Suprême Mathieu - S.M. (B&B)

21 juillet 2017 - suite (S)

J'abandonne Bastien qui est visiblement complètement perdu. Je fais signe à Dorian de me suivre à l'étage. Cette salle m'a longtemps servi pour les séances de domination. Aujourd'hui, elle permet d'animer des réunions d'ampleur, tout en contemplant le reste de la ville.

« Je veux parler à Suprême, à mon maître, s'il vous plaît, me lance Dorian sans détour.

— Dans ce cas...

— Je sais ce qu'il faut, je sais où vous les rangez, dit-il en ouvrant l'armoire.

— Comment le sais-tu ? demandai-je.

— C'est écrit dans ma chambre, commente-t-il en posant sur mon dos le manteau et en me tendant de nouveau, comme il le fit, mon sceptre.

— Parfait, chiot.

— Je peux vous poser une question, Suprême ?

— Je t'écoute.

— Je vous ai déçu, j'ai été un mauvais soumis, c'est pour cela que vous ne souhaitez plus que nous nous voyions ?

— Tu vois dans quel état tu es, chiot ? Ta posture de soumis te fait souffrir à cause des bleus laissés par les coups. Ta présence à mes côtés t'a fait prendre des risques que je ne souhaite plus reproduire.

— C'est Mathieu qui me répond, pas vous, Suprême.

— Justement, je dois te protéger. Et si dans la vie civile les conditions ne sont pas remplies, je dois trouver d'autres moyens.

— En m'excluant de votre vie ?

— En désassociant nos vies, plutôt.

— Et qui va me protéger ? Qui va me protéger du reste du monde, de moi, si vous n'êtes plus là ? ».

De moi. Il a touché un point sensible. J'ai toujours pensé que les soumis recherchaient cette condition par nécessité, pour contrôler leur moi intérieur profondément tourmenté. Ce n'est pas qu'un mode de vie, c'est une nécessité existentielle. Et je consens qu'il lui sera difficile de trouver réponse à ses inquiétudes, y compris dans mes clubs.

« Je ne t'ai jamais dit que tu devrais quitter mon univers, tu restes et resteras toujours soumis à ma personne, ici et dans mes soirées.

— Et le reste du temps, je serai seul confronté à moi-même ».

Il n'a jamais levé les yeux au cours de cet échange. Je comprends son désarroi. Mais je ne peux pas le mettre en danger à l'extérieur pour le protéger à l'intérieur. Ce serait désastreux.

« Dorian, regarde-moi.

— Suprême, je ne veux pas être abandonné, me dit-il en levant lentement la tête.

— Tu ne le seras pas. Je suis prêt à te faire rejoindre mes réseaux. A te trouver une place dans un club s'il le faut.

— Mais vous ne serez plus là.

— Je serai toujours là, puisque tu seras à moi. Tu es prêt à renoncer au reste de ta vie actuelle pour être totalement intégré dans la vie SM ? Réfléchis-y. Tu as 3 heures ».

Joignant le geste à la parole, je l'attache aux différents instruments que j'ai activés juste avant. Le voici complètement enfermé, les yeux bandés, la bouche bâillonnée. Dans son sous-espace.