CHAPITRE 69

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LOWELL

Je dévisage Ellie qui me fixe avec insistance, l'espoir brillant dans ses pupilles que je continue de me battre contre mon père.

Une partie de moi partage son point de vue. Mon père ne mérite pas de s'en tirer ainsi. Il a blessé de nombreuses personnes durant sa carrière mais il ne s'agit pas des autres, il s'agit d'une tout autre histoire.

Il s'agit d'un gamin capricieux qui a conduit sa mère dans les bras de la mort prétextant l'innocence de l'enfance comme seul excuse.

J'ai beau essayé de me remémorer ces moments de grandes solitudes, de tristesse absolue quand mon père m'enfermait dans ma chambre pendant des jours, de la pâté comme simple nourriture. J'ai beau essayé de nourrir cette colère en moi, c'est comme si j'étais arrivé à un stade où tout cela ne m'importe plus.

Une partie de moi me chuchote à l'oreille qu'en poursuivant ainsi je ne fais que me diriger dans sur ses traces, vers une existence dirigée par la haine et la vengeance.

Je sais que je suis plus mature que tout cela.

Mais avant tout chose, l'élément qui me bloque le plus est le fait que je ne suis pas innocent dans l'histoire. J'avais beau être un enfant pendant l'incident, j'ai enlevé à mon père la femme de sa vie. Pour certain cela peut paraître ridicule de pousser la vengeance pendant plus de 10 ans mais vous ne savez pas ce que c'est ce vide absolu. Peu de personne trouve leur âme soeur et mon père l'avait trouvé. Je lui ai enlevé sans scrupule et depuis je suis le rappel constant de cette femme qu'il avait aimé de tout son coeur.

C'est bien pour cela que je n'avais jamais essayé de me défendre jusqu'ici. Je trouvais cela normal de subir ses atrocités, parce que cela me rassurait, cela me permettait de nourrir ce sentiment de regret, de remord qui me pourrissait de l'intérieur.

C'était un équilibre parfait, il me détestait et j'accueillais à bras ouverts cette haine qui me faisait du bien. Je n'aurais pas supporté de voir mon père m'aimait après cela, je ne l'aurais pas mérité.

Je sais que cela peut paraitre assez masochiste mais des fois la souffrance est la meilleure des libérations.

Je continue de détailler du regard la femme de ma vie dans les yeux. Je peux voir la flamme de la colère dansée dans ses iris, m'attirant à la rejoindre.

J'imagine perdre Ellie à tout jamais et je sais à nouveau pourquoi je doute.

J'ai toujours vu mon père comme le méchant mais il a souffert dans l'histoire. Il a certes poussé le bouchon un peu trop loin mais il a souffert.

Voilà pourquoi j'hésite.

De là à briser sa carrière et sa vie, la seule chose qui lui reste désormais.

On m'a toujours dit : ne fais jamais ce que tu n'aimerais pas qu'on te fasse.

On fait tous des erreurs dans la vie.

Et c'est à cause d'Ellie que j'hésite.

Auparavant j'aurais probablement achevé mon père sans réfléchir parce qu'il m'a appris à ne pas penser avec ses émotions or Ellie m'a apporté cette dose d'humanité.

Et je viens de réaliser que je lui ai enlevé une partie de cette humanité puisqu'elle est en train de m'encourager à détruire la vie de mon père.

Je voudrais probablement détruire la personne qui oserait lui faire du mal mais il faut qu'elle comprenne qu'il s'agit de mon père.

Que malgré tout, il m'a offert un toit, des cahiers neufs à chaque rentrée, des vêtements à ma taille et de la nourriture.

Maladivement SéduisantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant