Breel Embolo x Denis Zakaria: "Je vais mal."

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Pdv Breel:

Je vais bien. Malgré tous les problèmes et toutes les merdes que j'ai, je vais bien.

Enfin... c'est ce que tout le monde pense. Du moins, c'est ce que j'essaie de faire croire.

En réalité, jamais ma vie n'a aussi mal été. Et surtout, jamais moi je n'ai été aussi mal.

Les problèmes s'accumulent et moi je vais bientôt couler. Mais je dois faire comme si rien ne n'atteignait. Je ne veux pas qu'on s'inquiète pour moi.

Cela fait bientôt un an que je me suis séparé de ma femme. Tout allait bien, on s'entendait plutôt bien. Mais c'est derniers temps, plus rien ne va entre elle et moi.

Tout ce que je fais ou dit l'énerve, elle ne veut plus rien avoir à faire avec moi. Et j'ai peur de ne bientôt plus pouvoir voir ma fille, mon tout.

Si elle m'élève la garde pour aucune raison, je ne m'en remettrai jamais. Jamais je ne pourrai vivre sans mon enfant.

Ma grand-mère est sur le point de mourir. Elle compte tellement pour moi, c'était ma confidente, ma meilleure amie. Je l'aime et ça me fait mal de savoir qu'elle va partir.

Mais le pire n'est pas le fait qu'elle va me manquer. Parce que je sais qu'elle sera mieux une fois partie. Elle ne peut plus vivre dans un tel état.

Non le pire, c'est ma mère. Elle est détruite par la situation. Elle n'est plus qu'un zombie, elle boit trop pour oublier, elle n'a plus envie de rien.

Je sais qu'elle ne fera pas de connerie comme se suicider. Mais j'ai peur qu'elle parte en dépression. J'ai peur pour sa santé mentale.

Tout ça, je l'ai dit à mes coéquipiers. Enfin, je ne leur ai pas tout dit, ils ne sont pas obligés de tout savoir. Mais le principal, ils le savent.

Ils veulent m'aider, tous. Mais je leur fait croire que je vais bien. Je n'ai absolument pas envie qu'on s'inquiète pour moi ou qu'on m'aide. Et tous me croient.

Le seul qui sait absolument tout, c'est Denis. Mon coéquipier en national et en club. Mon meilleur ami. Je ne dirais pas mon frère, c'est différent avec lui. Je l'aime énormément, mais pas comme un frère.

Il sait tout, et il me connaît par cœur. Mais même avec lui, je fais semblant d'être heureux. Pourtant il est plusieurs fois venu vers moi, me disant qu'il remarquait mon mal-être. Mais je continue de lui dire que ça va.

Il n'insiste jamais. A la place, il essaie toujours de me faire faire des activités pour me changer les idées. En tout cas, il ne me laisse presque jamais seul.

Depuis ma séparation, lui et moi on est en colocation. Étant tous les deux célibataires, on a trouvé ça plus simple et surtout mieux pour nous. Et une semaine sur deux, on garde ma fille, ensemble.

On est un peu comme un vieux couple mais sans l'amour. Et ça me fait du bien. C'est certainement ce qui me tient debout.

Justement, le voilà qui rentre.

- Hello!

- Hey, ça va?

- Ouais et toi?

- Bah ouais, je suis resté à la maison toute l'après-midi. T'as fait quoi?

- J'étais boire un verre avec Pléa. Tu sais, il s'inquiète vraiment pour toi.

- Je vais bien.

- Écoute, lui il ne sait pas tout. Mais moi je sais. Et je sais que c'est impossible de bien aller dans de telles circonstances.

- Mais putain, si je vous dis que ça va c'est que ça va. J'ai un métier de rêve, des amis en or et une fille incroyable. Explique moi comment je suis censé être malheureux?

- Oui bah tes amis en or ils ont peur pour toi.

- Et bah ils n'ont aucune raison de s'inquiéter.

- Si tu le dis...

- Bon, on mange quoi ce soir?

- Je sais pas, asiatique ça te vas?

- Oh ouais! On a qu'à faire des nouilles avec du poulet.

- Aller.

Après un bon repas, on se pose sur le canapé et on lance une série.

Je ne sais pas pourquoi, mais je n'arrive pas à arrêter de penser à ma grand-mère. Et en pensant à elle, une larme coule. Je ne la maitrise pas.

Je la chasse le plus vite possible, ne voulant surtout pas que Denis la remarque. Mais je crois bien que c'est loupé.

Celui-ci se lève et éteint la télévision. Il se met devant moi et me fixe.

- Bon maintenant ça suffit! Arrête de te voiler la face! Tu vas mal et tu le sais! Alors dit le!

- Je ne vais pas mal!

- Ah ouais, et tu pleure pourquoi alors?

- Des allergies.

- N'importe quoi! T'as pas d'allergies, je te connais suffisamment bien pour savoir ça! Donc arrête de me mentir et parle moi, s'il te plaît.

- J'ai rien.

- MAIS PARLE PUTAIN!

Je le regarde, les yeux grands ouverts. Je rêve ou il vient de me crier dessus? J'ai besoin de tout sauf qu'on me crie dessus. Je baisse la tête, blessé. C'est réellement comme ça que je me sens actuellement.

- Je... pardon. J'aurais pas du crier.

- Mais tu l'as fait.

- Je sais. Mais comprends moi. Je veux t'aider. Moi aussi je suis malheureux quand tu es malheureux. Et j'aime pas te voir comme ça. Tu faire croire que tout va bien mais c'est pas vrai du tout. Alors que tu mentes aux autres, d'accord. Mais pas à moi, s'il te plaît. J'ai besoin que tu me fasses confiance.

- Je veux pas qu'on s'occupe de moi. C'est mes problèmes, je ne dois pas t'embêter avec ça.

- Mais en me mentant, tu m'embête bien plus que si tu disais la vérité.

- Tu veux vraiment que sois honnête avec toi?

- Oui, s'il te plaît.

- Je vais mal.

Il se rassoit sur le canapé et me prend délicatement la main. Il me laisse parler, il sait qu'il ne faut pas me couper.

- Je supporte plus cette situation. Et les seules choses à part mes amis qui me rendent heureux, je suis en train de toutes les perdre. Elle va tellement me manquer. Ma mère va mal. Et si on...

Ma voix se brise. Je me met à pleurer. J'en peux plus.

- ... Si on m'élève ma fille, je sais pas ce que je vais faire, je sais pas ce que je vais devenir.

- Mais on va pas te l'enlever. A deux, on sera suffisamment fort pour la garder.

- Je veux pas te mêler de mes affaires!

- Écoute, t'es mon meilleur ami, mon coloc. T'es certainement la personne la plus importante à mes yeux. Alors je ne te laisserai pas tomber et je t'aiderai à garder ta fille.

- C'est vrai tout ça?

- Évidemment que c'est vrai. Je ne veux que ton bonheur. Alors je vais t'aider à le retrouver.

Je le regarde avec admiration remerciement. Lui me regarde avec tendresse.

Je n'arrive pas à dire autre chose que:

- Merci.
___
Ce chapitre, c'est un résumé de ma vie mais version père de famille. Alors s'il vous plaît, dites moi ce que vous penser de ce chapitre, ça me tiens vraiment à cœur.
Évidemment qu'il n'est pas fini. Alors la suite sera pour dimanche prochain!
Bisous <3

OS foot CHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant