24 juillet 2017 - suite (S)

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Suprême – xi

« Je n'ai aucune garantie, Mathieu, de ce que vous m'avancez.

— Aucune garantie ? Vous vous moquez de moi j'espère ? J'ai fondé le réseau de clubs LBGT et SM le plus puissant de la planète, sans compter les différentes entreprises dans le mannequinat, la mode, le luxe et, surtout, le conseil. Elles sont toutes flamboyantes et vous osez me dire ça ?

— J'aime vous taquiner, Mathieu.

— Donc, combien, Keith ?

— Ce n'est pas de chiffres dont je veux parler. Votre prix sera le mien. Je veux que l'on aille ensemble au studio ».

J'ai compris. Il veut s'assurer une dernière fois que tout se passera tel qu'il le souhaite. Je peux le concevoir, je crois que j'agirais de la même manière à sa place. Je me lève. Il semble surpris que je ne réponde pas mais appelle son chauffeur. En quelques minutes, nous voici arrivés. L'inverse des studios pornographiques habituels : le logo est affiché sur les murs, n'importe qui pouvant savoir ce qui se trame ici tant les photos des modèles sont immenses. La porte est gravée des initiales du studio, HS. Bientôt, se rajouteront SM.

Nous entrons, et les portes s'ouvrent une à une devant nous. Jusqu'à la dernière, qu'il se refuse de saisir. C'est à moi de le faire. Il y a une réunion d'équipe avant une série de tournages. Les plus grandes stars de la pornographie américaine sont là. Je n'ai pas de manteau, pas de sceptre, rien qui ne laisse entendre que je suis dominateur ou même de ce bord. Keith veut me tester.

Je saisis la poignée. J'ai rarement été aussi enflammé de l'intérieur. Un bonheur immense qui irradie. Je la tire et les lumières se font aveuglantes. Mais j'avance. Mon costume trois pièces, violet, s'assombrit aussitôt. Je l'avais acheté pour ça. Le brouhaha qui régnait jusque-là s'éteint. Je suis face à une quarantaine de jeunes hommes, eux-mêmes assis devant quelques trentenaires qui leur prodiguaient quelques conseils. Keith est toujours dehors. Moi j'avance. Pas un seul ne cesse de me regarder, de me dévisager.

Je souris légèrement, crispé, délibérément. Il y a au deuxième rang quelques minets, ces acteurs qui ont tout juste dix-huit ans et qui, pourtant, ont souvent vécu plus que la majorité de leurs aînés. Ils sont avides. Au fond, quelques regards méfiants. Probablement les plus dominants. Je serre la main des réalisateurs et scénaristes, qui se rassoient de surprise. Je saisis la chaise qui était de côté, la tourne vers les acteurs et m'appuie contre elle. « Bonjour dear all ».

Keith me rejoint à ce moment-là. Il regarde les plus jeunes, qui ont les yeux baissés face à moi. Une sorte de malaise s'est installée dans la salle, c'est hilarant. Il me regarde tel un enfant qui a réussi. Il voit la même chose que moi. Qu'ils n'ont qu'une envie, être à leur place. Keith fait le tour de ses acteurs et me fait constater de temps à autres des érections au creux des pantalons de ces jeunes hommes. Il revient à mes côtés, et lance, d'un air vif :

« This is your new boss, the new owner, Mathieu.

— Glad to be... », dis-je en jetant ma main en hauteur, paume vers le haut, ouverte.

Tous les garçons tombent un genou à terre. Comme d'habitude. Keith sourit.

« At my home, henceforth ». 

Suprême Mathieu - S.M. (B&B)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant