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J'envoyais aussi de l'argent à ma grand mère qui vivait de sa petite retraite , à mon père pour mes frères et Azadeh et malgré la rancoeur que j'avais contre ma mère je ne l'oubliait pas et faisait de même pour elle

Mais je n'ai jamais eu un merci de sa part ni même un signe affectif qui pourrait me faire croire que je lui manquais . Elle , en revanche me manquait terriblement

Souvent le soir je pleurais en pensant à Camille et elle , a nos beaux moments et à nos actes manqués...

Voilà maintenant deux semaines que nous avons quittés Boa Vista pour Brasilia , nous résidions un grand appartement au 14eme étage d'une tour . J'étais heureuse d'enfin pouvoir vivre seule avec Edgar et même s'il était souvent absent j'étais heureuse , très heureuse

De temps à autre il repartait pour Boa Vista , le travail disait-il . Je ne le croyais jamais , je savais qu'il avait des soucis plein le dos . Assez souvent , tard le soir il recevait des appels incessants et il ne décrochait jamais

Moi : Pourquoi tu décroche pas ?

Edgar : Numéro privé. Rendors toi

La boxe de la chambre affichait 03h29 , je n'ai pas pu refermer l'oeil avant l'aube

Il ne me disait rien

Moi : Quand est ce que tu repars ?

Edgar : Jeudi. Je reviendrais avec Robertinho. Il va rester ici quelques temps

Moi : Pourquoi ?

Edgar : Parce que c'est comme ça. Essaie de te rendormir il est tard

Il m'embrassait l'épaule eteignait la lampe de chevet et se recouchait

Le lendemain il pleuvait pour la première fois depuis mon arrivée dans ce pays. Alors Edgar et moi restions à la maison

Edgar : Tu as appelé ton père ?

Moi : Non Il a dit qu'il essaierait de le faire lui même quand ils seront tous ensemble

J'aimais tant les avoir au bout du fil mais à chaque fois je terminais en larmes lorsque j'entendais le dernier "salam alayki wa rahmatuLlaah" de mon père

Edgar : Tu pleurera plus au prochain appel ?

Moi : Quand est ce qu'on pourrait rentrer à ton avis ?

Edgar : Rentrer où ?

Moi : Ben en France. Chez nous

Il riait et je me jetait un oreiller

Edgar : C'est ici chez nous , Jazeera. Tu t'y plais pas ?

Moi : Si mais c'est pas chez nous et je connais personne ici

Edgar : Et moi , je compte pour du beurre ?

Moi : Non tu compte pour tout

On riait et il me promettait que des que possible nous retournerions en France ne serait-ce que pour une semaine , le temps de retrouver ma famille

Edgar : Mais je veux que tu comprenne que notre chez nous , maintenant , c'est ici. Brasilia est à nous , Jazeera

Moi : On était pas venu pour rester , tes problèmes ne se résoudront pas en fuyant

Edgar : De quel problèmes tu parles ?

Moi : Tu avais prévu ton coup Edgar , tu veux fuir la justice mais elle te rattrapera

Edgar : Ne parle pas de ce que tu sais pas. Tu verras , on y retourner en France . Tu sais ce que je lui fais à la justice ?

Je ne comprenais pas comment il pouvait à ce point filer entre les doigts de la justice. Dimitri n'était pas son premier coup , je le savais , je l'avais bien compris

Edgar : Je pensais que tu avais compris le jour je t'ai demandé de me suivre qu'on ne repartirait plus

Moi : Oui j'avais bien compris

Edgar : Entaõ ? Alors ?

Moi : J'ai vraiment peur , Edgar. Qu'est ce que je ferais s'ils venaient t'arrêter ?

Edgar : Ça n'arrivera pas

Il m'embrassait et disait que je pouvais être tranquille. Il était tellement serein , tellement sûr de lui

Edgar : Toi tu t'occupe de toi même et je m'occuperais de nous deux , Ok ?

Moi : Ouais d'accord...si tu le dis

J'avais cette peur constance qu'il me soit enlevé , que toute nôtre romance s'envole d'un coup et que jamais plus je ne puisse le serrer contre moi

Mais souvent je baissais la garde et oubliais que je vivais avec un connard criminel ; parce que j'aimais ce connard

Nous passions de merveilleuses soirées dansantes où j'apprenais les plus beaux pas de danses avec lui -salsa , kizomba etc- , et où nous rencontrions de gens merveilleux. Au Brésil j'étais pas connue sous le nom de Jazeera mais de "Senhora Ramos" . J'aimais bien , ça me donnait un statut de grande demoiselle , être l'élue d'Edgar Ramos était sûrement le rêve de beaucoup de femmes que je fréquentait, elles m'enviaient toutes mais se battaient presque pour être amies avec moi

Je prenais doucement mais marque a Brasilia , je sortais souvent seule ou accompagnée d'un des hommes d'Edgar . Quelques week-end lui et moi prenions un vol privé pour une autre grande ville du Brésil comme Rio , Sao Paulo , Fortaleza, Natal . J'envoyais des cartes postal et des photos a mon père et ma grand mère maternelle espérant qu'elle les montre à ma mère

Moi : C'est magnifique , Edgar !

Nus pieds , nous marchions dans les dunes des Lençóis Maranhenses , j'étais émerveillée par cette beauté inouïe. Telle une enfant je courrais dans tous les sens évitant de me faire chopper par Edgar ; nous passions de longues minutes a rire l'un de l'autre et se chercher

Edgar : Sérieusement , tu es d'accord pour qu'il vive chez nous quelques temps , le temps que les choses se tassent ?

Je n'avais rien contre le fait que Robertinho vienne chez nous , je m'inquiétais seulement de la tournure que pouvaient prendre les choses . Il ne voulait rien me dire sur les raisons de cette venue

Dernière Danse Où les histoires vivent. Découvrez maintenant