LVII

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CHARLI MEYER
LAS VEGAS

Je connais Abel comme ma poche.

C'est exactement pour ça que le soir même, après que les filles ce soient endormies aux alentours de deux heures du matin et qu'il m'avait demandé de l'accompagner quelque part, j'ai su que c'était une mauvaise idée.

Pourtant je l'ai suivi.

Et nous voilà entrain de poser des traceurs dans le réservoir à essence de Karrueche.

-Tu es sûr que c'est une bonne idée ?  Je grimace tandis qu'il ouvre la voiture avec une clé passe-partout.
-Une excellente même. Viens voir un peu ici, il me répond sans ciller.    

Il ouvre le réservoir et reculera pour me laisser la place. Je m'assois sur le siège conducteur tandis qu'il va a  arrière de la voiture.

Si vous fouillez dans une voiture, regardez sous le siège. Vous ne trouverez rien. Regarder plutôt sous le tapis et la parois basse du siège.

Ces cachettes sont simples mais se compliquent dès qu'on en modifie un peu le contexte.

Je glisse ma main sous le siège, palpe un peu contre le siège avant de sentir la texture du scotch. Bingo.

Ces trucs sont impossibles à retirer bordel. Quand j'y arrive enfin, une petite boîte tombe entre mes main. Je ne l'ouvre pas tout de suite et la pose sur l'autre siège.

Je soulève le tapis et passe mes mains sur la doublure. Il ne faut que quelques secondes pour sentir une inégalité. 

Alors que je commence à me concentrer dessus. Le tintement de l'ascenseur résonne dans tout le parking.

Merde !

Je sors de la voiture avec la petite boîte et reste immobile quelques instants en regardant Abel. Des talons et une voix féminine résonnent plus loin.

-On se casse ! Abel s'exclame silencieusement.

Il faut quelques secondes à Abel pour refermer la voiture puis, à pas de loups, presque sur la pointe des pieds, on traverse l'allée pour rejoindre l'autre rangée de voiture.

On reste à couvert et regardons Karrueche avancer et déverrouiller sa voiture. Elle reste immobile quelques secondes, inspecte de ses yeux légèrement bridés les alentours puis monte dans sa voiture.

Bordel on l'a échappé belle.

-Putain de merde, je soupire de soulagement en m'adossant contre la  voiture derrière laquelle nous nous cachons.

Abel reste silencieux quelques instant. Putain non.

-Non mec, je commence.
-Ramène ton cul, il lâche en allant vers sa voiture garée plus loin.

On repars en voiture cette fois en suivant Karrueche. Je le sens pas du tout mais alors pas du tout.

-Pourquoi tu stresses autant ? Abel demande en ricanant.
-Pourquoi toi tu stresses pas quand il faut ? Je réplique un peu plus fort en me tenant la tête.  Si on se fait prendre, on défonce toute la couverture des filles.
-T'inquiètes pas, il va rien se passer, il dit en claquant la langue.
-Bordel mais il se passe toujours un truc quand on fait ce genre de plan foireux !
-Bon okey. Prend un coups de whisky et tu vas mieux te sentir, il lâche en balayant ma remarque d'un revers de la main.

J'ai envie de le taper mais je prends quand même la bouteille. Bordel il a toujours des remontants dans sa boîte à gants. Cependant je ne rate pas la boîte à préservatif encore fermée au juste à côté.

Personnellement jamais je laisserai un truc du genre dans ma caisse avec une psychopathe comme Charlie.

Cependant, cela me donne l'occasion de faire ce que j'aime le plus : lui rire au nez.

-Uuhh des préservatifs. Encore fermé en plus, je chantonne avec un petit rire. Toujours couverts pour toutes les occasions. Même les mauvaises.
-Ferme là. Elle est ici depuis un bon bout de temps et j'en ai pas besoin, il dit calmement mais avec un sourire en coin. Attendez donc ... Oh le salopard.
-Oohhh, tu kiffes sans supplément alors ? Je renchéris en m'agitant.
-T'es pas censé être stressé toi ?! Il me demande blasé.
-Non, je prends une bonne rasade se whisky puis lui tends la bouteille. Surtout pas avec des scoops comme ça.
-Pour aller tout raconter à ton amoureuse n'est ce pas ?
-Naturellement. Pas toi ?
-Je raconte pas tes problèmes de  trou du cul à Bloom, il répond en levant les yeux au ciel.

Le rire goguenard qui m'échappe lui fait lâcher un juron. Oh Abel, tellement manipulable.

-Alors c'est ton amoureuse. Oh mais que c'est mignon, ma voix est ridicule.
-T'es un enculé Meyer, il grommelle en avalant une autre gorgée.

Je lâche un rire guttural. L'angoisse d'Abel face à la tournure de la discussion est flagrante. Ses mains serrent plus fort le volant au point que ses jointures deviennent blanches et sa mâchoire se serre légèrement.

Il ne pouvait voir comment il la regardait avec des yeux de chiot, comment il la touchait comme ci sa peau était de la soie, comment il l'embrassait comme ci il n'allait plus jamais la voir.

Si Abel ne voyait pas, moi je lui dirais. Il peut compter sur moi.

-Du calme Cendrillon, je vais plus heurter ton coeur sensible, je marmonne un peu provocateur.
-Mais ou est le rapport ? Il demande en fronçant les sourcils.

Je reste silencieux juste le temps de le voir prendre la nationale deux minutes après Karrueche. Mais ou elle va celle là ?

-C'est simple. Les hommes assument ce qu'il ressentent et ne fuit pas l'amour comme des idiots. On est pas dans un des roman que Lana lisait quand elle avait seize ans, j'explique en m'avachissant un peu plus dans le siège.
-Tu vas me dire que toi tu n'as pas eu peur avec Charlie ? Bah tiens c'est-
-Bien sûre mais il suffit juste de se laisser aller. C'est comme un orgasme mais en plus long.

Je suis fière de ma métaphore surtout lorsqu'elle cloue le bec à cet idiot.

-Elle t'aime, c'est différent, il soupire.

Je m'apprête à lui servir mes observations lorsque mes yeux passent furtivement dans le rétroviseur. Je crois mal voir puis me penche un peu plus pour en avoir le coeur net.

Putain de bordel de merde. C'est la voiture de course d'Abel et si je vois bien, c'est Bloom et Charlie à l'intérieur. J'ai à peine le temps de le dire que la voiture de Karrueche prend le virage dans un motel.

Abel lance un regard dans le rétroviseur et jure à son tour.

-C'est la catastrophe.

Pour une fois, on le dit en synchronisation et c'est vraiment le cas.

Il manquait plus que ça.

ℙ𝕆𝕊𝕊𝔼𝕊𝕊𝕀𝕆ℕ 𝔹𝕐 𝕆𝔹𝕊𝔼𝕊𝕊𝕀𝕆ℕOù les histoires vivent. Découvrez maintenant