BLOOM ALVES
LAS VEGASOn avait bien picolé hier après-midi avant d'aller se coucher vers dix-neuf heures.
Ce n'était pas une bonne idée parce qu'en plein milieu de la nuit, la température corporelle d'Abel avait été assez intense pour me réveiller.
Sa joue posée juste en dessous de mon sein, est brûlante. Je passe une main sur son front, le constat est le même. Abel a la fièvre.
Une légère vague d'inquiétude me prend les tripes alors que je me redresse le plus délicatement possible.
Abel lâche un gémissement plaintif et semble réveillé.-Tu te sens bien ? Je dis en tendant la main vers la veilleuse.
-Non, n'allume pas, sa voix est enrouée. J'ai un peu mal à la tête. C'est rien.Sa tête se pose sur mes cuisses. Je grimace à cause de la chaleur. Va-t-il réellement se comporter comme un idiot ? Comme « un vrai homme » ?
-Tu es brûlant Abel, je lâche en passant mes mains sur son visage.
-Mmh, il marmonne.
-Abel, lève toi. Il faut que tu prennes quelque chose pour calmer la fièvre, je lui intime d'une voix douce.
-Non ça ira. Ne t'inquiète pas, je vais pas mourir.***
-Je vais mourir, il gémit dans les oreillers.
Il est dix heures, Abel est réellement malade mais refuse que je l'accompagne à l'hôpital et préfère se lamenter sur son sort.
-Abel, allez on va aux urgences, je dis encore. Il refuse encore. Okey, de toutes façons tante Perla arrive et-
-Abel ?!Je lève les yeux vers la porte de la chambre. Lana entre et se précipite vers son frère. Il lâche un juron et marmonne dans sa barbe.
-Mais tu as de la fièvre, elle dit
-Ça je savais, merci, il dit d'une voix cassée. J'ai mal à la gorge, mon nez est une pagaille monumentale et ma tête joue au tamtam. Ça c'est important.Même dans cet état, il trouve le moyen de faire de l'ironie. Sa voix est cassée et son nez est bouché donc le mélange avec l'ironie est ridicule.
C'est pas sympa de rire. Je sais.
-Mais pourquoi tu refuse d'aller à l'hôpital ? A moins que ce soit-
-La ferme Lana, il la coupe.Elle lâche un rire et pose ses yeux se pose sur moi.
-Il ne va jamais y aller. Il faut attendre tante Perla pour qu'elle lui trouve un médecin à domicile, Lana me dit en essayant de garder contenance.
Je meurs d'envie de savoir mais je n'ai pas envie que ce soit elle qui me le dise. J'imagine l'histoire bien gore qui se cache derrière ce problème. Abel est un homme plein de mystères.
-Bloom ?! Abel ?!! La voix de tante Perla appelle.
-On est en haut ! Je crie.
-Bordel, toute la bande se ramène maintenant, Abel grogne.Tante Perla débarque quelques secondes plus tard avec Samra. Cette dernière reste en retrait tandis que la tante d'Abel avance dans la pièce.
-Comment tu te sens ? Elle lui demande tout de suite.
-J'ai pas envie de répéter. Vous me fatiguez encore plus, il dit en se redressant.Il reste bloquer quelques secondes en voyant sa mère puis repose ses yeux sur sa tante.
-Très bien, j'appelle un médecin. Un des vieux ami de ton père d'ailleurs, elle dit en sortant son téléphone.
-En espérant qu'il ne cherche pas à me tuer lui aussi, Abel marmonne en se recouchant sur mes jambe cette fois ci.Alors que tante Perla passe son appel, je me passe mes mains dans ses cheveux. Il est encore plus fiévreux et un léger voile de sueur recouvre son front. Son souffle chaud se dépose sur ma peau. Il respire par la bouche le pauvre.
Il a les yeux fermés et sa peau est pâle. Il est déshydraté malgré la quantité d'eau que je lui ai fait boire. Mes doigts passent distraitement dans ses cheveux alors que j'écoute distraitement les conversations autour.
Abel est surmené ces derniers temps. La menace qui plane constamment au dessus de nos têtes l'épuise plus qu'il ne le laisse paraître. Il veut avoir les yeux sur tout mais c'est beaucoup trop pour lui seul.
De plus, il semble y avoir d'autres choses qu'il garde pour lui. J'étais bien consciente que le retour de sa mère l'avait bousculé mais j'étais certaine que cela avait rajouté de la complexité à la situation.
-Il doit avoir de la grippe, la voix de Samra résonne.
Je lève tout de suite la tête en même temps que tout le monde. Elle semble un peu gênée. Je jette un regard à Abel qui a ouvert les yeux puis les repose sur elle.
-C'est possible. Il bouge tellement ces derniers temps, je réponds.
Samra reste sa mère. Même si je n'ai pas en encore eu l'occasion de la connaître, je sais déjà qu'elle est très gentille et douce. Je ne sais pas ce que Abel compte faire et je sais qu'il ne le sait pas lui même.
Personnellement, je serai tellement heureuse de retrouver un jour ma génitrice que je n'y réfléchirais sûrement pas. J'ai toujours su que le moment venu, je serai confrontée à cette partie si flou de ma vie.
J'ai trop attendu mes parents pour les repousser si ils reviennent. Si il ne revienne pas, je les trouverai pas. Je me sens obligé de savoir à qui je ressemble le plus, de qui je tiens mes yeux et mes cheveux de jais.
Mais j'avais peur en réalité. Charli l'avait fait mais elle avait découvert que sa mère était morte d'un cancer et que son père s'était volatilisé. Il lui avait fallu du temps pour s'en remettre.
Je me demande si Abel voudrait m'aider. Ça serai plus simple et rassurant.
Je n'ai aucune idée de ce qui se passe lorsque Samra s'assoit juste près de nous. Abel se tends légèrement lorsque sa main se pose sur son front.
Samra paraît aussi troublée que lui. Ses yeux marrons sont brillants. Je peux deviner la tristesse derrière ce simple geste.Puis, étonnamment, lorsque sa main quitte le visage de son fils, ce dernier la rattrape pour la remettre ou elle était.
Il ne la lâche pas. Aucun enfant ne lâche réellement sa mère en réalité.
Présente, nous sommes toujours dans leurs jupes. Absente, nous passons notre temps à l'attendre. Et peut importe le temps qu'elle passe dehors, lorsqu'elle revient, il nous est impossible de lui résister.
Je rends alors compte que cela fait vingt trois ans que j'attends la mienne et que je l'attendrai peut-être pour toujours.
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ℙ𝕆𝕊𝕊𝔼𝕊𝕊𝕀𝕆ℕ 𝔹𝕐 𝕆𝔹𝕊𝔼𝕊𝕊𝕀𝕆ℕ
RomansaBloom Alves, une jeune americaine d'origine colombienne, à un train de vie sans présence masculine depuis sa dernière relation qu'elle a mal vécu. Jusqu'à lui. Quelque chose de puissant et destructeur s'installe entre eux. Quelque chose où quitte...