143

40 3 0
                                    

Le médecin que j'ai eu au téléphone pense que je suis l'époux d'Atiyeh et me rassure en m'expliquant que ce n'était rien d'alarmant, qu'avec quelques comprimés et des somnifères -parce qu'elle était insomniaque, cela s'arrangerait

J'attendais patiemment devant les urgences qu'Atiyeh signe les décharges de sortie et me propose de la ramener chez elle afin qu'elle se repose. Gênée, elle m'annonce qu'elle n'a plus de toit depuis quelques jours car faute de moyen elle n'avait pu payer les propriétaires. Je ne comprenais pas, avant que Jazeera retourne en France, un an plus tôt, elle avait trouvé du travail à Atiyeh : elle faisait du ménage dans des bureaux et chez quelques familles

Moi : Tu ne travaille plus ?

Elle s'effondre en larmes devant Matob qui ne comprend pas tout ce qu'on se dit. Elle m'avoue qu'elle s'est faite virée de son poste de ménagère dans une famille iranienne et que son deuxième employeur avait refusé de lui payer son dernier mois avant qu'il ne quitte le Brésil

Moi : Mais, ne te mets pas dans cet état. Ce n'est rien

C'était désolant et je comprenais pas pourquoi elle ne m'en avait pas parler alors qu'on était souvent en contact pour prévoir les jours où elle verrait Matob

Moi : Où est-ce que tu vies alors ?

Atiyeh : Une femme me laisse dormir dans son balcon depuis avant-hier (...) je suis honteuse

Moi : Il n'y a pas de quoi. Il fallait m'en parler. On va aller à la maison, on trouvera une solution in chaa Allah

Matob prenait la main de sa mère en signe de solidarité et ils me suivaient tous les deux jusqu'à la voiture. Je ne voyais pas vraiment ce que je pouvais faire pour Atiyeh : un an plus tôt, je lui aurais pris une chambre d'hôtel où même un appartement pour quelques mois mais je ne pouvais plus me permettre d'être aussi généreux

Moi : Assieds-toi, Matob va rester avec toi et moi, je vais aller à la pharmacie prendre les comprimés

Elle acquisse et je m'en vais quinze minutes. Cette situation venait compliquer les choses, je n'avais franchement pas envie de m'occuper de quelqu'un avec tout ce qui arrivait dans ma vie mais ce quelqu'un dont il était question était la mère de mon fils. Je ne pouvais pas la laisser crever sur un trottoir

Moi : Tu dormiras dans la chambre de Matob et t'inquiète pas je te trouverais un autre emploi. En attendant, repose toi bien

Je lui tendais une tasse de thé qu'elle avala sans attendre. Quand je suis repassé dans la chambre de Matob voir si elle allait bien, elle dormait déjà profondément, pour être fatiguée, elle l'était

Matob : Elle va rester ici ?

Moi : Quelques jours. Tu peux dormir avec moi si tu veux

Il acquisse et semblait presque admiratif de mon geste. Depuis qu'il avait rencontré sa mère, il avait bien compris que je ne la portais pas spécialement dans mon cœur même si notre relation s'est améliorer et me voir l'accueillir chez nous semblait le ravir

Moi : Par contre, tu ne dis rien à mamie si elle te demande quoi que ce soit. Elle est très curieuse, tu l'a remarqué ?

Matob : Oui elle pose beaucoup de questions

Moi : Et tu ne dois pas répondre à toutes les questions. Et pareil pour Atiyeh si elle te pose des questions sur Jazeera ou sur notre futur départ pour Boa Vista tu ne dis rien

Il comprenait parfaitement. A l'heure du dîner Matob allait réveiller Atiyeh qui s'installa autour de notre table

Dans la peau d'Atiyeh

J'étais honteuse et gênée de devoir presque mendier un toit à Aghdal mais j'avais été plus que surprise de sa réaction. Il aurait tout à fait pu se laver les mains de ma situation mais il m'a gentiment proposer de rester quelques temps chez lui et je n'avais d'autres choix que d'accepter

Malgré tout ce que je lui avait fait, il n'avait pas hésité à m'aider mais je ne me faisais pas d'idées : c'était uniquement parce que j'étais la mère de Matob. Je ne représentais rien de plus pour lui. Il me regardait à peine et était assez distant physiquement...et pourtant à cet instant autour de cette table, je me suis surprise à rêver d'une famille avec lui

C'était ridicule ! J'avais eu cette famille un jour et j'ai tout gâché. Mais, je ne sais pas, depuis quelques mois, je regardais Aghdal autrement. Il était un bel homme je ne l'ai jamais nier. Il avait quelque chose, plus que de la beauté physique, je ne savais pas : un charme indéfinissable qui m'attirait mais me freinais en même temps

Aghdal : Il faut que tu te nourrisse si tu veux aller mieux

Moi : Je n'ai pas d'appétit

Je ne devais pas me leurrer. S'il était attentionné c'était uniquement parce que c'était sa personnalité. Je ne pouvais pas tomber amoureuse de lui ce serait absurde. Tomber pour la première fois amoureuse d'un homme que je connaissais depuis une décennie, avec qui j'avais vécu, que j'avais quitter par manque d'amour et par passion pour un autre. C'était absurde

Et puis lui, il m'avait détestée et maudite. Il avait refait sa vie avec une femme élégante, riche, un canon qui n'avait rien à voir avec moi. Je ne connaissais rien de leur séparation, j'avais questionné Matob mais lui non plus n'en savait rien. Il m'avait juste dit que son père l'avait quittée. Cela m'avait presque fait plaisir que ce soit lui qui l'ait quitter. C'était une jeune femme droite je pense, très gentille mais pas assez mature pour Aghdal. Je savais que leur relation ne marcherait pas. J'avais peut-être mes chances

Moi : Tu seras au bureau toute la journée demain ?

Aghdal : Oui. Vu que tu seras là, je vais appeler Maria pour lui dire de se reposer

Moi : Très bien

J'étais tellement heureuse de passer ces quelques jours avec eux. Mon malaise était bien tombé finalement

L'appartement était spacieux mais je pense qu'Aghdal ne s'y faisait toujours pas lui qui avait toujours vécu dans de grandes maisons avec des employés, de grands jardins et des tonnes d'artifices. J'avais aussi été comme ça plus jeune. C'était d'ailleurs la raison pour laquelle j'avais épousé Aghdal ; il n'y avait que la richesse qui m'intéressait mais, passée 30 ans, j'ai plus été intéressée par autant de luxe. Aghdal pouvait être pauvre, désormais, j'étais prête à l'accepter ainsi

Dernière Danse Où les histoires vivent. Découvrez maintenant