15 août 2017(S)

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Suprême – xlv

Andy n'a pas vraiment saisi pourquoi nous n'avions pas à nous réveiller tôt aujourd'hui, mais seul le résultat compte visiblement. Je le vois endormi contre son coussin, la bouche légèrement entrouverte pour laisser reposer son nez délicat. J'aime son nez. Il est d'une certaine finesse. Ses sourcils sont légèrement froncés, sans doute parce que j'ai froissé la couette en bougeant. Il a le sommeil léger.

Après avoir préparé un sommaire petit-déjeuner, j'installe le plateau à côté du lit. Evidemment, la dernière fois que cette scène s'est produite, c'était avec Nathan. Non pas que je pense encore à lui, mais dans un sens j'ai peur. Peur de reproduire le même schéma et, ainsi, d'encore finir seul, tout en faisant du mal à Andy. Et je ne le veux pour rien au monde.

Je me replace donc doucement dans les draps et je sens son corps chaud me chercher. Ses mains baladeuses terminent sur mon torse et sa tête ne tarde pas à rejoindre mon épaule. Depuis mon aventure dans mon ancien appartement, c'est paradoxalement Andy qui ne supporte plus que je sois hors du lit quand il y est.

Cette réflexion m'a d'abord fait penser aux enfants que l'on n'a pas su habituer à dormir seul. Puis j'ai regardé cet ange endormi. Et je me suis rendu compte que ce n'était pas un enfant, mais tout de même un cadeau. Alors j'ai décidé de prendre soin de lui. De le protéger autant qu'il voudra bien me laisser le faire.

Sa respiration chaude m'impose mon rythme cardiaque. Je me synchronise avec lui, tout en prenant ses doigts délicats pour les placer sur mon cœur. Je veux qu'il sente mon organe battre. Battre pour lui. A force de petits gestes, c'est finalement moi qui tombe de nouveau dans un sommeil léger.

Mon réveil, sans doute quelques dizaines de minutes plus tard, est assez plaisant. Je sens les mains d'Andy posées à deux endroits stratégiques : la première enserre mon sexe et la seconde ne cesse de masser mon fessier ; et ce sans avoir encore pris la peine de relever sa tête de mon épaule. Je sens cependant un souffle différent, quand il ouvre la bouche : « Bonjour, mon amour ».

Ces mots à peine prononcées, Andy sursaute, surpris par ses propres propos. Il se relève dans le lit. Ses mains me quittent pour rejoindre sa bouche. Ses yeux se remplissent peu à peu de larmes. Ses lèvres forment un O de terreur. Avant même qu'il ne commence à se confondre en excuses, c'est moi qui agis.

Je prends chacune de ses mains avec les miennes pour mieux entrelacer nos doigts. Mes yeux dans les siens, sans aucun mot, je le rapproche de moi. Et de la même manière qu'il me disait ne vouloir que ses lèvres sur les miennes, voici son vœu exaucé. Sans doute rassuré, Andy vient coller son torse au mien et essaie de s'introduire dans ma bouche. Nos langues, qui n'avaient que trop peu pris connaissance l'une de l'autre rattrapent le temps perdu.

Son nez collé au mien, tout autant que son front, nos regards se cherchent malgré leur forte proximité.

« Je veux bien être ton amour. Même si tu n'imagines pas ce que cela signifie ».

Amour. Nous avons fait l'amour cette matinée. Plusieurs fois.

Suprême Mathieu - S.M. (B&B)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant