67 : Fuyez le monstre sorti du placard

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¤ FRIENDS – Marshmello and Anne-Marie ¤

- Okay mon pote, toi et moi, on a à causer.

Je sursautai. Appuyé contre le mur à la sortie du lycée ( pour une fois qu'il faisait beau ), je mangeais mon sandwich à demi. Je n'avais pas faim et le regard peu avenant auquel j'avais eu droit de la part de mes amis n'avait pas arrangé mon appétit. En fait, dès que j'avais aperçu la silhouette de mon ancien meilleur ami, mon estomac s'était noué et je n'avais plus été capable de manger. C'était à peine si j'avais pu boire. Il avait la peau sur les os, la peau cireuse, les cernes prononcées, les joues creuses et semblait à peine tenir sur ses pieds. Il était dans un pire état que le mien, à vrai dire. Et ça me déchirait de savoir que tout cela était de ma faute.

- Qu'est-ce que tu vas faire avec Sacha ?

- Quoi ?

Je clignai des yeux tel un demeuré. Trevor me parlait vraiment ? Il m'adressait réellement la parole ?

- Sacha, conversation. Quoi toi faire ?, articula-t-il exagérément.

Je soupirai en posant mon sandwich. Il était à peine entamé mais j'avais l'estomac trop noué pour avaler quoique ce soit de plus.

- Je n'en sais rien.

- Tu vas recoucher avec elle ?, demanda-t-il avec calme, comme si rien ne l'atteignait.

Je sursautai.

- Quoi ?! Non !

- Je n'en sais rien. Tout à l'heure, c'était clairement ce qu'elle sous-entendait avec ses mimiques et son langage corporel et toi tu ne l'as pas repoussé. A vrai dire, tu n'as même pas réagi.

Il me lança un regard en coin, attentif à ma réponse.

- Non, j'étais trop...

- Bourré ?

- Peut-être.

J'abusais de la boisson et en quantité, peut-être était-ce en effet la raison du pourquoi je n'avais réagi à rien.

Il soupira en secouant la tête de droite à gauche comme s'il était dépité. Je n'y prêtai pas attention et bus à ma gourde. Le regard lourd qu'il me lança par-dessus son téléphone en disait long mais je n'en avais rien à faire. J'étais au fond du trou et trop mal pour m'en préoccuper. L'image affligeante de Zea tournait en boucle dans ma tête et c'était comme si je recevais un coup de pied en plein estomac à chaque fois qu'elle passait devant mes yeux. Tout était de ma faute, je ne pouvais m'en prendre qu'à moi-même.

Finalement, alors qu'un silence étrange s'installait entre Trevor et moi, j'aperçus au loin les silhouettes familières de mes anciens amis. Et elles se dirigeaient vers nous. J'inspirai un grand coup en buvant plusieurs gorgées dans ma gourde. Je n'eus pas le loisir de la terminer que Trevor me l'arracha des mains.

- Hé, rend moi ça !

Ma langue était pâteuse et le coton familier dans lequel je tombais après un peu trop d'alcool m'accueillit chaudement. J'avais moins mal là où devait normalement se trouver mon cœur. Ça s'allégeait et j'avais l'impression de flotter dans un nuage de douceur. Mes pensées s'embrouillaient mais je m'en fichais. Je commençais tout juste à me sentir un peu mieux.

- Lucas ?

- Ophélie, comment tu vas ?, articulai-je difficilement.

Elle arqua un sourcil intrigué en se tournant vers Trevor.

- Il a bu plusieurs gorgées avant que vous n'arriviez. Je suppose d'ailleurs qu'il a dû en boire une grande quantité dans la matinée vu la taille de sa gourde. Elle est presque vide. Il est bourré.

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