24 juillet 2017 - suite (M)

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Mathieu – 13

L'initiative me fait particulièrement plaisir. D'autant plus qu'elle émane en réalité de la majorité des salariés, et non seulement d'une poignée d'acteurs. Il y a une convivialité chez Helix que j'ai toujours connue avec Keith. Je ne suis donc pas surpris. Je les suis dans la salle dédiée aux prises de vues, et appelle mon chauffeur pour qu'il m'apporte mes affaires. J'ai pris soin de plier dans ma valise la cape, ainsi que d'y mettre une version réduite du sceptre.

Quelques sourires échangés par mes trois hôtes avec le reste de l'équipe leur permettent de comprendre que j'accepte leur proposition. Je suggère que nous prenions deux versions de la photographie : une publique, qui fera l'objet d'une vaste promotion, et une privée, pour nous, peut-être plus dénudée pour eux, et surtout bien plus vêtue pour moi. Tout le monde accepte, enjoué. Je pourrais presque me plier avec joie à l'effeuillage à vrai dire... Je jaugerai l'ambiance tout à l'heure.

Le photographe nous installe. Le fond est bleu nuit, sublime. Le logo d'Helix est parfaitement visible. Je ne veux pas, pour l'instant, que les marques de mes autres activités soient associées. Il s'agit bien d'un changement de propriétaire, pas d'une absorption. La première photo est très traditionnelle, un acteur de part et d'autre, et trois accroupis devant nous. Nous sourions autant que possible, nous amusons même à faire quelques grimaces, agaçant gentiment le professionnel. Celle-ci sera la photo officielle, tout le monde en costume, le mien détonant grâce au violet.

Peu à peu les acteurs dévoilent des morceaux de peau, et peu à peu la photo devient censurable pour les moins de dix-huit ans. Quelques autres acteurs nous rejoignent, et je dois confesser que j'apprécie leur compagnie. Bien sûr ce sont des éphèbes, mais se dégage réellement une belle ambiance. Une bienveillance réciproque. J'ai une idée de photo, que je souffle à l'oreille de l'apollon de gauche. Il éclate de rire, et me dit qu'il n'imaginait pas une seule seconde que j'accepterais une telle posture.

Alors tout le monde se met en place. Les plus costauds sont debout, et les plus musclés juste dessous. Les minets, frêles, sont assis devant, en tailleur. Quant à moi, j'attends patiemment sur le côté. Quand ils pensent être prêts, je m'avance. Pas à pas. Je pose d'abord mes jambes, puis mon dos. Un à un ils prennent possession d'une partie de mon corps pour que je puisse tenir. Et ça fonctionne ! Je suis à l'horizontale, soutenu par une dizaine de jeunes hommes acteurs de charme. Le fantasme de bien d'hommes gays. Les clichés pris, ils me relâchent doucement. L'un d'eux ne lâche pas ma main. Andy. Il me regarde dans les yeux et sourit. Moi aussi. Il se baisse et entame une sorte de révérence. De mon index, je relève son menton et... nous sommes interrompus par le photographe, qui suggère de prendre un cliché. Nous acceptons.

C'était sans compter mon chauffeur qui vient d'arriver, me tendant mes instruments. Je revêts rapidement la cape sur mon épaule droite et saisis le sceptre dans la main gauche. Andy sourit, et prend contre lui la tête du sceptre. J'enfile la chevalière marquée de mes initiales et reprend la pose. Tout le monde nous regarde. La bonne ambiance n'a pas disparu, au contraire. Il y a simplement une flamme de plus qui semble s'allumer dans les regards. Une confiance toujours aussi forte, toujours aussi puissante. Mais qui prend une forme nouvelle. Keith s'est complètement effacé, peut-être avec un pincement au cœur qu'il soit ainsi déjà remplacé. Il ne pouvait en être autrement.

Suprême Mathieu - S.M. (B&B)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant