lundi, car il avait retourné son appartement, j'ai trouvé un pochon et un billet roulé à côté de la table..., il avoue en soupirant. J'ai bien tenté de lui en parler, mais tu parles, il m'a envoyé chier.

— En même temps, vous l'avez frappé et lui avez dit de tirer une croix sur votre amitié, je l'accuse.

Je l'entends grogner, je sais que le faire culpabiliser ne changera rien à la situation, mais j'ai besoin qu'il se rende compte à quel point leur réaction était démesurée. Cette histoire n'était pas la leur.

— Je sais Swan, merci de me le rappeler. Ce n'est pas parce que je suis en colère contre lui que je me fous de ce qu'il peut lui arriver, il riposte.

— Et il le sait ?

Le silence me répond, signe que non, aucun des jumeaux n'a tenté d'avoir une conversation posée avec lui.

— C'est bien ce que je pensais, il serait temps de crever l'abcès. C'est votre meilleur ami depuis vingt ans, je refuse que votre amitié soit brisée pour une histoire qui ne vous concerne même pas directement ! Bref et Eden, qu'est-ce qu'il en dit ?

Je vais dans la cuisine me servir un verre d'eau, ma gorge étant sèche.

— Il n'est pas au courant. Je ne lui ai rien dit pour le moment. Il est encore en pétard contre Alec, il m'informe.

— Toi aussi, et pourtant ça ne t'empêche pas de t'inquiéter pour lui, je lui fais remarquer.

— Sauf que cette histoire l'a beaucoup plus remué que moi. Je ne dis pas que nous ne sommes pas proches avec Alec, mais Eden et lui c'est différent. Il le considérait vraiment comme un second frère Swan, il explique calmement. De toutes les choses qu'Alec aurait pu faire, celle-là était sans doute la pire.

Je reste silencieuse, je ne sais pas quoi dire. Qu'attend-il de moi ?

— D'accord, et donc, qu'est-ce que tu veux que je fasse Ez ?

— Je ne sais pas, tu pourrais essayer de lui parler comme à l'époque... Il ne se confiait qu'à toi.

— Oui, sauf qu'entre temps il s'est passé beaucoup de choses et qu'aujourd'hui nos conversations se résument à des insultes et des cris. Je ne suis pas certaine que je sois la mieux placée pour tenter de l'aider.

Je peux voir d'ici Ezra se tirer les cheveux de frustration. Il déteste être impuissant face à ce genre de situation. Il ne supporte tout bonnement voir les gens à qui il tient se détruire de la sorte. Je peux le comprendre, je suis pareil.

— Et même si je le voulais, je suis sur un autre continent, je ne me vois pas aborder ce sujet au téléphone, je souffle abattue pas mon impuissance face à la situation.

— Je comprends, princesse, c'était idiot comme idée. Je vais devoir te laisser, Eden vient de se rendre compte de mon absence.

— Tu vas faire quoi du coup ? je demande inquiète pour Hadès.

— Je m'en occupe, ne t'en fais pas ! Profite bien de tes vacances, princesse, je te tiens au courant.

Je n'ai pas le temps de répondre avant qu'il ne raccroche, me laissant le cœur lourd et la tête remplie de souvenirs de l'époque où Alec était tombé dans cette spirale destructrice de la drogue.

Liens interdits : entre cœurs et amitiéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant