LOWELL
Une main se pose sur mon épaule. Je sursaute, sers les poings, prêt à en venir au main s'il le faut.
Je relève ma tête pour découvrir un homme d'âge mur, il porte un long manteau noir et une malette. Dans son autre main, il y a une boisson fumante.
Je le dévisage alors qu'il se penche un peu vers moi.
« —Ca va gamin ? » Me demande-t-il d'un air inquiet. J'essaye de cacher ce sentiment, cette douleur au coeur qui apparait face à sa question.
Ca va...
Ce que je rêve que l'on me demande depuis ses deux dernières semaines.
Bien sûr que non ça ne va pas. J'ai l'impression de vivre un enfer. Je ne dors plus, je suis toujours aux aguets.
Il me tend le gobelet fumant.
« —Tiens, c'est un chocolat chaud. Je l'ai pris dans le café du coin. » M'informe-t-il en désignant cette boutique de l'autre côté de la rue.
J'essaye d'ignorer la pitié que je peux lire dans son regard.
J'ai l'air pathétique.
J'hésite, passant mon regard du gobelet qui me fait saliver au visage rempli de pitié de son propriétaire.
Alors c'est ça de vivre dans la rue ? Subir les regards plein de pitié et mettre sa fierté de côté pour accepter le peu de bonté qu'on peut recevoir.
Mon ventre se contracte de faim, je n'hésite pas, j'attrape ce gobelet qui n'assouvira pas ma faim mais me réchauffera.
Je jette un regard sur cet homme.
« —Tu t'appelles comment ? » Me questionne-t-il comme si en acceptant cette boisson, j'avais accepté de lui livrer ma vie par la même occasion.
Je continue de le dévisager, j'ai l'air d'un sauvage alors autant jouer le jeu jusqu'au bout.
L'homme finit par hocher la tête compréhensif.
« —Essaye de ne pas trop traîner dans la rue." Me dit-il avant de se relever pour reprendre sa route.
J'avais envie de le remercier, mais je ne le fis pas.
Ma plus grande peur dans la vie est de dépendre de quelqu'un, en remerciant cet homme je lui aurais avoué qu'il m'avait fait un grand service, probablement sauvé la vie parce que si je venais à mourir dans la rue, voir pire à être embarqué à l'hôpital, je n'aurais pas survécu.
J'avale une gorgée de la boisson et ferme les yeux.
Je vérifie que mon téléphone portable est dans ma poche.
Je n'arrive pas à croire qu'Ellie m'ait appelé.
Cela m'arrache presque un sourire.
Entendre sa voix m'a fait l'effet d'une bombe. J'étais sur le point de renoncer lorsque j'ai entendu mon téléphone sonner pour la je ne sais combientième fois.
J'ai décroché parce que ce n'était pas le portable d'Ellie. Je voulais malgré moi parler avec cette personne, je voulais avoir un peu de contact humain parce que vivre dans la rue, c'est devenir transparent.
Nous sommes ce côté disgracieux de l'homme, nous sommes comme la risée de notre espèce.
Les gens ont beau tenir de très beau discours, décréter qu'il faut s'entraider, ces personnes là vont vous ignorer en vous croisant dans la rue.
En réalité, personne n'ose les regarder dans la rue de peur de les regarder d'une manière déplacer mais en réalité c'est ce que nous voulons.
VOUS LISEZ
Maladivement Séduisant
RomanceEllie Underwood vit en fonction de son frère hospitalisé. Elle préfère se réfugier à ses côtés plutôt que d'affronter les aléas de la vie. Sous ses airs de fille solitaire c'est une personne avec un grand coeur qui attend de rencontrer la bonne pers...