ℙ𝕆𝕊𝕊𝔼𝕊𝕊𝕀𝕆ℕ 𝔹𝕐 𝕆𝔹𝕊𝔼𝕊𝕊𝕀𝕆ℕ

LV

BLOOM ALVES
LAS VEGAS

Je suis réellement épuisée.

Bientôt trente minutes que j'étais réveillée. J'avais gardé la même position, la joue contre le torse d'Abel encore endormi, les yeux vers les rideaux fermés.

Le soleil se levait à peine. La chambre était encore plongée dans une légère obscurité.

J'essayais de donner du sens à toute cette histoire. Mon esprit restait lamentablement accroché sur la fine chance que cela ne soit qu'un malentendu pour ne pas perdre pied.

Je ne sais pas comment que je me sens vis-à-vis de ça. Le fait que Karrueche est pu me trahir engendrait une sorte d'instabilité dans ma tête.

En me réveillant, je me sentais triste avec le coeur lourd. Le fait que tant d'années d'amitié est pu devenir qu'un simple coup vent.

J'ai senti mes yeux s'embuer puis, je me suis rappelé à quel point sa trahison était profondément enfoncée en moi. À quel point c'était douloureux au point de se transformer en haine.

À quel moment avait-elle commencé à me détester à ce point ? Qu'est ce qui avait bien pu se passer dans ce laps de temps ou elle s'est retournée contre moi ?

Aucunes réponses ne me venait à l'esprit. Rien ne parvenait à expliquer ce qu'elle faisait mais tout me disait que j'allais finir par avoir mes réponses qui seraient sans doutes ses derniers mots. Avec ou sans le consentement d'Abel.

Sa réflexion était parfaitement rationnelle. Attendre, cerner sa tactique puis la prendre sur le fait.

Mais moi je n'étais pas rationnelle. À aucun moment je ne réfléchirais pour agir. Je ferrai ce que mes émotions me dictent en bien ou en mal.

Cependant, l'envie de savoir comment elle nous avait eu et ce en quoi consistait sa trahison me taraudait l'esprit.

C'est l'une des seuls raisons pour lesquelles je le motivais à faire redescendre cet excès qui montait dangereusement.

Heureusement que je l'avais un peu délaissé au profit de Charlie. Je n'avais donc pas eu de vrai conversation avec elle et donc, je n'avais pas pu lui raconter tout ce qui se passait.

Abel bouge légèrement dans son sommeil puis, il finit par se tourner vers moi. J'ai maintenant la tête sur les oreillers, son visage juste devant le mien et si près que je peux sentir son souffle caresser mes joues.

Son autre bras s'accroche à ma taille tandis qu'il lâche un soupir, encore profondément endormi. Ses traits me paraissent plus fins et paisibles.

Ses lèvres légèrement entrouvertes, son petit nez tout mignon et ces sourcils qui bien que stressants, se raccordaient avec son visage typiquement masculin. Abel est vraiment beau.

Mais c'est toujours une tête de blatte. Une belle tête de blatte qui n'existe pas parce que une blatte est et restera moche même avec de l'highlither.

Je soupire doucement et passe un doigt sur ses sourcils. Bientôt ma main est enfoncée dans ses cheveux crépus.

Pour la première fois de ma vie, malgré le fait que je sois mal, je me rends compte que la présence d'Abel même endormi, est l'une des plus apaisante.

Il m'énervait presque tout le temps mais j'étais indéniablement attachée à lui et sûrement incapable de le laisser partir.

Serait-ce l'amour ? Ou une simple illusion ?

-Tu comptes continuer de me matter comme ça encore longtemps ? Abel marmonne d'une voix grave.
-Ferme là et continue de dormir. Tu es plus beau comme ça.

***
Il est seize heure et je fixe mon téléphone sans oser l'ouvrir. Le dernier message que j'ai reçu vient de tante Perla et son contenu me tord les entrailles.

De tante Perla
J'ai pu retrouver ta mère. Elle est d'accord pour te voir ce soir. Appel moi.

Le message est court mais claire.

J'ai retrouvé ta mère.

En dehors du profond trouble qui anime mon être, du stress me fait trembler et des interrogations qui encombrent ma tête, je ne peux pas ignorer la joie d'enfin pouvoir mettre un visage sur ma génitrice.

J'étais toujours assise sur le bord du lit, penchée sur mon téléphone en charge.

À tante Perla.
D'accord, je suis libre ce soir. Disons vingt heure au dinner sur la nationale ?

L'appareil regagne sa place avant que je me laisse tomber sur le matelas en me cachant les yeux avec un sourire.

Abel à moitié allongé juste derrière moi, lâché un petit rire. La fumée de son joint vient jusqu'à moi. Je roule sur moi même pour lui faire face.

Mes joues entre mes mains, je fixe Abel en laissant mes pensées divaguer. Ses yeux ont rapetissé et il a l'air complètement... défoncé et j'ai envie de me sentir comme ça aussi.

C'est exactement pour ça que je le rejoins à quatre pattes pour lui tendre les lèvres.

Il m'embrasse furtivement puis recule avec un sourire stupide. J'ai envie de le frapper.

-Pas ça espèce de drogué, je lâche blasée.
-C'est méchant ça, il répond en rigolant. Je savais pas que tu en voulais vu que tu ne fumes quasiment jamais.

Je lève les yeux au ciel sans pouvoir retenir un sourire. Abel me tends alors le joint. Dès la première inspiration, je tousse bruyamment sous ses gloussements. Je tire une deuxième puis une troisième fois puis repousse sa main.

-Déjà ? Ok ok, il dit en haussant les épaules. Maintenant, est-ce je peux savoir ce qui te met dans cet état ?
-Tante Perla a retrouvé ma mère, je réplique presque tout de suite.

Je ne peux exactement dire ce qu'il en advenait de l'expression faciale d'Abel. Il semblait en pleine réflexion.

-C'est bien ça, il dit simplement en rallumant son joint. Comment tu te sens ?

Je réfléchis quelques instants. Je me sens toute flottante et mon esprit aussi flotte je pense.

-J'en sais rien. La maintenant je suis stressé, je commence. Mais je suis tellement heureuse et impatiente que ça me donne presque la migraine.

Je ponctue mes mots en me laissant presque tomber sur lui. Ce dernier ayant anticipé, m'a ouvert les bras en prenant le soin d'éloigner son joint.

-Tu vois, c'est tellement bizarre. Là, je le gère bien mais je pourrais piquer une crise une fois là-bas, je continue.
-Tant que tu ne tue personne, il jette son joint dans le demi verre d'eau posée à son chevet. Tout va bien se passer. Tu dois juste te détendre. Ça peut ne pas être si mal que ça après tout.
-T'inquiète pas, là je suis parfaitement détendu, je marmonne en fermant les yeux.

Son rire fait trembler son torse. Je suis vraiment une faible. Comment une si petite quantité peut me mettre out ?

On continue de parler, du moins à essayer mais après des échecs fulgurants, le silence se réinstalle.

-Imagine c'est tante Perla ?

***