Suprême Mathieu - S.M. (B&B)

30 juillet 2017 - suite (S)

Suprême – xxxi

« Arthur. Cette chanson, c'est ?

— Absolument magnifique. Intimiste, comme tout à l'heure. J'ai pensé que ce pourrait vous détendre. J'ai remarqué qu'elle vous avait plu tout à l'heure.

— Merci. Merci de l'avoir remarqué. Nous l'écoutons et nous y allons ».

Il acquiesce puis vient s'asseoir tout à côté de moi. Nos épaules se touchent. Mais je ne dis rien. Après tout, je me demande si j'ai encore des comptes à rendre. Je me lève et tends ma main vers lui. Il la saisit timidement. La porte se déverrouille grâce au videur qui est de l'autre côté. Point de musique tonitruante ce soir, juste une foule qui se dérobe lorsque nous avançons. Il faut dire que certains font très rapidement le lien entre le poster qui est affiché dans un coin de la salle et mon visage.

J'interpelle le gérant que je vois non loin de la scène. Sa bouche se déforme en comprenant que j'étais là et, aussitôt, il se précipite vers nous :

« Suprême... Je ne pensais pas que vous étiez à New-York... Si j'avais imaginé...

— Ne vous inquiétez pas, je n'attendais pas une arrivée grandiose.

— Excusez-moi Monsieur, bonsoir, dit-il à Arthur qui se met à rougir.

— Est-il possible d'avoir la table à côté de vous ? demandai-je poliment, n'ayant pas réservé après tout.

— Bien sûr Suprême, vous êtes chez vous, voyons ! Votre compagnon et vous pouvez vous installer là-bas.

— Euh, je ne suis pas... comment dire... bafouille Arthur.

— C'est un ami, mais peu importe, merci » souris-je.

Nous nous installons et je vois combien Arthur est gêné. Au moins ai-je la confirmation qu'il n'essaie pas de profiter de la situation pour me séduire. D'une main large, je lui montre ce qu'est, chez nous, la domination – protection. D'un côté, un couple est en train d'écouter un jeune confier ses difficultés. D'un autre, un master propose à son soumis une myriade de vêtements. Ailleurs, des jouets sont à disposition. Pour ceux sexuels, personne n'a l'autorisation de les utiliser à la vue de tous, c'est la règle absolue. Personne n'a le droit d'être nu. Il n'y a pas de démonstrations dans mes clubs. Je commente tout cela à Arthur, qui m'écoute religieusement.

« Et si vous deviez me protéger, comment cela se passerait-il ?

— Rien à voir avec ce que tu as vécu avec Nathan. Rien de sexuel, du moins au début. Reste la domination, évidemment, ce qui conduit le protégé à conserver la posture de soumis, au sens physique et moral. Mais dans la dévotion et l'admiration au maître, il y a surtout une écoute attentive, réciproque.

— On n'est pas l'objet du maître, alors...

— Pas du tout. Jamais même.

— C'est vrai que les soumis n'ont pas l'air prostrés ici, contrairement aux clubs que nous fréquentons avec mon frère habituellement...

— Chacun a sa vision du SM, je respecte tout le monde. Tu atteindras sans doute plus facilement ton sous-espace dans la domination traditionnelle. Mais un maître protecteur créera un espace commun, ce qui est préférable à mes yeux.

— Vous en parlez avec une telle passion...

— A quoi bon, sinon, avoir créé tous ces clubs... »