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Mardi 25 juillet 2023 - Paris

Ma phrase résonne encore dans l'air chargé d'électricité. Aucun de nous ne désire rompre le silence, chacun prenant conscience de l'instant présent. Je sais qu'il l'a également remarqué ; contrairement à nos précédents moments intimes, celui-ci n'était pas simplement une harmonie physique entre nous, non. C'était la fusion de nos âmes, pour la première fois, nous n'avons pas baisé, nous avons fait l'amour. Bien qu'il n'ait pas exprimé explicitement ses sentiments pour moi, cette fois-ci, c'est clair et évident dans mon esprit. Sa manière de me regarder tout au long de l'acte, ses caresses, sa tendresse, l'admiration dans son regard, tout en lui criait ce qu'il ressentait.

J'ai envie de lui dire, mon cœur ne demande qu'à lui crier ces trois mots encore et encore, mais je sais que cela le crisperait plus qu'autre chose, alors je garde le silence. Profitant simplement de son étreinte réconfortante.

La sensation inconfortable de nos fluides mêlés se fait sentir entre mes cuisses, me poussant à briser le silence de la pièce.

— Je vais aller me doucher, déclaré-je alors que sa main continue de tracer des cercles sur mon bras.

Je me redresse légèrement alors que ses yeux semblent perdus dans les profondeurs de ses pensées.

— Je te proposerais bien de venir avec moi, mais la douche est vraiment petite... je continue.

Il hoche brièvement la tête pendant que je me lève du lit. La marque sur le drap me fait grimacer légèrement, les propriétaires vont surement être mécontents. Il faudrait que je vérifie s'il y a des draps de rechange quelque part. Alec me regarde avec envie alors que je prends un slip dans ma valise.

Il se redresse finalement quand je m'apprête à quitter la chambre.

— Tiens ! m'interpelle-t-il en me tendant son tee-shirt. Je préfère que tu mettes le mien, avoue-t-il, gêné.

Un sourire léger se dessine sur mes lèvres, dissimulant la joie qui palpite au fond de moi. J'attrape le vêtement et quitte la pièce, suivi de près par lui, nu comme un ver. Son membre, de nouveau alerte, se dresse devant lui, et je ne peux m'empêcher de pouffer en le voyant.

— C'est de ta faute, tu te promènes nue devant moi ! se défend-il avec un sourire taquin. Va te laver, je vais m'occuper de réchauffer les assiettes, tu dois manger un peu, insiste-t-il tandis que sa main claque doucement ma fesse.

Je ne suis pas habituée à cette facette tendre et attentionnée de sa personnalité, du moins, je ne l'avais plus vue depuis longtemps. Ce constat emplit mon cœur de bonheur alors que je me dépêche de me rendre à la salle de bain, sentant un fluide glisser le long de ma cuisse.

L'eau chaude apaise mes muscles, contribuant à mon bien-être général. Je suis consciente qu'il reste encore beaucoup de sujets à discuter entre nous, notamment celui de sa potentielle rechute, mais ce soir, nous avons franchi une étape importante. À demi-mot, il a avoué ressentir la même chose que moi. Alors, je sais bien que rien n'est acquis et qu'il nous reste un long chemin à parcourir avant d'avoir une relation saine et stable, mais je mettrai tout mon cœur et toute mon âme dans cette quête.

Après avoir soigneusement nettoyé les marques de nos ébats, je quitte la douche. Une voix intérieure me rappelle qu'il n'était pas sage de m'engager dans une relation intime sans protection. Nous devrons aborder ce sujet plus tard. Bien que je sois protégée contre la grossesse grâce à un stérilet, celui-ci ne prévient pas les infections sexuellement transmissibles. Je sais qu'il a dit ne pas avoir couché avec quelqu'un depuis nos derniers ébats et, dans tous les cas, je préfère croire que lui aussi prend ses précautions, mais il est impossible d'être totalement sûre.

Je suis en train de m'habiller quand la voix étouffée d'Alec me parvient à travers la porte. Poussée par une curiosité mal placée, j'entrouvre le battant, l'oreille tendue.

— Si c'est pour me dire ça que tu m'as appelé, tu ferais bien de raccrocher, il grogne. Ah oui ? Je t'en prie, ne te gêne pas. Si t'es tellement sûr de toi, pourquoi tu ne me laisses pas me vautrer ? Putain, tu ne penses pas que c'est à elle de décider ? il s'énerve. Quoi que je dise ou fasse, tu ne l'accepteras jamais, hein ? il soupire. Une famille, ouais...

Bien que je n'en ai pas la confirmation, mon esprit me crie la vérité. Eden ou Ezra, peut-être même les deux, cherchent encore à nous séparer. Muée par un sentiment de colère, je sors de la pièce, signalant ma présence au brun.

— C'est lequel ? je fulmine sur place, révélant sans honte que j'ai entendu leur conversation. Du moins une partie.

— C'est ça, je dois te laisser.

Il raccroche dans la seconde, tandis que je le fusille du regard.

— C'était Ezra ? Eden ? je réitère ma question.

— Aucun des deux, c'était mon frère, il répond sans me regarder.

— Ton frère ? Mais il est...

— En prison ? Oui, merci, je suis au courant, il me coupe en posant nos assiettes sur la table.

Je reste stoïque, totalement dans l'incompréhension et le doute.

— Viens manger, il m'intime en s'installant à sa place.

Je finis par le rejoindre, mes yeux posés sur lui, dans l'attente évidente d'explications. Il soupire en remarquant mon regard insistant.

— Je suis son avocat, j'ai fait virer l'incompétent qui le représentait, et je voulais tenter de faire appel concernant la décision de son procès. J'avais bon espoir de réussir à convaincre ma superbe maman de changer son témoignage. Mais cette putain de tête de mule ne veut pas que je le fasse, soi-disant qu'il n'a pas la force de subir un nouveau procès en sachant pertinemment que c'est perdu d'avance, il explique avec véhémence.

Je reste sans voix, légèrement honteuse d'avoir pensé que cela avait un quelconque rapport avec moi. J'ai parfois tendance à oublier qu'il est avocat, un bon en plus, et surtout, que sa vie n'est pas aussi simple qu'il ne le laisse paraître. Alec a beaucoup de problèmes à gérer, et un planning professionnel chargé.

— Je... Je suis désolée, mais si ta mère change son témoignage, il n'y aura pas un vice de procédure ? Elle pourrait juste aller retirer sa déposition et...

— L'affaire date de trop longtemps, dans tous les cas il faut rouvrir le dossier et passer devant un juge. Mais je vois que tu as certaines connaissances, mademoiselle.

— Et oui, j'en avais marre de ne rien comprendre quand tu parlais de tes affaires avec les jumeaux, je rigole légèrement.

Ses yeux se perdent sur mon visage, il me détaille pendant de longues secondes, tandis que je mange doucement.

— Pourquoi tu me regardes comme ça ? je finis par demander gênée.

— Je me disais que tu serais très sexy en avocate, implacable, ou en robe de juge, sans sous-vêtement en dessous...

Ses yeux se voilent de désir alors que j'ai du mal à déglutir sous l'intensité de se regard. La chaleur familière de l'excitation s'invite aux creux de mes reins et je suis tout à coup affamée, mais clairement pas de nourriture.

— Mange, bébé, je n'aimerais pas que tu me fasses un malaise quand je te pilonnerais sur cette table, il sort le plus naturellement du monde tandis que je m'étouffe avec ma propre salive. 

Holà, nous approchons de la fin mes amours ! Il ne reste que 5 chapitres 💥

Liens interdits : entre cœurs et amitiéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant