5 : J'suis pas bourré !

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¤ Try me de Tropkillaz ¤

« - Vous êtes en couple, c'est sûr.

- Avouez-le. Y a rien de grave à être gay.

- Vous êtes mignons, tous les deux.

- Tu sais Lucas, je trouve que vous formez un joli petit couple avec Zea. »

- Marre, marre et re-marre de ces conneries !, hurlais-je, furibond.

Il est vrai, et je l'avais dit, perdre mon calme n'était pas dans mes habitudes. De nature calme et patiente, j'étais toujours à sourire pour n'importe quelle situation.

Mais à cet instant, alors qu'un énième élève était venu nous voir, moi et Zea, mon poing était parti de lui-même. Sans même que je ne puisse calculer quoique ce soit, je m'étais retrouvé sur l'épaule de mon meilleur ami, me faisant balader comme un vulgaire sac à patate qui ne pesait rien, direction ma chambre avec ce connard de meilleur pote, Ophélie, Blake et Trevor. C'est ainsi que je me retrouvai à faire les cents pas dans ma chambre, la main fourrageant rageusement dans mes cheveux à la recherche du plan parfait pour faire arrêter ces putains de ragots.

Allongé sur mon lit, Zea s'amusait avec un coin de mon oreiller comme si rien ne l'atteignait. Bizarre, sachant qu'il était inclus dans l'histoire...

Sur son dos, allongée de tout son long sur lui, Ophélie se pelotonnait tout contre lui comme avec un gros nounours en fermant les yeux, amie ingrate qu'elle était. Rêvassant en tournant sur sa chaise, Trevor fixait bêtement le plafond, méditant sûrement. Blake, lui, était occupé à faire joue-joue avec mon tapis.

- Merde ! Quand comprendront-ils que nous ne sommes pas en couple ?!

- Ca va, Lucas, t'en fait pas, ça leur passera, souffla Trevor.

Je vis rouge. De suite après qu'il eut dit cette connerie, je l'empoignai par le col en le soulevant doucement du fauteuil de mon bureau.

- Ah ouais ? Tu crois ? Ça fait depuis la seconde que cette foutue histoire de couple est lancée. La seconde, Trev' !

- OK, OK, pas la peine de me secouer comme ça, j'y suis pour rien, plaida-t-il en levant les mains vers le haut, paumes vers le ciel, démontrant son innocence.

Brusquement, je le relâchais, le laissant s'affaler lourdement sur son siège. C'est vrai, il était innocent, m'en prendre à lui ne me servirait à rien. Mais j'avais tellement les nerfs, la rage contre ces abrutis ne voulant pas comprendre qu'entre Zea et moi, il n'y avait et aurait jamais rien de plus qu'une amitié. Je n'étais pas gay, et lui non plus. Enchaînant conquête sur conquête, lui et moi étions tout ce qu'il y avait de plus hétéro. Et rien que penser à l'embrasser... des frissons d'horreurs remontèrent le long de ma colonne vertébral en imaginant la scène : moi dans ses bras, les lèvres plaquées sur les siennes. Je n'avais rien contre les gays, lesbiennes ou autres. Mais sérieusement, rien qu'imaginer sortir un jour avec lui et l'embrasser me fichait les jetons. Rien qu'imaginer lui tenir la main me rebutait au point que l'envie de vomir se fit sentir au creux de mon ventre.

Je n'étais pas gay et sortir avec lui reviendrait à de l'inceste. C'était tout bonnement impossible.

Passant et repassant ma main dans mes cheveux, je repris une profonde inspiration pour tenter de me calmer. Jetant un coup d'œil à Hulk, je le vis tortiller le tissu de mon oreiller entre ses doigts fins. Et Ophélie qui dormait tranquillement sur son dos comme si ce n'était pas l'apocalypse de ma réputation de tombeur.

Merde, il me fallait de l'alcool. Ouvrant l'un de mes tiroirs à la va-vite, je débouchais une bouteille de vodka sous le regard intrigué de Blake et en but une longue rasade. Le liquide ambré me brûla la gorge et je me raclais la gorge. Je poussai un soupir abattu avant de m'asseoir, bouteille à la main et tête en vrac. J'étais bon à me bourrer la gueule jusqu'à ne plus pouvoir tenir debout.

PowerlessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant