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Samedi 17 juin 2024 – Tampa - Floride

Les pas d'Alec résonnent derrière moi, mais je ne me retourne pas. La confrontation a une nouvelle fois atteint son paroxysme et je préfère laisser la poussière retomber avant de devoir l'affronter à nouveau. J'espère simplement que cette fuite éperdue sera suffisante pour apaiser la tempête qui gronde entre nous. Mais en vain.

Je déverrouille ma voiture avec un geste résolu, m'installant derrière le volant avec la ferme intention de partir. Le moteur démarre, et je m'engage sur le parking, mais Hadès se dresse devant le capot, m'obligeant à freiner brusquement. Accordez-moi la force, je vous en prie, juste assez pour lui casse les dents. Je roule des yeux, puis abaisse ma fenêtre pour lui demander de dégager.

— J'ai les clés de chez toi, Swan, donc de toute façon, tu ne pourras pas m'éviter.

— Il me semble que j'ai encore le droit de choisir de ne pas te parler, non ?

Il se décale de devant la voiture, mais avant que je puisse redémarrer, il s'engouffre du côté passager. Son regard intensément fixé sur moi, je soupire en posant ma tête sur le volant. Il m'épuise. Tout ça à cause d'un homme, gay en plus de ça. Il serait peut-être temps de le lui dire d'ailleurs, mais Marco m'a confié qu'il n'était pas à l'aise de divulguer l'information à la salle. Pas qu'il ait honte, mais on sait malheureusement comment peuvent être les gens. Il craint que cela impacte ses relations avec ses élèves, qui sont, pratiquement tous, des hommes. Certes, je suis, pratiquement, sûre qu'Alec ne dirait rien, mais je n'ai pas envie de trahir la confiance de mon nouvel ami. Si je dois en informer Hadès, cela se fera uniquement quand Marco m'aura spécifié concrètement que je le peux.

— Tu veux vraiment que je te lâche ? il demande énervé.

— Je veux que tu cesses de t'immiscer dans ma vie privée, c'est tout. Ce n'est pas trop demander, je pense ? Est-ce que moi je te demande avec qui tu couches ? Est-ce que je te fais des scènes pareilles ? Heureusement que non sinon on s'engueulerait tous les jours vu le nombre de filles qui défilent dans ton lit.

— Tu peux me demander et tu peux me faire des scènes si tu veux.

Je lève les yeux au ciel, ce mec ne comprend vraiment rien.

— Et tout comme moi, tu dirais que ça ne me regarde pas et tu aurais raison ! Mais surtout, je m'en fous Alec ! Je ne veux surtout pas savoir combien de nanas tu baises à la semaine. Ça ne me regarde pas, c'est ta vie privée. Pourquoi je te ferais une scène ? Je ne comprends pas ton obsession à te mêler de ce qui ne te regarde pas. Je ne te dois rien putain !

— Ça me regarde Swan ! J'aimerais bien en avoir rien à foutre, comme toi, mais je n'y arrive pas ! Te voir avec ce type ça me rend dingue OK ?

J'ai l'impression persistante que cela fait six mois que nous répétons la même rengaine, alors que je suis rentrée depuis à peine une semaine.

— Et après tu oses me dire que ce n'est pas de la jalousie ?

Si ce n'est pas de la jalousie, je ne vois pas ce que c'est. Il peut s'inquiéter pour moi, oui, mais là, ces réactions sont démesurées. Il tire sur ses cheveux, prouvant avec évidence son énervement.

— Arrête de dire ça, tu te fais un film ! Je ne suis pas jaloux ! Te voir avec cet homme, c'est comme si je voyais ma petite sœur se faire tripoter devant moi. Et ça, je ne l'accepte pas.

— Tu ne vas pas recommencer avec ça ! Pour la dernière fois, je ne suis pas ta sœur Alec !

— Je sais que tu n'es pas ma sœur putain, je le sais bien !

Il s'emporte à nouveau, jurant dans sa barbe et marmonnant des propos incompréhensibles. Si je ne le connaissais pas, je pourrais facilement le prendre pour un homme dépassé par la folie. Un coup d'œil en biais me parvient, et la douleur que je déchiffre dans son regard me fige sur place. On dirait que quelque chose le consume de l'intérieur. Un soupir s'échappe de moi, car il est évident que je me perds dans ce tourbillon d'émotions.

— Écoute Al... je ne sais pas quoi dire ou faire pour apaiser les choses.

— Moi je sais, arrête de le voir.

Je roule des yeux une fois de plus. Bien sûr, on pouvait s'attendre à cette réponse.

— Il n'est qu'un ami Alec ! Rien de plus. Mais même si j'accède à ta demande et arrête de le voir, tu recommenceras dès que je rencontrerai quelqu'un d'autre... n'est-ce pas ? Tu ne peux pas me demander de repousser tous mes amis de sexe masculin !

Son silence ne fait que confirmer mes pensées. Je soupire doucement, sentant le poids de la situation peser sur mes épaules.

— Tu as un problème Alec. Je ne sais pas ce que c'est, mais il doit forcément y avoir une raison pour que tu agisses de la sorte. Tu dis que c'est parce que tu t'inquiètes pour moi, mais tes réactions sont totalement démesurées. Même Eden n'en arrive pas à ces extrêmes. Je pouvais l'entendre quand j'étais adolescent et que je ne connaissais rien à la vie, mais je suis une adulte maintenant. J'ai vécu 5 ans sans toi et j'ai survécu. Je vais bien. Il faut que tu me laisses vivre, que je sois avec quelqu'un ou pas ne changera rien entre nous, tu seras toujours Alec et je serais toujours ta Sweety.

— Tu veux que je te dise Swan ? C'est toi mon putain de problème.

Et sans plus de cérémonie il quitte la voiture, claque la porte, me laissant choquée et sans voix. Au moins on ne peut pas faire plus clair, message bien reçu.

Liens interdits : entre cœurs et amitiéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant