¤ Loïc Nottet - Mr/Mme ¤
Le premier jour passa lentement. Très lentement. Je passai ma journée à observer les allers et retours des lycéens en ayant l'étrange impression d'être hors de ce ballet organisé à l'aspect inverse. Je les voyais, j'y étais parfois confronté mais j'étais hors du temps, dans ma bulle. Je n'étais pas à ma place là où je devrais l'avoir et je m'effaçai doucement au profit d'un robot. Je sentais les mains parfois baladeuses de Sacha se faufiler sous ma veste pour caresser mon dos comme si elle voulait me remonter le moral. C'était les seuls moments où mon esprit se rebellait et je me figeai d'appréhension dans l'attente de voir jusqu'où elle pousserait la limite. J'étais prêt à lui sauter dessus au moindre faux-pas mais elle n'en faisait aucun. Elle restait distante en étant proche. Un art qu'elle maniait à la perfection et dont j'étais la victime à mon insu.
Le soir en rentrant chez moi, ma mère m'attendait avec un grand sourire qui s'effaça rapidement quand elle vit mon pas traînant.
– Lucas ? Qu'est-ce qui ne va pas, mon chéri ?, s'inquiéta-t-elle.
Je secouai la tête, pas prêt à tout lui déballer. Je ne voulais pas l'y mêler. Je finirais par trouver une solution. Il le fallait bien.
Mais toute tête de mule qu'elle était, elle me dépassa d'un bond pas et se planta droit devant moi et du haut de sa stature, me questionna :
– Qu'est-ce qu'il se passe ? Dis moi, sinon tu seras privé de dessert ce soir.
Je souris, amusé de sa punition. Elle et moi savions parfaitement qu'elle ne le ferait pas mais je cédai quand-même. J'étais si... épuisé et pourtant ça ne faisait qu'une seule journée. Si je ne voulais pas la confronter aux conneries qui me tombaient dessus, j'avais aussi besoin de quelqu'un.
– Il y a une fille...
Elle leva les yeux au ciel directement après ma phrase.
– Ça s'annonce mal, trancha-t-elle.
– Je n'ai même pas encore commencé, m'amusai-je.
Katherine était ainsi : pleine de vigueur, un visage en cœur, elle l'avait dans les mains et était prête à tout pour les êtres aimés. Elle donnait de sa personne à tous ceux qui en avaient besoin et faisait sourire par son franc parler et ses remarques. Ma maman était une femme en or et rien ne me ferait dire le contraire.
Elle roula des yeux et m'incita d'un geste vague de la main à continuer.
– Elle fait une fixette sur moi.
– Comment ça ?
– C'en devient malsain, maman. C'est une horreur et je ne sais pas comment me détacher d'elle.
– Oh mon Lucas..., souffla-t-elle, émue. On va tous les deux aller voir la police et raconter ce que cette fille te fait.
D'un bond, je me reculai comme si elle m'avait brûlée de son regard aimant.
– Non ! On ne peut pas, maman. Je n'ai rien contre elle.
– Mais elle, oui ?, demanda-t-elle, dubitative.
Je baissai la tête, pas fier.
– Ouais. Elle a un enregistrement de moi et Zea.
– Il dit quoi cet enregistrement ?
Je soufflai, défait.
– On nous entend, lui et moi, parler de ce plan foireux qu'on avait mis en place.

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Powerless
RomanceL'amour, vous devez connaître. Vous savez, ce sentiment libérateur qui nous prend au ventre, ce sentiment qui nous fait ressentir ces papillons ? Ces frissons qui nous dévalent l'échine, parcourent notre peau, bouffent nos pensées jusqu'à ce qu'il n...