Suprême Mathieu - S.M. (B&B)

31 août 2017 - suite (M)

Mathieu - 49

Le son de cette balle qui part. Ce n'est pas possible, ce n'est pas envisageable. Je n'ai pas mal, je ne sens rien. Simplement ce son, encore et encore. Pourtant nous sommes collés. Pourtant j'entends geindre quelqu'un. Et ce n'est pas moi. Si ce n'est pas moi, et ce n'est pas lui, ce ne peut être...

Andy. Andy. Derrière moi. Il est là. Je sais qu'il est là. Mais je ne sais pas s'il est debout. Je ne sais pas comment il est. Comment il va. Ce coup de feu. S'il ne m'a pas touché, c'est qu'il ne me visait pas. Je suis arrivé sur sa droite. Il avait son revolver dans sa propre main droite. Il ne me visait pas. Andy.

Le temps est si long. Je n'arrive pas à me retourner. Pourquoi ? Pourquoi n'arrivai-je pas à regarder derrière moi ? Est-ce parce que mon inconscient me l'interdit ? Parce que je ne devrais pas voir ce qui se trame dans mon dos ? Mon esprit perd le fil de la réalité, et mon corps ne répond plus.

Là, en une seconde, pour la première fois, je ressens une douleur. Une vive décharge dans le ventre puis sur le crâne, avec son pistolet. Max vient de me mettre un coup dans le ventre. Avec mollesse, mais suffisamment bas pour que mes organes génitaux soient eux aussi touchés, me menant à terre en aussi peu de temps qu'il me faut pour le penser.

La douleur est étourdissante, comme si j'avais inhalé une drogue ou un breuvage étrange. Pourtant, ce n'est qu'un coup de poing dans le ventre. Du moins je crois. Et mon crâne me lance. A terre, complètement abîmé, je ne parviens même pas à lever les yeux vers mon agresseur. J'entends simplement une masse qui me rejoint au sol, non loin de moi.

Les yeux fermés, le sol tremble, du moins dans mon esprit. Cette masse... Nous ne sommes que trois. Trois dans cette ruelle. Ce ne peut être qu'Andy, qui vient de s'écrouler avec moi. Ce n'est pas possible. Je ne peux pas le perdre. Personne n'a le droit de me l'enlever. Pas encore une fois. Par ma faute.

J'essaie de rassembler mes forces pour ouvrir les yeux et réagir. Je dois sauver Andy. Impossible, je suis complètement assommé. Je m'en veux. Je m'en veux de ma faiblesse. Je m'en veux d'être suffisamment con pour laisser mes proches sans protection. Andy, je t'en supplie, si tu arrives à percevoir ce que je suis en train de ressentir, par pitié, n'abandonne pas.

Je t'ai dit que je serai là. Je te le promets. Je vais te sortir de là. Tu ne peux pas me quitter. Et cette pensée me donne un peu de force, j'arrive à plisser les yeux pour commencer à entrevoir le monde extérieur. Oui, des formes se distinguent. Enfin. Je sens une main sur mon épaule.

« Mathieu... Tu m'entends ? S'il te plaît, réponds moi ! »

Je connais cette voix, par cœur. Mais ce n'est pas Andy. Bastien, il faut que tu sauves Andy, vite. C'est ce que j'essaie du moins de lui dire. Sa main renforce sa poigne sur mon épaule, il me secoue doucement.

« Andy. Protège Andy ».