Suprême Mathieu - S.M. (B&B)

31 juillet 2017 - suite (S)

Suprême – xxxvi

Après avoir déjeuné, nous sommes allés nous balader sur la côte, assez classiquement. Il n'y avait quasiment personne, sans doute en raison du début de semaine. La température est pourtant propice à la nage, tel que me le rappelle Andy. Pendant que nous marchions, mon esprit ne cessait de penser à la phrase qu'il m'avait écrite. Comment puis-je être le seul à ne pas le voir uniquement tel un acteur porno ?

Il y a chez lui une réelle blessure narcissique, une fragilité peut-être. Son intimité réduite à néant, il doit exister par d'autres moyens. Et surtout dépasser la seule image facile de ses qualités sexuelles. Ce serait mentir que d'affirmer qu'autour de cette image ne gravitent jamais des envies, des fantasmes, des idées reçues. Evidemment que, moi non plus, je n'y ai pas échappé.

Mais Andy est plus que tout cela. Je l'ai aperçu depuis le début. Son excentricité n'est que le voile pudique qu'il jette sur le cœur de sa personnalité, et c'est tout ce qui le rend attirant à mes yeux. Nous avons discuté de nos parcours respectifs, de la manière dont nous sommes arrivés jusqu'ici. Puis je l'ai invité à aller à son rendez-vous qu'il n'avait pas pu décaler. Pendant ce temps, j'essaie de joindre Bastien :

« Bonjour Bastien, dis-je sobrement.

— Mathieu, mais que se passe-t-il ?! Pourquoi Nathan est rentré sans toi ?!

— Je crois que nous nous sommes trompés. Lui et moi, mais toi et moi, aussi.

— Trompés ? demande-t-il perplexe.

— Je ne veux plus être avec lui.

— J'imagine que tu m'expliqueras plus tard ?

— Peut-être bien.

— Et... Pour nous, que se passe-t-il ?

— Il n'y a pas besoin de formaliser la partie dominatrice de notre relation, Bastien.

— Pourtant, c'est utile, ça me fait du bien, tu comprends, c'est...

— Non, Bastien. Nathan a pensé que c'était utile. Pour mettre de l'ordre entre nous. Mais non, on n'en a pas besoin. Ce n'est pas en actant l'existant que les choses changeront. Tu es à moi, et je te protègerai toujours, tu le sais.

— Dans ce cas, notre baiser, quand tu...

— L'aurai-je fait sans domination ?

— Je crois, oui...

— Alors, à quoi bon ? En revanche, cela n'arrivera sans doute plus.

— Que se passe-t-il, Mathieu ? En toi, au plus profond de toi, demande-t-il après un léger silence.

— Je redécouvre ce qu'est réellement apprendre à connaître quelqu'un. Et j'aime ce temps.

— Où es-tu ?

— A San Diego. Avec Andy. Et avant que tu ne le demandes, évidemment, c'est bien lui qui me plaît. Il n'y a pas de promesses, pas d'exigences. Nous vivons tous les deux une nouvelle aventure. Il a sa vie d'acteur pornographique, avec tout ce que cela signifie au niveau amoureux et sexuel. J'ai la mienne, encastrée dans une forme de domination qui n'est pas toujours comprise.

— Et tu as un passé, Mathieu. Et il n'est pas si simple. 

— Sans commentaire, s'il te plaît ».