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Et pourtant mon euphorie n'allait plus durer trop longtemps . Le soir même de nôtre arrivée dans ce si beau pays,  j'apprenais via un réseau social par une amie que j'avais rencontré à un vernissage avec Edgar que Dimitri , son ami et associé avait été retrouvé mort d'une balle entre les yeux

J'en étais horrifiée , apeurée et le pire de tous les sentiments que j'avais était le fait de savoir , non , d'être sûre que mon cher était le coupable de cette atrocité

Je restais en boule dans la grande chambre qui donnait sur l'écurie et laissait paraître le soleil rouge du Brésil , je pleurais

-Senhora Jazeera  ?

Je ne répondais plus à aucune servante et ma seule envie était qu'Edgar remonte et que je lui demande des explications  même si je doutais fort qu'il y en ait

Lorsqu'il montait se mettre au lit , il me trouvait silencieuse mais ne disait rien . Il entendait mes sanglots et ne faisait aucun commentaire

Moi : Pourquoi tu as fais ça , Edgar ?

Il attrapait un paquet de cigarettes sur la table de chevet , en prenait une et l'emmenait à sa bouche

Moi : Pourquoi tu as fais ça ? !

Après la peur venait en moi la rage . On restait dans le silence un bon moment et puis lorsqu'il en a jugé temps il me prenait dans ses bras me serrant aussi fort qu'il le pouvait

Edgar : Shhh...

Je ne comprenais pas d'où pouvait venir une telle haine . On ne parlait plus de tromperie , de femmes à gogo ou d'argent . Il était maintenant question  de meurtre

Moi : Tu (...) tu te rends pas comptes , Edgar !

Edgar : C'était lui ou moi . Tu comprends ?

Non je ne comprenais pas comment il avait pu

Edgar : Je devais le faire

Moi : Mais (...)  Edgar !

Il ne disait plus rien . Je restais dans ses bras , les yeux débordants de larmes et la bouche close

Je me suis endormie ainsi , sans poser plus de question . Le lendemain une servante venait nous réveiller prévenant Edgar qu'il avait la visite d'une amie a lui

Il m'embrassait la tête et se retirait du lit en s'étirant comme un lion sans rien dire

Moi : Edgar

Edgar : On en reparlera plus tard . Je vais faire à tour à l'hippodrome , je reviens avant midi , sois prête

Il quittait la pièce en quelques pas . Je restais au lit à réfléchir à ce que j'avais appris la veille

Quand je trouvais la force pour me lever et faire ma toilette je descendais prendre le petit déjeuner avec Natália la femme du cousin d'Edgar et leur fils Felipe , un petit garçon aux cheveux bouclés et peau métissée comme sa mère

Natália : Ne sois pas timide . Qu'est ce que tu mange au matin ?

Moi : Je veux bien un verre de jus d'orange

Elle faisait appeler une servante et demandait ce que je voulais . Je n'avais jamais vu une table aussi remplie pour un seul repas et autant de personnels pour si peu de gens

Natália : Ici c'est chez toi autant que chez nous . Moi je suis la parce qu'Edgar à confier la maison à Robertinho , mais ce n'est pas nôtre maison

Moi : Vous vivez où sinon ?

Natália : Moi je viens d'une famille pauvre j'ai grandi dehors avec mes soeurs et ma mère . Quand j'ai rencontré Robertinho il nous a offert une meilleure vie

Je lui souriais gentiment et avalais une gorgée de jus d'orange

Natália : J'ai vécu à Brasilia avec Robertinho et ensuite on est venu nous installer ici

Moi : Où tu as appris le français

Elle avait un bel accent qui faisait son charme

Natália : Oh ! Mon père était français , il est parti en France quand j'étais petite et il est plus jamais revenu

Moi : Ah ! Je suis désolée

Elle était très belle , comme son fils

Je me suis présentée en quelques mots et je lui ai retracé le parcours de ma courte vie

Natália : Ton père vient de l'Iran ?

Moi : Oui

Natália : Et ta mère

Moi : Elle est Bretonne

Je n'aimais plus trop parler d'elle , je lui dédiais un profond mépris malgré le fait que secrètement j'attendais un signe de sa part

Moi : Où est l'hippodrome ? 

Natàlia : À quelques kilomètres d'ici , cette année nos chevaux ont fait du super boulot . Tu aime les chevaux ? 

Moi : Je sais pas trop

Natália : Felipe adore les chevaux , não é verdade querido ? -pas vrai mon chéri-

Felipe : Sim mãe -si , maman-

Souvent je les entendait parler sans les écouter. J'étais ailleurs , c'était peut être le mal du pays , le manque aussi ou simplement la pilule qui passait pas après le meurtre de Dimitri

Je passais la matinée dans le jardin à regarder les employés courir à droite à gauche ou surfer sur internet . Peu après midi Edgar revenait avec son cousin Robertinho et une femme en tenue de cavalière

Edgar : Jazeera !

Je me relevais du transat et allait vers eux . Il faisait les présentations et voyait très bien ma tristesse et mon manque d'intérêt pour tout ces gens

Edgar : Elle a un peu de mal à s'y faire

Robertinho : C'est normal , elle a pas l'habitude

Edgar m'embrassait et demandait à son cousin de nous laisser un instant

Je savais qu'il aurait préféré que je ne sache rien mais il ne pouvait pas tout contrôler

Edgar : Je veux revoir ton sourire , Jazeera

Moi : Tu as tué un homme !! P**** !!!

Edgar : Shhh !

Il me prenait par la main et m'éloignait du jardin

Edgar : Ne répète plus jamais ça ! C'est pas ton frère qui est mort , juste un enfoiré et dans la vie et on a que ce qu'on mérite

Moi : Tu mérite quoi toi ?!

Edgar : J'aurais moi aussi ce que je mérite un jour . Pour l'instant je suis là et tant que je serais là je veux te voir sourire , Jazeera . Je t'ai pas fais venir ici pour te voir sombrer , tu comprends

Moi : Tu te rends pas compte de ce que tu as fais !!

Edgar : Je savais bien que tu n'accepterait pas cette partie de ma vie , Jazeera . T'y connais rien

Je connaissais cette partie de sa vie mais je ne pensais pas qu'il serait capable d'être monstrueux au point de mettre un terme à une vie

Dernière Danse Où les histoires vivent. Découvrez maintenant