CHAPITRE 71

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ELLIE

Je fais les cents pas dans l'appartement. Mon regard fait des vas et vient entre la porte d'entrée et l'horloge mural de la cuisine.

23 heures !

Cela fait bien 6 heures qu'il est parti du tribunal sans rien dire à personne et je n'ai toujours pas de nouvelles. J'ai tenté de l'appeler en vain et je commence sincèrement à m'inquiéter.

Si jamais il lui arrive quelque chose je ne pense pas que je pourrais le supporter.

L'idée qu'il est fait sa valise pour quitter l'Etat commence à trotter dans ma tête.

Il a tendance à fuir lorsque les choses se compliquent et même si je n'ai pas envie de l'admettre, je dois avouer que cela ne me surprendrait pas de recevoir un appel de lui m'annonçant qu'il est dans un bus pour Miami.

Je suis divisée entre la peur qu'il lui soit arrivé quelque chose et la peur qu'il se soit tout simplement volatilisé.

J'ai essayé de contacter son père qui a été le dernier à le voir mais il ne m'a pas répondu non plus.

Je suis restée pratiquement toute l'après-midi au tribunal. L'avocat de Lowell est arrivé 2 heures après la disparition de celui-ci. J'ai bien cru que j'allais en passer aux mains. Il avait cet air niais au visage mais aussi de l'agacement qui n'a fait qu'alimenter la colère qui grondait en moi.

Il m'a abordé sans s'excuser, juste un simple « pourquoi vous m'avez fait venir aussi vite ? »

J'étais à deux doigts de lui mettre une claque, j'étais sur les nerfs et je le suis d'ailleurs toujours.

J'ai simplement gardé en mémoire qu'il s'agit de l'avocat de Lowell et je l'ai congédié tout en lui signalant qu'il faudra être à l'heure la prochaine fois. Je n'ai pas voulu lui confier que Lowell a disparu.

Si jamais la presse l'apprend ils vont penser qu'il s'est enfuit et qu'il a quelque chose à se reprocher, ce qui n'est pas le cas.

Je passe mes mains dans mes cheveux, me retiens de les arracher par la même occasion.

Alors que je m'apprête à attraper ma veste pour partir à sa recherche, la porte d'entrée s'ouvre.

Ma respiration se bloque alors que la silhouette de Lowell se dessine dans l'entrebâillement de la porte.

Je suis partagée entre le soulagement et la colère.

Alors que je m'apprête à prendre la parole, il fait un pas vers moi et manque de trébucher.

Je le dévisage paralysée par les pensées qui me traversent l'esprit.

Il fait un deuxième pas et tape dans la table que j'ai mise à côté de l'entrée.

« —Excusez-moi... » Marmonne-t-il en tapotant la table d'une main avant d'avancer à nouveau avec difficulté.

Dites-moi que je rêve.

Il continue de marmonner des choses incompréhensibles jusqu'à ce qu'il réalise, enfin, que je suis là.

Il s'arrête, penche sa tête sur le côté puis se gratte le haut du crâne.

« —Tu es Ellie ou tu es son ombre ? » Me demande-t-il avec un sérieux qui me trouble énormément.

Ne me dites-pas qu'il a bu !

Je continue de serrer les dents de peur de lâcher une remarque blessante.

Cela fait une demi-journée que je poireaute pour découvrir qu'il était en train de boire comme un trou !

« —Oh mon Dieu, es-tu le fantôme d'Ellie ? » S'exclame-t-il soudainement, réellement horrifié par cette possibilité.

Je déglutis puis fais un pas vers lui.

« —Où étais-tu ? » Lui demandé-je enfin.

« —Et en plus... elle parle, fascinant. » Murmure-t-il en se frottant le menton avec grand intérêt.

« —Lowell ! » M'exclamé-je mais il ne semble pas perturber.

« —Donc qui es-tu ? » Insiste-t-il en me dévisageant troublé.

Je me penche et lui attrape son bras.

Il essaye de se défaire mais il a l'air si perdu qu'il finit par trébucher par terre.

Je tiens à mettre en avant le fait qu'il n'y avait aucun obstacle.

« —Ca va en haut ? » Me questionne-t-il en levant sa tête vers moi avec un sourire amusé aux lèvres.

Je soupire puis lui tire le bras pour qu'il se relève mais il semble décidé à y rester.

« —Je vais dormir ici désormais ! C'est beau comme couleur, tu ne trouves pas ? » Me demande-t-il en tapotant le sol.

Je tiens à nouveau à mettre en avant le fait que la pièce à complètement plongée dans le noir.

La seule lumière qui éclaire légèrement est celle de ma chambre au bout du couloir. Il est donc impossible de discerner la couleur du sol.

Vois-ton de nouvelle couleur lorsqu'on est bourré ?

« —Tu sais... tu ressembles beaucoup à une fille que je connais. Elle s'appelle Ellie, tu ne saurais pas où elle est par hasard ? » Continue-t-il sincèrement perturbé par la situation.

Je ne pensais pas qu'on était Alzheimer aussi ?

Je m'accroupis pour lui parler en face à face comme à un enfant.

Il me regarde, écarquillant les yeux.

Il se met alors à toucher mes cheveux avec une de ses mains.

« —C'est vachement doux ma parole ! Très belle crinière ! » Approuve-t-il.

Il se met alors à imiter un cheval et l'idée me traverse de le laisser ici pour aller me coucher mais il ne me lâche pas du regard.

Je ne peux pas lui tourner le dos alors qu'il a besoin de moi, je lui ai promis de ne jamais le laisser.

« —Qu'est-ce qui t'arrives ? » Lui demandé-je tout en lui attrapant les bras pour le relever.

Il hausse ses épaules et commence enfin à se calmer.

Alors que nous atteignons enfin la chambre tant bien que mal, il se met à parler à nouveau.

« —Mon père est venu me voir. » M'annonce-t-il.

Je continue de le tirer, ignorant ses paroles.

Il ne fait que radoter depuis tout à l'heure.

« —Il m'a expliqué pourquoi. » Continue-t-il.

Je me stoppe puis me tourne vers lui.

Il hausse à nouveau les épaules comme si la situation le dépassait.

« —C'était bizarre. » Conclut-il avant de jeter sa veste au sol.

Il attrape le bas de son tee-shirt et le retire en quelques mouvements.

« —Bonne nuit. » Lâche-t-il avant de s'affaler sur le matelas.

Il compte réellement me laisser en plan après m'avoir annoncé que son père lui avait expliqué les raisons de son agissement.

Je relève mes manches et me jette sur lui pour le réveiller mais rien n'a faire.

Il commence à ronfler et j'abandonne.

Je me retire du lit et le regarde quelques secondes, ne sachant pas réellement quoi faire de lui.

Tout ce que je sais c'est que quelqu'un doit prendre soin de lui.

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PROCHAIN CHAPITRE: Lundi (Je pars à l'étranger tout le week-end)

Maladivement SéduisantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant