CHAPITRE 33

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ELLIE

Je tente tant bien que mal de me détendre mais je n'y arrive pas. Je suis dans un restaurant avec Lowell, cela pourrait même être vu comme un rendez-vous galant, comme si nous étions deux personnes qui se fréquentent et ont le droit de se fréquenter sans problème.

Lowell semble être dans le même état que moi. Il scrute les alentours, pose son regard sans jamais réellement se focaliser sur quelque chose en particulier.

Je suis plus stressée par le fait que j'ai osé inviter Lowell dans un restaurant que par autre chose.

Même s'il n'a pas refusé d'entrer et de venir manger, il n'a pas l'air d'être énormément ravi mais après tout comment puis-je le savoir ? C'est Lowell après tout.

J'arrive à le déchiffrer dans bien des domaines mais certaines choses restent floues.

Je lui adresse un sourire auquel il tente de me répondre mais j'arrive à percevoir le stress dans ses yeux.

J'angoisse à l'idée qu'il me trouve trop entreprenante, je sais qu'il n'aime pas qu'on le pousse ainsi mais je n'ai pas vu un autre moyen de lui donner un gros coup de pied pour le motiver à bouger un peu.

« —Cela fait si longtemps que je n'ai pas mangé dehors. » M'avoue-t-il soudainement alors que je me voyais déjà en train de le supplier de me pardonner pour avoir agi ainsi.

Je fronce légèrement les sourcils et pose mon regard sur lui.

« —Et c'est la première fois que je mange dans un restaurant. » Ajoute-t-il en s'appliquant à éviter mon regard.

Je me racle la gorge pour attirer son attention, je n'aime pas quand il est si distant. J'ai l'impression de faire 2 pas en avant et 4 pas en arrière avec lui.

Il me regarde enfin.

« —Est-ce que tu aimes au moins les gnocchis ? » Lui demandé-je.

Il écarquille ses yeux comme si je venais de lui parler en japonais.

« —C'est ce qu'on vient de commander. » Précisé-je.

Sa confusion disparait pour faire place à un certain embarras. Il hausse ses épaules.

« —Je n'en ai jamais goûté pour être honnête. » Me dit-il et je suis surprise par tous ses aveux. Lowell ne m'a jamais menti, il a toujours eu cet art de détourner la vérité ou tout du moins de la cacher mais il ne m'a jamais menti. Mais il n'a jamais été quelqu'un qui se confie non plus.

Le voir se confier ainsi, peu importe que cela soit des détails insignifiants ou non, compte beaucoup pour moi.

« —Tu verras, c'est très bon. Mon père avait l'habitude d'en faire quand Ruth était encore à la maison. » Lui expliqué-je ne voulant pas le laisser seul dans ses aveux.

Il hoche la tête puis pose son regard sur les couverts et la table bien dressée.

J'en profite pour l'admirer, pour me laisser subjuguer par cette personne qui est assise en face de moi et qui n'a aucunement confiance de ce qu'elle représente à mes yeux.

S'il pouvait lire dans mes pensées, il se serait probablement déjà enfui depuis belle lurette. J'aimerais lui faire comprendre à quel point il a de la valeur, qu'il n'a pas à se réduire et se coller cette étiquette d'interné psychiatrique.

Je refuse de le voir ainsi même si c'est la réalité parce que je suis sûre d'une chose. L'apparence n'est qu'une carapace qui ne demande qu'à être brisée.

Maladivement SéduisantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant