Suprême Mathieu - S.M. (B&B)

1er août 2017 (M)

Mathieu – 37

Je me réveille, l'esprit complètement ailleurs. Je me réveille... Le soleil se couche, je le vois au-travers des baies vitrées. La vue est réellement magnifique. Donc je suis en train de me réveiller au crépuscule ? Quand il apparaît, j'oublie ce problème. Dans le silence, je vois un petit sourire apparaître. Je détaille ses traits, légèrement tirés autour des yeux. Ma main rejoint sa joue, et je vois une lueur en leur sein.

« Coucou, toi, chuchote-t-il.

— Pourquoi tu as l'air si triste ?

— J'ai eu juste un peu peur, ne t'inquiète pas.

— Il ne faut pas.

— Quand quelqu'un comme toi éclate en sanglot avant de faire un malaise, si, je m'inquiète, Mathieu.

— J'ai fait un malaise ?

— Oui, une chute de tension. Le médecin m'a dit que ce n'était rien de grave. Mais tu dois t'hydrater et manger bien davantage que tu ne le faisais.

— Mais je vais prendre du poids, grognai-je.

— C'est un peu le but.

— Je te crée des problèmes décidément.

— Ne dis pas de conneries. Je me suis permis de prévenir Bastien.

— Oh non, il va s'alarmer en permanence maintenant, râlai-je.

— Il sait que je compte prendre soin de toi.

— Merci pour ça, Andy. Tu n'es pas obligé, et puis je dois rentrer en France.

— Tu ne prends pas l'avion sans examens complémentaires, ordres du médecin.

— Génial, soufflai-je.

— Tu es mignon quand tu es grognon.

— Vil flagorneur, lui rétorquai-je pendant que lui me regarde avec tendresse.

— Peut-être bien.

— Je te dois une explication, malgré tout. J'avale mal ma salive. Son départ m'a ravagé.

— Ne dis rien de plus, Bastien s'est permis de m'expliquer.

— Soit, mais tu ne sais pas que Stéphane a eu un accident parce qu'il avait surdosé ses médicaments. Ses antidépresseurs, précisai-je en m'allongeant de nouveau.

— En effet, lâche Andy, à peine audible, alors que ses genoux tombent à terre, son visage arrivant ainsi à mon niveau.

— Si j'avais davantage fait attention à lui, si je ne l'avais pas abandonné ce soir-là, j'aurais pu le sauver ».

Evidemment, les images me reviennent en tête. Ce policier et ce pompier, entrant dans mon bureau, aux mines défaites. Et moi, devant les courbes de la Bourse, je n'avais pas tout de suite compris. Mon esprit peu à peu rend les armes mais je ne pleure pas. Je frotte mon œil, regarde le bout de mes doigts, rien d'humide.

« Le médecin t'a administré un léger décontractant. Tu étais tellement tendu que, même évanoui, nous t'aurions blessé en te montant ici.

— D'accord.

— Pourquoi gardes-tu, seul, tout le poids de ce secret ?

— Ce n'est plus le cas, tu es là, toi.

— C'est vrai » remarque-t-il en venant m'embrasser très légèrement sur la joue.