CHAPITRE 88

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LOWELL

Je remercie l'hôtesse d'accueil puis traverse la porte automatique pour sortir de l'établissement. Un gros soupir s'échappe de mes lèvres alors que je sens ma motivation s'amoindrir au fur et à mesure des entretiens qui passent.

Je passe une main sur mon visage puis me remets à marcher sans réellement savoir où je vais.

J'ai passé la matinée à enchaîner les entretiens d'embauche en vain. Qui voudrait embaucher un gamin de 25 ans sans expérience tout droit sortie d'un hôpital psychiatrique ? Car oui, même si je ne l'ai pas mentionné dans mon CV, le procès a fait parler de lui et il est difficile pour moi de ne pas être reconnu comme étant "Le fils enfermé dans un hôpital psychiatrique injustement"

Je peux vous dire que mon père s'en est mordu les doigts. Même si j'ai l'impression d'être celui qui en subit le plus les conséquences, je sais que la réputation de mon père a été sali par cette affaire. Après tout, c'est lui qui a décidé de la rendre publique en impliquant les médias. Je sais qu'il ne fait rien au hasard, et la possibilité qu'il l'ait fait volontairement m'est déjà passé par la tête.

Malgré tout, je ne peux m'empêcher d'être agacé après m'être fait refuser une énième fois un poste. Il ne s'agissait même pas d'un poste à haute responsabilité, je voulais simplement distribuer des prospectus dans la rue.

Je serre les dents et baisse mes yeux sur mon téléphone portable qui se met à vibrer dans ma poche. Je doute que cela soit Ellie, à l'heure qu'il est, elle est probablement en train de partager un succulent repas avec sa famille. Elle m'a proposé de l'accompagner mais j'ai préféré lui donner de l'espace, je sais à quel point ce genre de repas est rare. Elle semblait sur les nerfs depuis quelques temps, et je doute que ma présence la détende d'une quelconque façon.

Je pose mon regard sur l'écran de mon téléphone et mon coeur se compresse malgré moi. Il a beau ne pas fonctionner comme il faut, je ne peux me résoudre en m'en débarrasser. C'est le téléphone que m'a offert George et cela a beau être une relique, c'est tout ce qui me reste du con arrogant qu'il était.

Je décroche en constatant qu'il s'agit de mon paternel.

"—Oui." Lâché-je.

"—Je te dérange ?" Me questionne mon père d'un ton un brin familier.

Je balaie les alentours du regard.

"—Non c'est bon." Lui dis-je en sachant pertinemment que je n'ai pas la motivation suffisante pour continuer mes recherches d'emplois.

"—Bien. Tu as mangé ?" Enchaine-t-il.

Je lève les yeux au ciel. Il est si prévisible. Malgré tout, je ne ressens pas un certain dégoût à l'idée de partager un repas avec lui. Je sais qu'il fait des efforts et j'ai arrêté de voir la situation du point de vue d'un gamin qui a perdu sa mère mais par celui d'un adulte assez mature et responsable pour comprendre que tout n'est pas tout blanc ni tout noir.

"—Non non, on se retrouve où ?" Lui demandé-je ne voulant pas m'embarrasser d'une nouvelle question inutile.

"—Je suis en voiture. Je te prends en passant." M'informe-t-il avant de raccrocher.

Je n'ai pas le temps de l'informer de ma position actuelle mais il semble déjà la connaitre.

Est-ce un instinct paternel à la con ou une puce de géolocalisation qu'il m'a implanté dans le cou à ma naissance ?

Quelques minutes plus tard, sa voiture ralentit et il abaisse la vitre pour me faire signe de monter.

Je me glisse à l'intérieur alors qu'il fait ronronner le moteur.

Maladivement SéduisantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant