LV

7.4K 316 8
                                    




BLOOM ALVES
LAS VEGAS

-Ne lui fais pas de mal Abel.

Abel ne réagit pas à mes mots. Il est toujours dans la même position, les main dans les poches de son pantalon sur mesure. Ses yeux sont toujours posés sur Alfredo encore inconscient.

Le lendemain même de ma petite escapade avec Charlie, ce dernier avait été ramené dans le sous sol du lust par les hommes d'Abel.

D'après eux, ils n'avaient pas eu à faire quoique ce soit. Il s'était laissé faire. À mes yeux, ce n'était qu'une preuve de plus de sa loyauté et de son honnêteté envers moi et l'organisation.

-Je n'en avais pas l'intention au contraire, j'avais même une proposition à lui faire, Abel me dit d'une voix calme.

Sur le sol froid de la pièce, Alfredo commençait à sortir de l'inconscience. Je ne réplique pas aux derniers mots d'Abel. Son ton m'avait bien fait comprendre que je verrai dans quelques instants de quoi il s'agissait.

La «R» se déroulait le soir même. Abel n'avait eu qu'un laps de temps pour prendre une décision dont personne ne connaissait l'issue.

Une chose était sûre, cette soirée déterminera la suite des événements. En bien ou en mal ? C'était la seule question que je me posais.

Alfredo se redresse avec un gémissement de douleur. Les yeux d'Abel ne le quittent pas alors qu'il se met en position assise. Ceux d'Alfredo, en nous reconnaissant, se voilent étrangement. Aucune émotion n'est visible sur son visage.

-Lève toi, la voix grave d'Abel fouette le silence de la salle.

Alfredo obéit aussitôt. Mon homme avance d'un pas tandis que je reste en retrait.

-Tu sais pourquoi tu es ici ?
-Oui, il réponds d'une voix parfaitement audible.
-Qui es-tu ? Abel lui demande d'une voix presque autoritaire.
-Alfredo Florès chargé de la zone B4 à l'ouest de Vegas, il répond avec vigueur.

J'ai presque l'impression de voir des hommes de l'armée. Abel en supérieur et Alfredo en comme un simple soldat. Jamais je n'aurais imaginé que c'est comme ça que cela se déroulait.

Le respect et le ton solennel avec lesquels ils communiquaient ne donnaient place qu'au respect. J'avais affaire à un tout autre Abel.

-M'as-tu toujours été loyal ? La question est claire et lourde de menaces silencieuses.
-Toujours, le tom d'Alfredo est sans appel.

Abel tourne autour de lui comme un lion, imperturbable. Alfredo reste droit et n'esquisse aucun mouvement. Même son visage semble figé.

-As-tu déjà eu l'occasion de me prouver ta loyauté ?
-Non.
-Je vais t'en donner une. Considère ça comme un marché que tu dois absolument honorer.
-Oui.
-Ce soir tu te rendras à la « R » comme ci je ne t'y avais jamais envoyé. Tu observeras, écouteras et ensuite, tu viendras me reporter les informations que tu penses essentielles. Tu seras ma taupe, Abel explique d'une voix portante. Si tu réussis, je te donnerai la possibilité de disparaître ou de rester dans mes rangs avec un grade supérieur. Si tu échoues, tu seras traité comme un perdant et les perdants meurent toujours.

Comme ci il s'y attendait, Alfredo reste stoïque et dit un « Oui » d'une voix forte et neutre. Pourtant dans le fond de ses iris marrons, je peux voir la crainte grandir tout doucement. 

-Il n'y aura aucun renfort. Ce sera toi, eux et ton destin, Abel continue. Juice !

La grande porte en métal grince puis Juice entre en poussant un chariot en inox devant lui. Un verre d'eau et une pilule y sont simplement déposés. Le bras droit les donnes simultanément à Alfredo qui avale tout sans rechigner.

-Si la pensée de fuir ou de retourner ta veste te prend, rappelle toi que tu es tracé. J'ai été assez clair ? Abel finit.
-Oui, son pion répond en déglutissant.
-Bien.

Comme ci il venait de conclure un contrat, Abel lui tends la main. Alfredo l'empoigne tandis que dans ce même lapse de temps, leurs regards ne se quittent pas.

Abel pivote sur lui même puis vient vers moi. Il me tends son bras que je saisis avant qu'il ne nous emporte à l'extérieur laissant Juice s'occuper de la suite.

Cependant, je ne pus empêcher mes  yeux de se poser une dernière fois sur Alfredo qui avait entre ses mains, bien plus qu'il ne le pensait.

***

Il était minuit passé. Nos meilleurs amis et nous mêmes, étions tous au penthouse.

Les garçons, aussi calmes qu'ils essayaient de paraître, ne tenaient pas en place. Ils enfilaient verres sur verres et joints sur joints.

Quant à moi, assise près de Charlie qui sirotait une coupe de vin blanc, mes yeux restaient braqués sur l'écran d'ordinateur qui affichait la localisation d'Alfredo.

Nous n'avions aucunes informations de plus. Abel avait tenu à ce que cela se fasse dans la plus grande discrétion. Personne à part nous et Juice n'était au courant de ce qui se passait.

Lana était à une fête, tante Perla et Samra dans leurs suites à l'hôtel d'Abel et Karrueche sûrement complètement épuisée et déjà entrain de dormir. Tout le monde faisait sa vie.

Je prends une autre gorgée de mon verre de blanc puis je me lève pour aller près d'Abel dont les yeux ne quittaient pas la ville qui s'animait, derrière la baie vitrée.

Il m'attrape par la main avec un petit sourire. Il était certes impatient mais pas tendu. Il était même plutôt calme.
Le cannabis avait bien agis.

Abel me tire contre son torse puis repose son front sur mon épaule avec un soupire. Ses mains posées sur mes hanches m'agrippent un peu plus.

Je ne saurais combien de temps passe avant que Charlie ne voit le la localisation d'Alfredo changer et que le téléphone d'Abel se manifeste presque aussitôt.

Abel n'y passe que quelques secondes. À peine dix minutes après, ils nous annoncent leurs départs.

C'est dans un étreinte rapide que Abel me dit de ne pas l'attendre. Puis, aussi vite que ça, ils sont partis.

Je prends une légère inspiration pour lui dire de vite revenir mais celle-ci reste coincée dans ma gorge.

Une heure plus tard, quand je vais me coucher, le lit me paraît bien froid.



  ***

ℙ𝕆𝕊𝕊𝔼𝕊𝕊𝕀𝕆ℕ 𝔹𝕐 𝕆𝔹𝕊𝔼𝕊𝕊𝕀𝕆ℕOù les histoires vivent. Découvrez maintenant