Maladivement Séduisant

CHAPITRE 51

ELLIE

Nous restons enlacés alors qu'il continue de me raconter sa terrible histoire.

« —Nous avons passé la nuit dans ce bar puis mon père m'a laissé, il est parti sans se retourner. Je pensais qu'il m'avait abandonné et pour être honnête je ne lui en voulais pas. Je savais que je le méritais, je comprenais pourquoi il pouvait me détester autant au point de vouloir ne plus me voir. Je suis resté seul dans ce bar, j'ai regardé les gens rirent autour d'une bière ou d'un vin chaud. J'étais prêt à rester ici jusqu'à ce que je meurs de faim simplement parce que je ne méritais pas que l'on vienne m'aider. Je me voyais vieillir sur cette chaise jusqu'à la fin de ma vie. Puis mon père est revenu en fin de matinée. J'ai appris par la suite qu'il avait passé toute la matinée à chercher ma mère. J'avais mal au cœur, j'avais envie de moi aussi périr dans cette avalanche pour ne pas affronter les conséquences de la plus grosse connerie de ma vie. J'ai toujours honte, j'ai tué ma mère Ellie. » Me dit-il avant de couper sa respiration.

Je lui caresse la nuque et tente de le rassurer mais je n'y arrive pas. Je suis bouleversée par ce qu'il vient de me dire. Depuis l'âge de ses 13 ans, depuis plus d'une décennie il vit avec ce remord, cette honte.

Je le serre plus fortement contre moi. J'aimerais lui dire que tout ira bien, j'aimerais lui dire qu'il s'agit du passé mais j'ai peur de paraitre idiote en lui répétant ce qu'on a dû lui dire il y a 10 ans de cela.

Il se recule légèrement de moi puis plante son regard dans le mien.

Je fais un effort considérable pour ne pas baisser les yeux face à l'intensité qui traversent les siens.

« —Tu comprends pourquoi je ne mérite pas que tu t'inquiètes à ce point pour moi ? Tu comprends pourquoi j'ai toujours tout fait pour te dégoûter, pour te repousser ? Tu ne devrais pas éprouver quoique ce soit pour un type qui a tué sa mère. » Me murmure-t-il d'une voix calme mais étrangement effrayante.

Je déglutis puis secoue ma tête négativement.

« —Tu n'étais qu'un enfant Lowell, ne te pourris pas la vie pour une erreur passée ! » M'exclamé-je.

Il baisse sa tête.

« —Donc puisque j'étais un enfant, cela rend l'acte acceptable ? » Me demande-t-il en relevant sa tête pour me regarder à nouveau.

Je cligne des yeux, décontenancé par le dégoût que je peux lire dans son regard.

Il est clairement dégoûté de lui-même. Je pense même qu'il se déteste encore plus qu'il ne déteste son père.

J'attrape sa main que je caresse doucement.

« —Quel acte ? C'était une erreur, ce n'était pas prémédité. » Insisté-je en essayant de lui faire comprendre qu'il peut s'aimer malgré tout.

« —Comment fais-tu pour me défendre même après la vérité ? » Me questionne-t-il à moitié surpris, à moitié horrifié.

Je presse ma main sur la sienne.

Les bruits de la ville nous entourent et pourtant j'ai l'impression que nous sommes seuls.

« —Parce que je sais reconnaitre quelqu'un qui mérite qu'on le déteste et une personne qui a vécu une tragédie malgré lui. » Lui expliqué-je d'une voix calme et concise.

Il secoue sa tête négativement.

Il ouvre sa bouche, sûrement pour me répéter à quel point il ne mérite pas cela mais je ne lui laisse pas le temps.

« —Ecoute, il est temps que tu acceptes le passé Lowell. Je ne sais pas ce que tu attendais de moi en me racontant cela mais il est absolument hors de question que je te tourne le dos et te traite comme un moins que rien comme l'a fait ton père. Ton père est dicté par la colère, il est bloqué dans le passé. Je t'invite à vivre dans le présent. A te décrocher de cette colère, de ne pas faire la même erreur que ton père. » Lui proposé-je en essayant de paraitre crédible.