28 juillet 2017 (M)

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Mathieu – 26

Il est temps pour nous de quitter Montréal. Je n'ai pas spécialement envie de rentrer en France. Je sais que m'y attend une somme conséquente de décideurs économiques, avides de conseils que je leur facture sans ménagement. A la rigueur, ce serait une agréable distraction, après ces quelques jours qui ont largement bouleversé ma vie personnelle.

D'ailleurs, je crois qu'il serait bon d'emmener Nathan en voyage, à New-York par exemple. Je ne sais pas s'il a des obligations. Je crois qu'il apprécierait. Reste tout de même à penser à Andy. Je ne peux décemment pas lui proposer de subtiliser encore de son temps de tournage pour rester avec moi. Evidemment, officiellement, Helix m'appartient. Est-ce une raison pour autant pour l'empêcher de tourner ? Assurément pas.

Le meilleur moyen reste d'en parler à chacun d'entre eux. A commencer par Nathan, qui trouvera sans doute une solution. Pour le moment je reste allongé sur le lit, sans omettre les quelques livres qui se trouvent là, tous commencés simultanément. Je n'avais jamais réellement su lire un ouvrage du début à la fin sans qu'un autre ne soit commencé. J'aime entremêler des genres, des registres, des histoires, parfois sans liens entre elles.

Pour le moment, je me concentre sur la philosophie. Le petit échange d'hier sur la domination m'a donné envie de me replonger dans la pensée de haute voltige. Je ne fais pas les choix les plus faciles d'ailleurs, reprenant les grecs. N'est-ce pas un bon moyen de prendre du recul sur ce que nous vivons ?

Je lis, je me pose des questions, je n'y réponds évidemment pas, ou parfois je note quelques intuitions sur un carnet dédié. Il est si banal que personne ne le regarde, personne ne l'ouvre, personne n'envisage même qu'il puisse être à moi. Pourtant il contient tous mes doutes, toutes mes pensées, positives ou négatives, toutes mes réflexions cycliques qui tournent dans mon esprit et le tourmentent.

Je suis tellement absorbé que je n'entends pas Nathan qui rentre et vient s'asseoir en face de moi. Il ne dit rien pour le moment, je sais qu'il aime me regarder, comme ça, sans raison, sans parler. Cela ne me gêne pas, c'est peut-être aussi ça l'amour. C'est en pensant ce mot, le mot, que je lâche mon livre. Nathan me regarde, souriant.

Je l'aime, je lui ai déjà dit. Mais je crois qu'à cet instant, je viens de penser à un tout autre sentiment. Je l'aime profondément, intimement, sincèrement. Je suis amoureux. Vraiment amoureux. Nathan vient poser ma main sur mon visage :

« Tu es encore plus séduisant quand tu es pensif, chéri.

— Je t'aime.

— Moi aussi Mathieu, sourit-il.

— Non mais vraiment, Nathan, je suis amoureux. Je suis totalement amoureux de toi.

— Tu veux dire que...

— Oui, Nathan, oui, je t'aime, je t'aime comme tu m'aimes.

— Mat...

— Je veux qu'on parte à New-York, tous les deux. Qu'on profite de ces instants ensemble.

— Tu es merveilleux ».

Suprême Mathieu - S.M. (B&B)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant