7 : Non mais la mauvaise idée...

2.7K 202 47
                                    

¤ AC/DC : Highway to Hell ¤

Tomber amoureux ? Pour quoi faire ? Tomber simplement sur mon lit me suffisait largement.

Je n'étais jamais tombé amoureux, ni ai été attiré par une quelconque fille. J'ai toujours été distant avec mes relations : « Tu veux baiser ? Bah viens, je veux que ça ». Ça n'a été et ça ne sera toujours que de la baise. L'amour, ce truc cul-cul que toutes les filles rêvaient de rencontrer un jour me faisait vomir de dégoût. Je ne voulais pas de relation, je trouvais ça trop dur à gérer. M'imaginer surveiller par une fille h24, à l'affût du moindre faux pas pour me sauter dessus et me faire une crise de jalousie me faisait frémir d'avance. Et pas d'envie. Je ne voulais pas finir comme ça. Je tenais à ma liberté plus que tout, je ne voulais pas d'une sauvage qui faisait des caprices parce que je ne dépensais pas assez pour elle. Bon sang, rien que de voir les regards éperdus qu'échangeaient les couples entre eux me faisait grimacer. Comment pouvait-on avoir envie de tout cela ?

Et puis une fille quoi... Ces trucs chiants, qui parlaient trop, qui hurlaient à nous en casser les tympans, qui pleurnichaient pour tout et rien... Pour une nuit, oui, pour tout une vie, non.

- Vive le couple !

Et finalement, je m'étais retrouvé en couple. Ouais, moi, Lucas McCarter, éternel célibataire depuis sa naissance s'était finalement mis en couple. Et pas avec n'importe qui, s'il vous plaît ! Avec cet éternel grognon qu'était mon meilleur ami.

Dans quelle merde m'étais-je fourré encore ?

Sérieusement, personne ne m'avait prévenu que j'étais en couple avant que je ne me réveille cette nuit, la tête dans le cul, clairement, la gueule de bois, la tête lourde, le sommeil encore proche et les courbatures qui allaient avec. Et pourtant, après les quelques heures à dormir sur le parquet de ma chambre, la tête sur les genoux de Terminator, on me hurlait les félicitations d'usages pour cet « heureux » événement.

- Mais fermez là !

Apparemment, il n'y avait que moi qui était réveillé. Sous moi, mon oreiller d'une nuit ne bougeait pas et surtout, ne disait rien. Parce qu'après une bonne nuit à dormir par terre et à avoir bu comme un pochtron, Zea était bien plus grognon qu'à l'habituel. Et ce n'était pas une mince affaire, je pouvais le certifier.

- La ferme, bande de pute !

Ah si, finalement il venait de se réveiller. Grognant, pestant, gesticulant, Hulk me repoussa brusquement pour pouvoir s'étirer.

- Hé ! Dis moi si je te dérange, pestai-je.

- Tu me déranges.

Soufflant désespérément, je finis par m'asseoir, chassant les dernières ombres du sommeil et essayant par la même occasion de me rappeler dans quel pétrin je m'étais fourré.

Massant mes tempes délicatement, j'attrapais deux comprimés pour un descendre un, sans eau, bien trop migraineux pour me lever. Déjà que pour m'asseoir, j'ai cru me retrouver dans un grand huit la tête à l'envers mais alors debout, je ne préférais même pas imaginer le carnage.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé encore ?

Parce que, oui, bien qu'ils nous félicitaient en hurlant comme des cons dans tous les sens pour « le couple », je n'avais aucune foutue idée de ce qu'il s'était passé. Ou pourquoi j'avais accepté surtout.

- Il se trouve que vous êtes maintenant en couple tous les deux.

Je grognai de mécontentement, sachant très clairement quelle connerie m'avait amené dans cette « délicate » situation. Ouais, j'étais surtout au fond du trou, prêt à sauter dans une douche froide pour me sortir la tête de cette migraine. Bon sang, il fallait que je me douche.

- Putain, je sens le chameau, marmonnais-je.

- Tu pues du cul, tu sens le chameau, hi-ah hi-ah-oh, chantonna gravement Zea.

Fronçant les sourcils dans sa direction, je passai ma main sur son front pour chercher où était le problème. Était-il malade ?

Chassant ma main vivement, il se leva finalement après que je lui ai tendu son comprimé pour le mal de crâne.

- Bon expliquez-moi, soupira-t-il.

Mauvaise idée. D'un seul coup, ce fut le déluge d'explications, nous immergeant d'informations. Bien trop nombreuses pour nos têtes encore sous le coup de l'alcool, on grogna de dépit en nous bouchant les oreilles pour empêcher ce flux de paroles de nous écorcher vifs les neurones.

- Les mecs, calmez-vous, vous voyez bien que vous les rendez malades.

- Oh, merci ma chérie. Que je t'aime, soupirai-je de soulagement.

La voix de la sagesse cette bonne-femme. Si je détestais pas autant les relations de couple, je ferais d'elle ma femme et sur le champs.

M'essayant à l'épreuve ultime, je la réussis haut la main : debout sur mes deux jambes, je rejoignis mon frère de cœur sur mon lit, m'affalais dessus et enlaçais mon coussin passionnément.

- Le Saint-Graal, marmonnais-je d'aise, la tête enfouie dans ma taie confortable.

Puis inspirant profondément, puisant du courage dans ce que je pensais être l'odeur de mon amie Ophélie, je finis par murmurer :

- Bon, allez-y : que s'est-il passé ?

Le silence plana soudain, lourd et désagréable. Me détournant, je vis Ophélie jeter un regard noir à Trevor et Blake avant de le détourner sur nous deux. Assis à côté de moi, Zea passait aléatoirement ses mains sur son visage, en proie au même mal de tête que moi. Pourtant, il ne disait rien, ne regardait personne. Il était plongé dans ses pensées et il semblait être à des années lumières de nous.

- Zea ?

Il prit une profonde inspiration en fronçant les sourcils puis revint parmi nous.

- Mmm ?

- La terre appelle Zea, je répète, la terre appelle Zea. M'entendez-vous ?

Les gars et Ophélie devant moi rigolèrent discrètement – pas tant que ça mais disons que c'était le cas – tandis que Terminator me fusillait du regard.

- Qu'est-ce t'veux ?

L'anglais et Zea, le matin et particulièrement après une bonne cuite ne faisait pas bon ménage.

- Ecoute un peu.

- Ouais ouais...

Navrant ce gars, vraiment.

- Bon, tu te souviens que tu as commencé à boire hier après-midi, commença Ophélie.

- Je crois que mon état le prouve bien assez, marmonnais-je.

- Ouais, c'est sûr. Zea t'a suivi, comme d'habitude. Puis vous avez commencé à sortir des âneries.

- Ça change pas à d'habitude, intervint le concerné.

- Plutôt oui. Enfin bref, vous avez commencé à divaguer en parlant d'un faux couple. Et c'est là que Trevor a eu l'idée du siècle, parait-il.

- Bien sûr qu'elle l'est !, la coupa le surfeur. C'est même la meilleure idée que j'ai jamais eu.

Passant ma main dans mes cheveux après m'être mis sur le dos, je soupirais en essayant de mettre mes idées en place.

- L'idée était que l'on soit en couple, Zea et moi, c'est ça ?

- Ouais, c'est ça, confirma l'abruti qui a eu cette idée.

- Je vois pas en quoi ça peut nous aider. A part rajouter de l'huile sur le feu...

- Mais si ! C'est pourtant simple ! Vous faîtes croire à tout le monde que vous êtes en couple et que vous avez finalement accepté de vous montrer et d'assumer. Et puis au bout de trois mois, c'est ce que j'ai dit je crois, vous « rompez » à l'amiable. Vous êtes toujours potes et tout le monde saura alors qu'il n'y a plus rien entre vous et que vous êtes que des potes.

- C'est complètement insensé, m'écriais-je.

Ce que je regrettais aussitôt, mon mal de crâne ne me rendant pas justice. Merde, ça allait être vraiment chiant ce mal de tête. Et encore plus dans cette situation...

PowerlessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant