17 février 2014 (S)

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Suprême – v

Depuis que j'ai quitté les salles de marché, on ne peut pas dire que la finance me manque. Au contraire même. Mais je manque d'occupations. Alors je continue malgré tout mes vieux réflexes d'investisseur, rencontrant de multiples potentiels partenaires pour des projets sans grande cohérence. Et je profite accessoirement de la vie SM la nuit. Après une journée avec des créateurs pour une agence de mannequinat, je crois que j'ai bien le droit de me détendre.

Je pousse la porte d'un des rares clubs SM de Montréal qui ne m'appartient pas, et suis immédiatement accueilli par le propriétaire. Il me reconnaît et semble se réjouir de ma venue. Il n'y a aucune concurrence entre nous. Nous sommes compétiteurs, évidemment, mais en bonne intelligence. Lui aussi vient parfois d'ailleurs. Et je pense que nous le faisons pour la même raison : ne pas avoir à être épié de tous les côtés parce que, précisément, nous sommes les patrons des lieux.

Il m'accompagne à l'intérieur, m'offre un Long Island et me précise que ce soir il y a bien davantage de doms que de soumis. Les quelques présents sont avec des habitués. Je les vois me regarder avec envie, mais je ne chasse jamais dans les propriétés privées. Tant pis, je peux au moins discuter avec le patron. Et peut-être avec d'autres. D'ailleurs, il me fait un signe discret pour me montrer un jeune homme, plutôt mignon d'ailleurs, qui ne cesse de me regarder. Un dominant, hélas. Mais peu importe. Le patron me donne deux shots, pour cet autre dom et moi.

Il s'approche, et prend directement la parole :

« Dommage que tu sois si dominant, tu es terriblement séduisant.

— Moi, dominant ? ironisai-je.

— Aucun doute, et nul besoin de voir tes bagues, ton bracelet ou quoi que ce soit d'autre. Tes yeux sont les meilleures illustrations. Nathan, et toi ?

— J'espère bien. Mathieu, dis-je en buvant mon shot.

— Il n'y a pas grand monde de libre ce soir, c'est dommage...

— Très, répondis-je de manière neutre pour continuer à susciter son intérêt.

— A part toi...

— C'est ça. Quel dommage que ces dominants soient tant à cheval sur leurs pratiques...

— Pour toi, je suis prêt à faire un peu de vanille.

— Un peu ?

— Ben, une pipe quoi. Ca te dit, j'ai mon hôtel à deux pas.

— Tu penses que je me déplace pour si peu ?

— C'est déjà pas mal, tu crois pas ? me lance-t-il, visiblement vexé.

— Il suffit que j'allume mon portable pour avoir une fellation, merci ».

Il boit son shot, en commande un autre, qu'il avale aussitôt. Il me regarde de plus en plus intensément. Je suis sûr que je l'intrigue autant que je ne l'agace.

« Et si je te propose un rapport vanille complet, tu dis toujours non ?

— Tu deviens intéressant alors. Pas la peine de te dire que je suis actif.

— J'avais compris. Versa et dominant, ça n'est pas incompatible tu sais.

— Pas avec moi en tout cas.

— J'ai saisi, juste du vanille ».

C'est ce que tu crois.

Suprême Mathieu - S.M. (B&B)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant