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Mardi 27 juin 2024 – Tampa - Floride

Lorsque mes frères reviennent enfin de leur événement, ils me découvrent plongée dans un duel intense de jeux vidéo avec leur ami. Une fois de plus, ce dernier est en train de fulminer parce que je l'ai encore battu. Ma danse victorieuse, accompagnée d'un tirage de langue, ne fait qu'attiser son agacement, j'en suis consciente.

— Je vois que ça s'amuse bien ici ! lâche Eden en s'effondrant sur le fauteuil tel un cachalot.

— Vu la tête d'Alec, pas sûr qu'il s'amuse vraiment, remarque Ezra en ricanant.

Hadès réplique avec un magnifique doigt d'honneur en guise de réponse, pendant que je lui propose une ultime partie pour sauver son honneur.

— Pas question que tu te trémousses encore comme une dinde devant moi en criant que tu as gagné. Non merci, j'ai déjà vu assez d'horreur pour ce soir. Pas sûr de pouvoir le supporter une nouvelle fois.

Malgré la crudité de ses paroles, je saisis parfaitement le message caché derrière celles-ci : « Si tu te mets à danser à nouveau devant moi avec ce maudit tee-shirt qui dévoile tes fesses, je ne pourrai pas me retenir. » Son regard posé sur moi est assez explicite, même si je suis la seule à pouvoir le percevoir.

Alors que la soirée avance, nous décidons de regarder un film ensemble. On se dispute un peu sur le choix du film, mais finalement, on trouve un consensus. Pendant le film, Hadès et moi échangeons quelques regards complices, comprenant les sous-entendus de nos interactions précédentes.

La nuit avance, et chacun se retire à son tour. Avant de partir, Alec se rapproche de moi et murmure doucement : « La prochaine fois, je te battrai à plate couture. » Son sourire mystérieux laisse entendre qu'il ne parle pas seulement de jeux vidéo.

Alors que je m'apprête à répondre d'une manière taquine, il me fait signe de me taire d'un geste délicat et s'éloigne, laissant planer une tension chargée de promesses dans l'air. La soirée se termine dans une atmosphère légèrement électrique, laissant présager d'autres moments intéressants à venir entre le diable et moi.

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Mercredi 28 juin 2024 – Tampa - Floride

Le lendemain matin, alors qu'Alec et moi savourons nos pancakes aux pépites de chocolats, gain de ma victoire d'hier, une ambiance taquine persiste dans l'air. Il est visiblement déterminé à ne pas perdre la face et esquisse un sourire charmeur.

— Tu sais Sweety, je ne perds jamais deux fois d'affilée, déclare-t-il en fixant intensément le sirop qui coule le long de ma lèvre.

Je lève un sourcil, un sourire malicieux naissant sur mes lèvres. D'un coup de langue, je retire le sirop, déclenchant une étincelle maintenant familière dans le regard du brun.

— Oh vraiment ? Pourtant, hier, il me semble bien que ce fût la seconde fois depuis mon retour, répliqué-je, jouant le jeu de la provocation.

Il lève les yeux vers moi, son regard pétillant d'un mélange de défi et de séduction.

— Eh bien, peut-être que tu me laisserais gagner, la prochaine fois, si je te promets un petit-déjeuner encore plus spécial, propose-t-il d'un ton suggestif.

Je plisse les yeux, feignant l'indifférence tout en laissant transparaître une lueur d'amusement.

— Tu devrais peut-être te concentrer davantage sur les jeux vidéo plutôt que sur les paris, suggéré-je en sirotant mon café.

Il ricane, apparemment appréciant notre échange de taquineries. Alors que nous échangeons des regards complices, une électricité légère flotte dans l'air, témoignant de la tension subtile entre nous. Peut-être que, quelque part, nos jeux de séduction sont bien plus passionnants que n'importe quelle partie de jeux vidéo.

Les jumeaux font leur entrée dans la pièce, interrompant brusquement nos échanges silencieux. Après quelques mots échangés, ils me font part de leur départ imminent pour le travail. Mes frères me déposent chacun un baiser sur la joue, tandis qu'Alec se contente d'un clin d'œil complice.

La journée s'écoule en compagnie de June, comme souvent. Dire que nous sommes inséparables ne serait pas exagéré. Nos journées se déroulent en symbiose, tissées de conversations, de rires partagés, et de complicité.

— Ne serait-il pas temps d'ouvrir ton cœur à Hadès, de lui révéler ce que tu ressens ? suggère-t-elle une fois de plus.

— On en a déjà discuté June, si...

— Je sais c'est Alec, Monsieur « coup d'un soir » en personne, mais, tu es consciente que tu ne pourras pas continuer ainsi indéfiniment, n'est-ce pas ?

— Et pourquoi pas ?

— Peut-être parce qu'à mesure que le temps passe, tes sentiments pour lui ne font que croître ?

— Je... je ne sais pas June. Pour être honnête, je crois que je préférerais mille fois être un simple plan cul, plutôt que de devoir tirer une croix définitive sur lui.

Le poids de l'incertitude transparaît dans ma voix. Au-delà de mon attirance et de mes sentiments pour lui, Alec demeure avant tout un ami, voire à une époque, je l'aurais même qualifié de meilleur ami.

Les souvenirs de mon enfance et de mon adolescence défilent devant mes yeux. Les parties de cache-cache où il se cachait avec moi parce que j'avais peur du noir. Les éclats de rire complices partagés quand nous tendions des pièges aux jumeaux. Toutes ces fois où il veillait à mon chevet, car j'étais malade. Les nuits entières où il écoutait mes pleurs et plaintes au sujet de ma relation compliquée avec mes parents, car mes frères ne comprenaient pas. Il m'a toujours soutenue défendue, et de mon côté, j'ai toujours été là pour lui. L'oreille attentive quand il avait besoin de se confier au sujet de sa vie de famille, qui était, il faut bien l'admettre, chaotique.

June me renvoie un regard soucieux, alors qu'elle tente de disséquer les émotions complexes qui tourbillonnent dans mon esprit.

— Comme tu veux ma biche, je veux juste ce qui a de mieux pour toi, si tu es heureuse comme ça, alors je le suis aussi.

Je lui adresse un sourire empreint de gratitude, sincèrement reconnaissante. Suis-je réellement à l'aise avec la tournure actuelle des événements ? Aucune certitude. Pour une fois dans ma vie, j'ai choisi de ne pas me perdre dans un labyrinthe de questions incessantes, préférant laisser les circonstances se dérouler naturellement, ce n'est pas pour autant que je n'y pense pas. Mais en ce moment précis, ma seule envie est de savourer chaque instant avec l'homme que j'ai toujours désiré, de le découvrir sous un nouveau jour, tant que cette opportunité m'est encore offerte.

— Au fait tu as eu des nouvelles de Caleb ?

— Non aucune, si j'en crois ce que m'a dit Marco, il a plutôt lâché l'affaire en ce qui me concerne et je le comprends. Deux tentatives et à chaque fois il a failli se faire frapper par Hadès. Et puis dans un sens, je t'avoue que ça m'arrange. Je n'aurais pas su quoi lui dire.

— Pas certaine que son objectif était de parler avec toi ma biche ! dit-elle en riant.

— Raison de plus ! Je veux bien être le plan cul d'un type, mais pas de 36 non plus.

Nous rigolons toutes les deux, apaisant la tension sur mes épaules pour un court, mais très salvateur, instant.

Liens interdits : entre cœurs et amitiéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant