Mercredi 5 juillet 2023 – Tampa – Floride
Si Marco remarque mon air renfrogné, il préfère ne rien en dire, et pour cela, je lui suis reconnaissante. En ce moment, je n'ai aucune envie de parler d'Alec.
— Alors, plutôt comédie romantique, drôle, horreur, thriller ?
— Oh là, là, laisse-moi le temps d'arriver, mon bichon !
Il éclate de rire en réaction à ce surnom et prend ma veste pour l'accrocher au porte-manteau. Nous nous affalons tous les deux sur le canapé. J'ai la joyeuse surprise de découvrir la table basse garnie de pop-corn et de bonbons en tout genre.
— Tu veux boire quelque chose ? Coca, jus ?
— Une bière ?
Il me regarde en souriant tristement.
— Tu veux en parler ?
— Non, je veux juste me goinfrer, m'alcooliser et oublier, je déclare déprimée.
— D'accord, donc pas de comédie romantique.
— Définitivement pas. Un bon thriller, où le personnage principal, un mec totalement canon, se fait tuer sauvagement.
— D'accord... on progresse. Je vais te chercher une bière.
Je soupire et enfouis ma tête dans mes mains. J'aimerais vraiment pouvoir agir comme si cela ne me touchait pas, mais c'est au-dessus de mes forces. L'image d'Alec avec cette fille me hante, et je ne peux m'empêcher d'avoir envie de hurler.
Marco me tend la boisson salvatrice, et je le remercie. Il n'insiste pas davantage sur la raison de ma colère. Si quelqu'un m'avait dit en rentrant que je trouverais un ami aussi précieux en la personne d'un boxeur gay, je n'y aurais pas cru. Et pourtant, me voilà à demi allongée sur lui, à regarder Gone Girl.
Je profite de ce moment pour le questionner un peu sur Nate, ce qui semble le mettre mal à l'aise. C'est étonnant, je lui ai raconté en détail mes aventures sexuelles avec Alec, et lui semble simplement gêné de me parler de son coup de cœur actuel. Je ris en insistant un peu, ce qui déclenche des chatouilles qui me font éclater de rire. Cependant, mon rire est brusquement interrompu par un bruit assourdissant provenant de la porte. Marco sursaute lui aussi.
— Tu attendais quelqu'un ? je lui demande interloquée.
Il incline la tête négativement alors qu'un deuxième bruit fracassant résonne contre la porte. Cette fois, la personne responsable du tumulte se manifeste en hurlant mon prénom. Je ferme les yeux, incrédule. Est-ce une maudite plaisanterie ? Un soupir de frustration et d'irritation m'échappe. Alec persiste à frapper comme un possédé, m'interpelle avec véhémence, menaçant clairement de défoncer la porte.
— Il serait peut-être temps de lui dire que je suis gay non ? il suggère en rigolant.
— Je... je voulais pas, je sais que t'es pas à l'aise avec cette idée et...
— C'est bon Swan, ça finira par se savoir tôt ou tard de toute manière.
Marco se lève et se dirige vers la porte en souriant.
— Alec, je ne te demande pas pourquoi tu es là, ou plutôt pour qui.
Ce dernier le pousse légèrement de l'épaule et fait son entrée dans la pièce, son regard me cherchant ardemment. Il finit par poser ses yeux sur moi, et je devine que l'image ne lui convient guère. Mes cheveux sont en désordre, ma robe légèrement remontée à la suite de notre séance de chatouilles, et la position dans laquelle je me trouve pourrait, à tort, laisser penser que nous étions occupés à autre chose qu'à regarder Netflix. Pourquoi n'ai-je pas eu la présence d'esprit de me rendre compte de mon apparence avant son arrivée ? Il émet un grognement et s'approche rapidement de moi, m'empoignant fermement par le bras. Je tente de me libérer, mais sa prise se resserre tandis que je grimace. Marco intervient immédiatement.
— Mec, tu lui fais mal, lâche là.
— Ne te mêle pas de ça, toi !
