74 : Allez coco, on se remet en selle !

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¤ Everybody Talks - Neon Trees ¤

La semaine fila entre mes doigts, coula doucement hors de ma poigne emportant avec elle le peu d'argent que j'arrivais à grappiller par-ci, par-là. Encore maintenant, je regrettais mon addiction à l'alcool qui m'avait fait perdre le peu d'argent que je pouvais avoir. Je n'étais que lycéen à la base et mon compte en banque ne se renflouait pas à volonté et cette foutue addiction m'avait fait perdre le peu que j'avais réussi à économiser et je vivais maintenant sur la précarité à tel point que j'en étais rendu à emprunter à Trevor. Je savais que pour lui, l'argent n'était pas un problème mais je me sentais toujours plus mal de lui en emprunter pour offrir monts et merveilles à mon futur copain.

Je lui offrirais tout ce que je pouvais et tout ce que je savais qui pourrait lui plaire mais je ne pouvais m'empêcher de continuer à m'acheter des bouteilles. Personne ne le savait encore et ma mère, chez qui je continuais à vivre, ne se doutait pas de la réserve que je me créais et cachais sous mon lit. Je buvais moins et essayais de réduire les doses mais comment réussir quand mon cerveau me suppliait de retomber dans les supplices de l'addiction. Tiraillé entre ma dépendance et ma raison, je tanguais dans le vide, traversant un passage étroit dans le labyrinthe qu'était ma vie.

Pourtant, si je pensais jusque-là conquérir à nouveau le cœur de mon meilleur ami et réussir à me faire pardonner, le tourbillon de rage qui me percuta au détour d'un couloir ne me conforta pas dans mes idées.

- Lâche-moi ! Laisse moi tranquille ! LAISSE MOI TRANQUILLE !, hurla-t-il dès qu'il m'aperçut.

Et pour appuyer ses propos, il me jeta à la figure le nouveau bouquet du rouge de cupidon, tremblant de rage. Abasourdi, je n'arrivais pas à comprendre les soudains hurlements moi qui croyais réussir dans mon plan de reconquête. Je m'étais apparemment trompé parce que si sa rage vindicative me frappa de plein fouet, ce qui me secoua le plus fut la douleur sous-jacente dans ses cris de colère.

Se détournant, ayant délivré le fardeau qui le pesait, il s'en alla, la démarche tremblante et tendu au point que les quelques lycéens qui avaient assisté à la scène s'écartèrent sur son passage fulminant.

- Qu'est-ce que tu as fait encore ?, m'apostropha Blake.

Le bouquet gisant à mes pieds et encore sous le choc de la réaction virulente de mon Hulk, je restai interdit tandis que je répondais par mécanisme.

- Je ne comprends pas.

- Va falloir m'expliquer parce que je ne comprends pas plus, tenta-t-il de me faire réagir.

Me détournant du chemin pris par Zea, je fis face à Blake qui attendait patiemment des réponses.

- Je lui offre pleins de cadeaux aux dépends de mon porte-monnaie et lui, tout ce qu'il trouve à faire c'est me jeter à la figure mes cadeaux.

Je fis la moue, déçu qu'il rejette aussi violemment mes cadeaux. Je pensais vraiment que ça lui plairait pourtant sa réaction me faisait comprendre le contraire. Je ne comprenais pas où j'avais foiré mais apparemment, le soupir dépité de mon ami face à moi me fit comprendre que lui, contrairement à ma petite personne, avait vu le problème.

- Tu essaies de te racheter tes tromperies avec des cadeaux ?

Disposé de cette façon, j'avouais avec peine que ça ne semblait pas très reluisant.

- Oui ?

Me frottant l'avant-bras, ma réponse semblait plus être une question qu'une affirmation.

Amusé, Blake secoua la tête en se moquant gentiment :

- Lucas, ça se voit que tu n'as jamais été dans une réelle relation.

- Généralement, les filles se contentaient de mes cadeaux de pardon si j'avais foiré.

Arquant un sourcil mécontent, il m'entraîna dans les couloirs en rouspétant :

- Tu retranscrit tes actions en te basant sur tes relations d'un soir avec des filles ? Sur Zea, un mec, avec qui tu veux avoir une vraie relation ?

De ce point-de-vue, ça semblait en effet déplacer.

- Je ne sais pas comment faire, Blake.

- Déjà il faudrait que vous mettiez à plat toutes ces tensions. Ça se ressent beaucoup trop.

- Mais il ne veut même ne serait-ce que m'accorder une seconde de son temps !, m'exclamai-je.

Je l'avouai, je me montrai mauvais joueur. Mais j'essayai de réparer mes erreurs et il ne me laissait aucune chance. Comment étais-je censé me rattraper dans ces conditions ?

- Tu es sérieusement en train de lui en vouloir ?, se rebiffa Blake en me jetant un regard en coin pendant qu'on remontait les longs couloirs du lycée.

Passant à côté d'une poubelle, je jetai le cœur serré mon bouquet de roses rouges à la poubelle.

- Et bien, oui. Je veux dire que j'essaie de réparer mes erreurs mais il ne me laisse aucune chance.

- Tu es culotté quand-même, rétorqua-t-il, presque méchant.

- Pardon ?

- Tu l'as trompé. Tu l'as fait souffrir.

- Merci de me le rappeler, grommelai-je, sarcastique.

- Ce que je veux dire c'est que tu t'attends à ce qu'il te pardonne comme ça, dans un claquement de doigt alors que tu l'as habitué à retourner ta veste dès le moindre problème. C'est normal qu'il ne veut plus avoir à faire avec toi. Tu comprends où je veux en venir ?

Mon cœur se pinça quand il me mit encore une fois le nez dans ma merde mais je ne bronchai pas.

- Oui je crois, soufflai-je.

Les mains dans les poches, je gardai les yeux baissés sur mes pieds.

- Mais je suis censé faire quoi ? Je ne sais pas quoi faire.

- Je ne peux pas te dire quoi faire à ta place.

Je soupirai, dépité et à court d'idée.

- Le meilleur moyen que tu aies pour le moment c'est que tu arrives à avoir une discussion avec lui pour lui faire comprendre ce que tu veux. Ne t'attends pas à ce qu'il te pardonne tout de suite mais fais au moins en sorte de lui faire comprendre que tu veux te racheter et que tu es prêt à faire beaucoup pour ça.

Acquiesçant mollement, je gardai les yeux perdus sur mes chaussures jusqu'à ce que j'acquiesce un peu plus franchement, maintenant remonté à bloc.

- Je ne sais pas quoi te dire de plus, Ophélie t'a déjà dit la même chose, se moqua-t-il.

- C'est vrai. Il semblerait que j'ai besoin qu'on me répète plusieurs fois la même chose pour que j'imprime, rigolai-je avec autodérision.

Il s'autorisa un petit sourire avant de s'éclipser me voyant déjà plus sûr de moi et de la marche à suivre. Piochant mon téléphone, j'allai directement dans mes messages pour lui envoyer un message concis mais clair.

Lucas :

J'ai bien compris que tu ne voulais pas me voir mais moi, j'en ai envie. Je veux mettre à plat tout ce que je ressens et me rattraper. Retrouve-moi vendredi prochain chez moi.

Simple mais efficace. Nous avions passé assez de temps loin de l'autre.

PowerlessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant