Suprême Mathieu - S.M. (B&B)

15 juillet 2017 - suite (S)

Suprême – ii

Il n'y a que lui qui a le droit de me regarder. Il marche sur mes pas. Il me rejoint. Bastien est en face de moi désormais. Un genou à terre, mais sans que nos yeux ne se soient quittés. Il n'y a pas de défiance dans son regard, il n'y a que du respect et de l'admiration. Il vient au plus près de moi, pose ses lèvres sur ma joue, et dépose le long manteau sur mes épaules. Un manteau violacé, dont l'intérieur est en hermine. Le mélange idéal entre la royauté et l'empire.

La musique reprend doucement. Un mélange de violons et d'une voix stridente. Je suis l'un des seuls à aimer ce genre de morceaux. La douceur, le calme même, y sont rois, puis, d'un coup, d'un seul, l'orchestre se lève comme un seul homme pour les rompre pendant quelques secondes. C'est un peu ça, ma vie ici. Je fais régner le respect, je les protège, mais je les domine aussi parfois.

« Levez-vous »

Bastien sourit. Il sait que je viens de créer la confusion dans l'esprit de mon assistance. Ce sont les doms ou les soumis qui doivent bouger ? Je n'attendrai pas des siècles, ils le savent. Alors un premier dom tente. Et Bastien réagit. Le fouet claque si proche d'une de ses jambes que sa surprise le ramène à terre. Les autres ont compris. Les soumis sont debout devant moi.

« Ce soir, vous n'avez qu'un maître ».

Aucune réponse. Ils sont là, ils attendent, les yeux baissés évidemment. Ils acquiescent de la tête, sans qu'aucun son ne sorte de leur bouche.

« Que celui qui s'en sent capable vienne ici ».

Ma phrase à peine terminée qu'un jeune blond court devant mon estrade. Il doit avoir vingt ans, tout au plus. Il porte un jockstrap et un harnais. C'est parfait. SuprM est marqué sur son épaule. Ne serait-ce que cette vue pourrait réveiller mon excitation. Mais je sais me contenir. Bastien lui tend l'objet. Un sceptre, surmonté d'une tête de tigre, marquée SM. Il le prend du bout des doigts et attend, les yeux baissés. Il tombe à genoux, en position de soumis, une main derrière le dos, la seconde levant le plus haut possible le sceptre. Je le saisis. Les dominateurs osent regarder la scène.

Mon autre main se rapproche du menton du jeune soumis, pour que ses yeux croisent les miens. Mon regard brûle littéralement quand enfin nous nous regardons, à tel point que je vois une étincelle s'allumer chez lui. S'il avait eu peur, je l'aurai giflé et envoyé croupir au fond de la salle. Non, lui, il sait. Mon sceptre lui tombe sur le dos, il retient un gémissement. Une fois, deux fois, dix fois. Il ne dit rien. Bastien semble impressionné. Pas moi. Il se montre juste digne.

« Ici, chiot ». A quatre pattes, le blond se pose au plus près de moi, aux pieds de mon manteau. Le sceptre fend l'air, les yeux du tigre s'illuminent en rouge. Les soumis retombent à terre, les doms se lèvent. Ils ont désormais le droit de s'amuser. Moi, j'ai trouvé mon soumis pour ce soir, c'est tout ce qui compte. Quant à Bastien, il a repéré des petits nouveaux pas encore tatoués. Parfait. J'aime quand mon club se remplit. Satisfait, je caresse la tête de mon soumis, qui se met à ronronner comme un chaton heureux qu'on s'occupe de lui.