— Je m'en mêle si je veux Alec, t'es chez moi, je te rappelle. Je ne sais pas à quoi tu joues, mais tu peux aussi lui parler sans lui broyer le bras, non ?
Le regard d'Alec devient sombre, et bien que Marco ait parlé d'une voix posée, je peux voir les veines ressortir sur ses bras, signe qu'il n'est pas serein, une première chez lui. Je sais aussi que la situation peut dégénérer à tout moment. Il esquisse un rire sec, son regard passant de Marco à moi.
— Visiblement t'as oublié de dire à ton petit ami que tu baises avec moi aussi. Tu me diras, il n'est pas très futé non plus s'il n'a pas remarqué les marques que je t'ai laissées.
Une pâleur probablement livide s'empare de mon visage, et Marco, fidèle à lui-même, éclate de rire. Je tire sur mon bras, forçant Alec à me lâcher. Une belle marque orne ma peau, cette fois dénuée de toute connotation de plaisir.
— Alec, tu m'épuises ! Marco n'est pas mon petit ami, et il ne le sera jamais. Il aurait davantage de chance de tomber sous ton charme plutôt que le mien !
L'incompréhension peinte sur le visage d'Alec faillirait presque à me faire rire. En tout cas, le boxeur à ses côtés ne se prive pas d'esquisser un sourire amusé. Hadès semble clairement en difficulté pour saisir mon sous-entendu, et mon ami intervient pour dissiper tout doute en déclarant ouvertement son homosexualité. La surprise s'empare des traits du brun avant de se muer en une colère naissante. Je secoue la tête, me demandant bien ce qui le tracasse encore.
— Tu comptes réellement me faire avaler cette histoire alors que ta jupe est remontée, ton rouge à lèvres a disparu et tes cheveux sont en pleine rébellion ?
— Si tu veux la vérité, je l'ai chatouillée, je l'admets, mes mains ont glissé sur elle. Mais, je t'assure que non, je ne suis pas attiré par les filles. Trop délicates, trop fragiles, j'aurais peur de les briser. Mais si tu as besoin de plus de preuves, on peut se rendre dans ma chambre.
Un éclat de rire m'échappe littéralement, c'est tout simplement trop comique. La mine déconfite d'Alec ne fait que renforcer mon amusement. Il grogne, clairement mal à l'aise dans cette situation inconfortable. Après m'être quelque peu calmée, je reprends un air sérieux. Malgré le côté comique de la situation, je n'oublie pas que ce type est venu ici pour me faire une crise de jalousie, alors qu'il n'y a même pas deux heures, il était occupé avec cette Lina de pacotille.
— Maintenant que les choses sont claires Alec, tu vas partir d'ici. Gay, ou pas, tu n'as absolument pas le droit de me faire une crise de jalousie alors que tu étais en train de coucher avec une fille il n'y a pas plus de deux heures. Donc, tu as deux options : tu t'en vas, ou bien c'est moi qui m'en vais, mais il est hors de question que je reste dans la même pièce que toi, au risque de réellement perdre le contrôle.
Le regard du brun reste figé sur moi, sans le moindre mouvement. Parfait. Je marmonne un désolé en direction de Marco, réajuste ma robe, attrape mes chaussures et mon sac avant de quitter l'appartement. Leurs voix s'élèvent en dispute alors que je dévale les escaliers. Il semble que le boxeur en veuille légèrement au brun d'agir comme un homme des cavernes et de gâcher la soirée cinéma. Et pour être tout à fait honnête, j'en veux aussi au brun, non seulement parce qu'il a saboté notre bonne humeur, mais aussi parce que j'avais réussi à presque oublier la douleur qu'il m'avait infligée en mentionnant sa soirée avec Lina.
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Liens interdits : entre cœurs et amitié
RomanceDepuis son enfance, Swan baigne dans l'étreinte chaleureuse de ses deux frères, un duo qui, telle une forteresse, l'a longtemps préservée des blessures que peuvent infliger les relations amoureuses et charnelles. Cependant, ils n'avaient pas prévu q...