CHAPITRE 55

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ELLIE

Je passe une main dans mes cheveux alors que le directeur aussi paternel de Lowell me dévisage.

Il me dévisage puis se racle la gorge.

« —Je... Je pensais sincèrement que tu ne le savais. » Murmure-t-il en se frottant le menton.

Je détourne le regard pour ne pas m'effondrer sous son regard. Ce n'est pas possible.

Je serre ma mâchoire alors qu'une douleur dans mon torse grandit et m'oppresse. J'ai envie de pleurer, de crier, de frapper ce qui me passe sous la main.

Il n'a pas pu faire ça.

Je me relève de mon siège sous les yeux ébahis de Monsieur Nicolson.

« —Je suis désolé. Il faut que j'aille voir mon frère. » Annoncé-je en jetant des regards vers la porte.

J'essaye de masquer la panique qui s'empare de moi.

Il me fixe puis finit par hocher la tête.

Je m'empresse de quitter la pièce, c'est étouffant. Alors que je remonte le couloir, je finis par m'arrêter puis m'appuie sur un de murs. Je pose ma main sur ma poitrine et me laisse tomber par terre.

Cette douleur qui me dévorent fini par atteindre son but, je sers mes poings, frappe le sol et me recroqueville sur moi-même.

Ce n'est pas possible. Je suis en train de rêver.

Je me mords la langue pour ne pas crier de rage.

Je n'en peux plus.

Ce qui me faisait tenir jusqu'ici était le l'idée que je pouvais toujours aller le voir à l'hôpital, que je savais où il était. Mais ce n'est plus le cas.

Lowell a finalement pris son envol. C'est ce que je voulais depuis bien longtemps mais pas de cette façon.

J'ai l'impression de m'être prise un couteau en plein dos sous son rire.

Je peux presque le voir dans ce couloir sombre. Sa silhouette qui fait vibrer mon coeur, ce sourire qui me donne envie de les dévorer jusqu'à en mourir.

J'ai envie de me frapper pour penser à ce genre de chose. Même s'il a pris la fuite, je continue de le voir comme un ange tombé du ciel.

Je cligne des yeux pour les vider de toutes larmes. J'essuie mes joues du revers de ma main et me relève.

Je regagne l'accueil et aperçoit Alicia qui quitte l'établissement, ses parents l'encadrant tels deux molosses qui assurent sa sécurité.

Je détourne le regard et rejoins Ruth dans sa chambre. Je ne brise pas le silence de la pièce et me contente de le pousser un peu pour me faire une place sur son lit.

Il ne me parle pas de mes yeux rouges et mes joues baignées de larmes.

Je ne lui parle pas du verre brisé par terre et de la télécommande éparpillée sur le sol.

Nous nous contentons de fixer le sol face à nous.

Je finis par lui attraper la main et pose ma tête sur son épaule.

« —Qu'est-ce qu'on a fait pour mériter ça Ellie ? » Me demande-t-il soudainement d'une voix chargée d'émotions.

Je ferme les yeux pour contrôler mes sentiments.

« —On est peut-être fait pour être seul je suppose ? » Lui proposé-je.

Il soupire comme si ma réponse ne lui convenait pas.

C'est peut-être le destin qui nous alarme, nous conseille de rester seul.

« —Du moment qu'on est ensemble tout va bien. » Déclare-t-il.

Je tapote sa main alors qu'il tourne légèrement sa tête vers moi.

« —Que s'est-il passé avec Lowell, je pensais que tout allait bien ? » Me demande-t-il.

Je déglutis.

« —Il n'est plus à l'hôpital. » Lui annoncé-je.

Il fronce ses sourcils, ne comprenant pas.

« —Tu veux dire qu'il t'a abandonné la minute où il a quitté l'hôpital ? » Me questionne-t-il.

Je secoue ma tête négativement.

« —Nous n'étions même pas ensemble. Il m'a juste repoussé et s'est enfui de l'hôpital il y a quelques jours. Je n'ai plus aucune nouvelle de lui. » Lui expliqué-je.

Il écarquille les yeux.

« —Tout ça à cause de toi ?! » S'exclame-t-il.

Je hausse les épaules.

« —Je ne sais pas, je ne sais plus ce qui se passe dans sa tête pour être honnête. Je ne le reconnais plus. » Avoué-je.

« —Pourtant il avait l'air d'être plutôt bien accroché à toi. » Me dit-il peu convaincu.

Je le dévisage.

« — Il venait souvent me parler de toi, il n'était pas direct mais je n'étais pas bête. La plupart du temps il ne venait pas pour taper la causette. Il voulait en apprendre plus sur toi. » Me raconte-t-il.

« —Lowell était loin d'être normal. » Soupiré-je.

« —Mais tu l'aimais. » Ajoute Ruth après un long silence.

J'acquiesce d'un geste de la tête.

« —Tu devrais rentrer chez toi. Je peux très bien me débrouiller avec Alicia. » M'annonce soudainement mon frère.

Je lui jette un regard pour m'assurer qu'il est sincère.

« —J'ai fait avancé des examens à aujourd'hui pour m'occuper l'esprit. » M'explique-t-il.

J'ouvre la bouche pour lui répondre.

« —Fais-moi plaisir, rentre chez toi et repose toi, tu fais peur à voir. » Me conseille-t-il.

Je lui jette un regard noir mais finis par lui sourire.

« —Tu es sûr ? » Insisté-je.

« —Sûr et certain, mais ne pars pas pendant une semaine. Ne reviens pas tous les jours si tu ne peux pas mais essaye de venir quand tu peux s'il te plait. » Me demande-t-il.

J'acquiesce.

« —Ce sont des examens de quoi ? Cela va bien se passer ? » Lui demandé-je en quittant son lit.

« —Examen de routine, ne t'en fais pas. » Me dit-il.

Je le fixe puis lui adresse un sourire.

« — À demain alors. » Lui dis-je avant de quitter la pièce.

Je passe tout le trajet du retour à compter le nombre de voiture vertes qui croisent mon chemin pour m'occuper l'esprit.

Je suis si fatiguée émotionnellement que je mets du temps à réaliser que je suis déjà arrivée et que le chauffeur me hurle dessus pour attirer mon attention.

Je secoue ma tête et m'excuse avant de régler la somme.

Je quitte le taxi, embarrassée de m'être laissé aller de la sorte et réprimandée comme une enfant.

Alors que je cherche mes clés pour ouvrir la porte d'entrée, je réalise alors quelque chose.

Je pénètre dans mon appartement, lâche mon sac et jette ma veste. J'attrape mon téléphone portable, le coeur battant et les doigts tremblant.

Le prénom qui s'affiche assèche ma gorge.

Je colle mon téléphone sur mon oreille dans l'espoir de l'entendre décrocher.

Les bips retentissent dans mon oreille alors que je croise les doigts.

Décroche Lowell s'il te plait.

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PROCHAIN CHAPITRE : Jeudi

Maladivement SéduisantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant