Suprême Mathieu - S.M. (B&B)

30 juillet 2017 - suite (S)

Suprême – xxxii

Je ne lui en veux même pas. Je me demande simplement ce qu'il avait bien pu m'écrire. Et en même temps je me demande sérieusement si j'ai seulement envie de le voir. D'avoir une explication. Parce qu'au fond je ne suis pas sûr qu'il sache exactement pourquoi je suis parti. Ou bien pense-t-il que je lui en veux d'avoir dominé Arthur et Eliot. De m'avoir emmené là-bas. Alors qu'en réalité j'ai profondément remis en cause la façon même dont ma vie évoluait depuis une semaine. Depuis qu'il est revenu dans ma vie, en somme.

Quelques dominants viennent me voir de temps à autres pour en savoir plus sur moi et sur la manière dont je dirige ces clubs. C'est intéressant, parfois, de prendre du recul sur sa carrière. La plupart d'entre eux est accompagnée d'un soumis, plus ou moins jeune. Mais à chaque fois, les soumis ne sont pas du tout dans une posture passive face à eux. Je vois bien que leurs duos sont différents. Qu'il y a un équilibre au fond. Bien sûr, avec moi, je les sens plus dominés, sans doute par respect de l'inconnu et de mon statut ici d'hôte.

Me voyant ainsi entouré, je perçois Arthur au loin revenir vers moi avec, dans son regard, une pointe de défi. Il faut dire que je l'ai remplacé en une heure. Paisiblement, il passe au milieu des quelques personnes qui m'entourent et vient s'installer à côté de moi :

« Merci Suprême de cette découverte, j'ai hâte de tenter l'aventure de la domination – protection, me lance-t-il avec un regard bien trop osé pour être réel.

— Avec joie Arthur, je suis convaincu que tu trouveras ici un homme cherchant à être protégé qui saura t'accompagner dans cette perspective.

— Pour être un bon protecteur, il faut aussi être protégé, ne croyez-vous pas ?

— Nous ne sommes pas chez les psychologues tu sais, qui ont leur propre psy, et ainsi de suite, dis-je, non sans faire rire les duos qui assistaient malgré eux à cette discussion.

— Je pensais plutôt à commencer par être protégé, rigole-t-il aussi.

— Je comprends mieux. Mon club te sera toujours ouvert, je te le garantis. Même quand je serai de retour en France ».

Je vois autour de moi l'air surpris des différents invités. Oui, évidemment, j'avais remarqué qu'Arthur me faisait une proposition à peine voilée. Mais je n'ai aucune envie de m'engager dans une telle nouvelle relation. J'ai déjà assez à gérer entre ceux, à Paris, qui me font des déprimes, ceux à San Diego qui me manquent et ceux ici même qui font n'importe quoi.

« D'ailleurs, je vais sans doute partir, après tout mon vol est dans l'après-midi et je risque d'avoir besoin de quelques réserves de sommeil.

— Je vais vous suivre, dit simplement Arthur.

— Bonne soirée les amis, au plaisir de vous croiser en Europe ».

Je ne suis pas sûr de croire à ma propre phrase mais peu importe. Arthur me suit et, avant de sortir, me saisit le bras :

« Je pourrai au moins vous recontacter ?

— Tu peux. Si tu as besoin de conseils, répondis-je en lui donnant mon numéro.

— Merci. Eliot rentre aussi, me dit-il. Votre ami est complètement ivre. Il a gardé son numéro en le saisissant sur une conversation Messenger, c'est pathétique ».